Russel Bouchard, le 21 juin 2008, journée des Autochtones canadiens, en train d'expliquer l'importance de respecter la mémoire des Métis et rendant hommage aux ancêtres dont les mânes reposent dans la fosse commune des Indiens de Chicoutimi, au cimetière Saint-François-Xavier.
La communauté métisse en crise /
L'historien Russel Bouchard « tassé »
Louis Tremblay
LE QUOTIDIEN CHICOUTIMI
10 décembre 09 -
La Communauté métisse du Domaine du Roy et de la seigneurie de Mingan traverse une profonde crise qui risque de la faire disparaître. L’organisme se dissocie de l’historien Russel Bouchard qui a réalisé toutes les recherches pour alimenter la bataille juridique visant l’obtention d’une reconnaissance officielle de l’État en vertu des dispositions constitutionnelles sur les peuples autochtones.
Au cours des derniers jours, des membres de la communauté ont contacté LE QUOTIDIEN pour dénoncer le comportement des dirigeants qui ont choisi d’écarter l’historien de la démarche devant les tribunaux. Ces critiques concernent plus spécifiquement Jean-René Tremblay, le chef du groupe, ainsi que les administrateurs André et René Tremblay qui auraient choisi, sans soumettre l’affaire aux membres, de ne plus recourir aux services de Russel Bouchard alors que la cause doit être entendue en Cour supérieure.
Joint hier, le principal intéressé a confirmé l’information au QUOTIDIEN en affirmant qu’il n’avait plus le choix et qu’il devait tirer sa révérence. Russel Bouchard n’entend toutefois pas permettre qu’on le dépouille de ses recherches menées depuis quatre ans pour asseoir l’argumentaire devant les tribunaux. « J’ai toujours dit que j’allais être respectueux du fruit de mes recherches et de la vérité historique. Mon prochain livre sera percutant puisque mes recherches démontrent que les deux peuples ont la même origine et ça ne fait pas l’affaire des intrigants qui dirigent la communauté », explique l’historien.
Ce dernier est évidemment déçu de la tournure des événements et ne voudrait pas que cette histoire démoralise les membres de la communauté qui, comme lui, agissent de bonne foi et en fonction d’une quête identitaire conforme à la réalité historique. La déception de l’historien est accentuée par le fait que les procureurs des Métis ont déposé en Cour supérieure une requête en provision financière afin d’obtenir l’aide du gouvernement du Québec pour soutenir leur cause.
« Maintenant qu’il y a de l’argent à l’horizon et que quatre années de travail ont été faites pour constituer la preuve, on me dit qu’on ne me doit plus rien, que tout est terminé. Ce travail m’appartient et le juge doit tenir compte de cette réalité dans sa décision. »
Russel Bouchard ne fera pas de quartier. Il met en garde l’historien qui osera prendre la relève dans cette cause en s’appropriant son propre travail. LE QUOTIDIEN a contacté d’autres membres de la communauté qui désirent conserver l’anonymat. Ces derniers ne digèrent pas le traitement réservé à l’historien et entendent se manifester en temps et lieu.
Position surprenante
En plus de montrer la porte à l’historien, la communauté est intervenue auprès de Saguenay pour faire perdre à ce dernier un projet qui lui aurait permis de mettre en évidence tout le travail de recherche dans le cadre de « Saguenay, capitale culturelle 2010 ».
« Je me vois donc contraint de vous aviser qu’en raison du refus de la Communauté métisse, votre projet ne pourra recevoir de financement dans le cadre de Saguenay, Capitale culturelle du Canada 2010. Il ne s’agit pas là d’un jugement sur la qualité de votre travail », écrit le fonctionnaire LucMichel Belley, dans une lettre adressée à l’historien.
Dans une missive émanant de la Communauté métisse, il est écrit que le projet de M. Bouchard est refusé. L’organisme signifie à la ville qu’elle mettra de l’avant le projet intitulé « Le peuple oublié ».
Il se trouve que le projet en question porte le même titre que l’un des livres de Russel Bouchard. Sur cet aspect du litige, l’historien affirme qu’il ne se laissera jamais dépouiller de ses ouvrages et encore moins du contenu de ses travaux.
Louis Tremblay
Le Quotidien
jeudi, décembre 10, 2009
vendredi, juin 05, 2009
Le pouvoir autochtone au féminin : l'expérience de l'Ilnue Marjolaine Étienne, un exemple à suivre
Voilà un texte (ci-bas) qui devrait inspirer l'ensemble des Peuples autochtones du Québec, et plus particulièrement les communautés métisses qui sont engagées dans un travail de reconstruction sans précédent dans l'histoire de l'Autochtonie des trois Amériques. Je ne le dirai jamais assez : les communautés métisses du Québec doivent impérativement se structurer, sur le plan politique, en prenant appui sur la tradition autochtone, ou il n'y a aucune nécessité pour elles de voir le jour.
Que les chefs, qui ont tendance à vouloir éradiquer toutes contestations dans leur propre communauté, comprennent qu'ils ne seront jamais là tout le temps et qu'ils ont, eux-aussi, intérêt à faire en sorte que les pouvoirs politiques dont ils sont les gardiens n'appartiennent jamais à quelques individus qui mêlent leurs ambitions personnelles dans celles du groupe.
Dans ce sens, le travail exceptionnel du Conseil des Femmes de Mashteuiatsh est à prendre en considération. Cette belle réussite que je salue personnellement, devrait nous faire réfléchir sur le travail qu'il nous reste à faire pour nous mériter, en tant que Métis(ses) le respect de tous les autres qui ne partagent pas notre mémoire identitaire, nos combats et nos rêves.
Russel-A. Bouchard
Photo ci-haut : Plume d'aigle et chemin rouge, symboles autochtones de la force de l'union et de l'amour.
Photo ci-bas : Martine Moissette, Conseil des Femmes métisses de la Boréalie
Texte de Marie-Ève Maheu,
Publié dans Le Devoir des 7 et 8 mars 2009
Cahier G.
Une première historique pour Marjolaine Étienne, de Mashteuiatsh
Vice-chef du conseil des Montagnais du Lac-Saint-Jean, Marjolaine Étienne fait partie des 86 femmes élues des conseils de bande du Québec et du Labrador. Elle siège en leur nom depuis 2006 au Conseil des femmes de l'Association des Premières Nations (APN). Quoiqu'elle ne l'avoue que du bout des lèvres, Marjolaine Étienne est en train de changer le visage féminin du pouvoir autochtone, un pas à la fois.
Lorsqu'elle a été choisie pour siéger au Conseil des femmes de l'APN, Marjolaine Étienne a vite compris qu'elle ne pouvait représenter fidèlement l'ensemble des femmes du Québec et du Labrador. «Je n'avais personne derrière moi, se rappelle-t-elle. Il n'y avait aucune structure de soutien pour me permettre de diffuser l'information que je recevais ou d'échanger sur des questions d'ordre national avec d'autres femmes élues.»
Elle fait part de ce problème à la table des chefs de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL). Ceux-ci acceptent alors de créer un groupe de travail pour trouver des solutions et faire en sorte que les femmes soient mieux représentées.
«Comme femmes, on doit profiter de l'occasion qui nous est offerte d'être présentes de manière forte et articulée, défend Marjolaine Étienne. Par nos idées et nos points de vue, on peut avoir un impact sur l'avenir des Premières Nations.» Ce discours est celui d'une femme qui, il y a sept ans, n'aurait jamais cru faire de la politique.
Avant de faire le saut, elle a notamment travaillé comme professeure et animatrice de loisirs dans la communauté de Mashteuiatsh. «En 2002, mon père est venu me voir et m'a dit que c'était le temps pour moi d'aller en politique. Je lui ai répondu que je n'y connaissais rien. Il m'a dit que j'allais apprendre et c'est ce que j'ai fait. Peut-être a-t-il pensé que c'était le moment pour les femmes de prendre leur place?»
Peu à peu, elle a pris de l'assurance. «Je n'avais pas confiance en moi au départ, mais les gens ont voté pour moi. J'ai alors compris que j'avais quelque chose à apporter dans les sphères décisionnelles. J'ai une vision de femme et de grand-mère également. J'espère pouvoir améliorer les conditions de vie de ma collectivité.»
Pas à pas
L'automne dernier, le groupe de travail de sept femmes élues -- représenté par Marjolaine Étienne -- a organisé un grand rassemblement réunissant toutes les femmes élues du Québec et du Labrador. «Une première historique!», souligne Mme Étienne avec enthousiasme. «Ça nous a permis de nous apercevoir que nous ne sommes pas seules dans notre coin à travailler. Il y a d'autres femmes comme nous qui ont un intérêt pour la politique, et on est certainement plus forte ensemble!»
Cette rencontre de deux jours a permis de dégager les grandes préoccupations des femmes élues de l'APNQL. Parmi ces préoccupations, il y a notamment le sous-financement de l'éducation, le manque criant de logements dans les réserves, la perte de la culture autochtone et l'avenir des jeunes, qui ont un important poids démographique dans les collectivités.
Une autre grande préoccupation soulevée lors du rassemblement porte sur la modification de la Loi sur la protection de la jeunesse, note Mme Étienne. Désormais, un enfant de moins de deux ans qui est placé depuis un an en dehors de sa famille doit le rester jusqu'à sa majorité. «En tant que femmes élues, et femmes d'abord, ça signifie la perte de la culture de nos enfants, de leur identité, de leur langue ainsi que des liens intergénérationnels et familiaux. Selon nous, ça mérite d'être discuté et modifié. Il y a sûrement des actions qui peuvent être envisagées pour rapatrier nos enfants dans nos collectivités.»
Pour Mme Étienne, le rassemblement tenu l'automne dernier a aussi été l'occasion de promouvoir le réseautage entre femmes élues des diverses collectivités. «On peut partager notre expertise, mettre nos idées en commun et échanger sur nos bons et mauvais coups.»
D'ailleurs, le groupe de travail de femmes élues de l'APNQL désire offrir davantage de soutien aux femmes en politique. Elles veulent ainsi maintenir, voire augmenter, leur nombre. Pour y arriver, le groupe planche notamment sur une formation qui serait destinée à celles qui désirent développer leur leadership ou qui songent à se lancer en politique. Cette formation serait offerte en collaboration avec le Centre de développement femmes et gouvernance. «Il faut préparer la relève», dit Marjolaine Étienne.
Un monde d'hommes?
Mme Étienne refuse de percevoir le système politique autochtone comme un monde d'hommes. «Sur 250 représentants élus, on retrouve tout de même 86 femmes, ce qui est bon», fait-elle valoir. Il faut cependant noter que, sur les 86, une seule occupe le poste de chef.
«Il y a un cheminement qui se fait depuis 2001, avec la création d'un Conseil de femmes au plan national, qui nous permet de transmettre nos préoccupations, poursuit-elle. Il y a aussi une ouverture de la part des chefs de l'APNQL pour donner une place aux femmes élues.»
À preuve, le groupe de travail de sept femmes planche maintenant sur la création d'un conseil de femmes de l'APNQL, avec la bénédiction des chefs.
«Après avoir pris le pouls des femmes élues, ce conseil pourra se donner une orientation et cibler des priorités. C'est important d'unir nos efforts sur les dossiers qui nous concernent pour mieux les défendre», conclut Mme Étienne. Le conseil des femmes de l'APNQL devrait voir le jour à l'automne 2009.
***
Collaboratrice du Devoir
mardi, juin 02, 2009
La danse au berdache, chorégraphie de Kent Monkman, au Musée des Beau-Arts de Montréal
Huile éponyme de George Catlin (1796-1872), Smithsonian, Washington.
BERDACHE, retenez bien ce terme que tous les peuples autochtones des trois Amériques (Indiens, Métis, Inuits) sont en train de remettre à l'ordre du jour, et non sans l'avoir rajeuni de la plus belle manière qui soit. Il a été inventé par les Français pour désigner ces êtres particuliers qui s'identifiaient au sexe opposé à leur sexe biologique, qui prenaient leurs habits et qui vivaient selon leurs codes sociaux. Chez les autochtones des trois Amériques (Indiens, Métis et Inuits), il fallait plutôt parler d'êtres aux deux esprits (2 spirited people). Et il n'y avait pas que des hommes puisque ce phénomène de civilisation se retrouvait également chez les femmes, mais en plus faible proportion.
Aujourd'hui, entrent indistinctement dans la catégorie du berdache et des êtres bispirituels, les transgenres, les transsexuel(les), les travesties, les intersexués sociaux, les hermaphrodites et les homosexuels des deux sexes.
Pour ceux qui s'intéressent à cette facette méconnue de la culture autochtone des trois Amériques et qui ont la chance de se trouver à Montréal cet été, il faut absolument faire le détour par le Musée des Beaux Arts de Montréal, 1380 rue Sherbrooke Ouest. Le spectacle se tient jusqu'au 4 octobre 2009
Russel-A. Bouchard
Chronique de :
JÉRÔME DELGADO
Le Devoir, 30-31 mai 2009
Entraînante, dansante même. Envoûtante, ensorcelante. Et intrigante, forte d'une dose mélangeant les sources et les références, les époques et les styles. Avec ses cinq écrans et ses ryth-mes endiablés, l'installation vidéo Danse au Berdache de Kent Monkman a de quoi semer l'émoi.
Du pow-wow dans l'air
C'est à un spectacle qu'on assiste, une chorégraphie, pour cinq danseurs, bien montée et fignolée par un fil musical, narratif, en crescendo. Ça commence avec le Sacre du printemps, de Stravinski, légèrement remixé et imprégné de chants et instruments amérindiens, ça se poursuit avec du techno et ça se termine avec la grandiloquence d'une musique très cinéma.
L'oeuvre qui prend racine au Musée des beaux-arts (MBA) pour les quatre prochains mois risque par contre de garder sa transe communicative bien secrète. Au sous-sol où elle se trouve, les visiteurs se font rares.
Entre rite et expression artistique, entre tradition et spectacle, entre hommage et critique, l'oeuvre met en scène le Berdache, un personnage ambivalent admiré chez les autochtones -- un travesti [sic *], selon notre vocabulaire courant. La danse qui le célèbre s'est surtout répandue dans les nations Sauk et Fox. La mise en scène, et en espace, de Monkman respire la fête. Il y a du pow-wow dans l'air.
Mais l'artiste natif de l'Ontario, lui-même d'origine crie, fait plus que rendre actuel et multimédia ce rituel ancestral. Il revisite le regard que les Blancs ont sur le Berdache et les cultures autochtones. Comme souvent chez lui, son commentaire repose sur ce que nous a légué un large pan de la peinture romantique en Amérique du Nord.
Sa Danse au Berdache tire son origine d'une huile éponyme de George Catlin (1796-1872), conservée au Smithsonian de Washington. Le peintre avait certainement été happé par la scène, mais elle lui avait aussi inspiré cette note: «L'une des coutumes les plus dégoûtantes et les plus inexplicables qu'il m'ait été donné de voir au pays des Indiens... et où il serait souhaitable qu'elle s'éteigne avant même qu'on puisse en attester encore davantage.» On regrette seulement que le MBA n'ait pas emprunté le tableau.
La confrontation Blancs-Indiens sur fond d'homophobie est au coeur de l'art critique et cynique de Kent Monkman. Un travail très éclaté (tableaux, films, performances...), basé sur l'histoire et faisant allusion à l'actualité, mais qui perd à l'occasion son tonus. Dans Salon Indien, une projection sur un tipi qui faisait partie de la Biennale de Montréal en 2007, l'homo-érotisation est trop appuyée.
Sacrifice
Danse au Berdache ne tombe pas dans ce piège. Même les écrans, en forme de peaux de buffle, sont subtils. Certes, le Berdache, qui se dandine sur l'écran du centre, est sexué, avec sa robe rouge transparente et ses talons hauts. Sauf qu'il se donne, et c'est très clair, en spectacle.
Le mélange des genres, des référen-ces, a du sens, plus que jamais. Que le guerrier danse aujourd'hui avec un parapluie ou sur du Stravinski illustre sa réalité: il est à la fois respectueux de ses traditions et imbibé de la culture de l'autre. En donnant un nouveau contexte, très actuel dans sa facture art contemporain, au Berdache, Monkman insinue que les enjeux propres à l'é-poque de Catlin n'ont pas nécessairement été enterrés.
Les rythmes et chorégraphies, le déhanchement du Berdache, le dispositif de l'ensemble des écrans et leur texture translucide, tout est fait pour nous entraîner dans la danse. On ne tapera peut-être pas du pied, il n'y aura pas d'excès, le musée imposant la retenue, mais quelque part, on est appelé à bouger. Or, on peut aussi rester impassible, spectateur passif dans le fond de la salle obscure. Et c'est là que réside, aussi simple soit-elle, la force de l'oeuvre. Ou on passe pour ce George Catlin, témoin curieux et épris d'ethnologie, mais qui refuse de passer le cap de sa première interprétation, ou on célèbre le personnage central, presque plus spirituel que charnel. Les Sauk et Fox admiraient ce travesti parce que c'était un signe du respect de la figure féminine. L'abandon de la masculinité devenait pour ainsi dire un sacrifice des plus honorés.
On a le choix: rester confiné à notre regard d'étranger ou se laisser séduire par la culture de l'Autre. Si les colonisés le font, pourquoi pas les colons?
BERDACHE, retenez bien ce terme que tous les peuples autochtones des trois Amériques (Indiens, Métis, Inuits) sont en train de remettre à l'ordre du jour, et non sans l'avoir rajeuni de la plus belle manière qui soit. Il a été inventé par les Français pour désigner ces êtres particuliers qui s'identifiaient au sexe opposé à leur sexe biologique, qui prenaient leurs habits et qui vivaient selon leurs codes sociaux. Chez les autochtones des trois Amériques (Indiens, Métis et Inuits), il fallait plutôt parler d'êtres aux deux esprits (2 spirited people). Et il n'y avait pas que des hommes puisque ce phénomène de civilisation se retrouvait également chez les femmes, mais en plus faible proportion.
Aujourd'hui, entrent indistinctement dans la catégorie du berdache et des êtres bispirituels, les transgenres, les transsexuel(les), les travesties, les intersexués sociaux, les hermaphrodites et les homosexuels des deux sexes.
Pour ceux qui s'intéressent à cette facette méconnue de la culture autochtone des trois Amériques et qui ont la chance de se trouver à Montréal cet été, il faut absolument faire le détour par le Musée des Beaux Arts de Montréal, 1380 rue Sherbrooke Ouest. Le spectacle se tient jusqu'au 4 octobre 2009
Russel-A. Bouchard
Chronique de :
JÉRÔME DELGADO
Le Devoir, 30-31 mai 2009
Entraînante, dansante même. Envoûtante, ensorcelante. Et intrigante, forte d'une dose mélangeant les sources et les références, les époques et les styles. Avec ses cinq écrans et ses ryth-mes endiablés, l'installation vidéo Danse au Berdache de Kent Monkman a de quoi semer l'émoi.
Du pow-wow dans l'air
C'est à un spectacle qu'on assiste, une chorégraphie, pour cinq danseurs, bien montée et fignolée par un fil musical, narratif, en crescendo. Ça commence avec le Sacre du printemps, de Stravinski, légèrement remixé et imprégné de chants et instruments amérindiens, ça se poursuit avec du techno et ça se termine avec la grandiloquence d'une musique très cinéma.
L'oeuvre qui prend racine au Musée des beaux-arts (MBA) pour les quatre prochains mois risque par contre de garder sa transe communicative bien secrète. Au sous-sol où elle se trouve, les visiteurs se font rares.
Entre rite et expression artistique, entre tradition et spectacle, entre hommage et critique, l'oeuvre met en scène le Berdache, un personnage ambivalent admiré chez les autochtones -- un travesti [sic *], selon notre vocabulaire courant. La danse qui le célèbre s'est surtout répandue dans les nations Sauk et Fox. La mise en scène, et en espace, de Monkman respire la fête. Il y a du pow-wow dans l'air.
Mais l'artiste natif de l'Ontario, lui-même d'origine crie, fait plus que rendre actuel et multimédia ce rituel ancestral. Il revisite le regard que les Blancs ont sur le Berdache et les cultures autochtones. Comme souvent chez lui, son commentaire repose sur ce que nous a légué un large pan de la peinture romantique en Amérique du Nord.
Sa Danse au Berdache tire son origine d'une huile éponyme de George Catlin (1796-1872), conservée au Smithsonian de Washington. Le peintre avait certainement été happé par la scène, mais elle lui avait aussi inspiré cette note: «L'une des coutumes les plus dégoûtantes et les plus inexplicables qu'il m'ait été donné de voir au pays des Indiens... et où il serait souhaitable qu'elle s'éteigne avant même qu'on puisse en attester encore davantage.» On regrette seulement que le MBA n'ait pas emprunté le tableau.
La confrontation Blancs-Indiens sur fond d'homophobie est au coeur de l'art critique et cynique de Kent Monkman. Un travail très éclaté (tableaux, films, performances...), basé sur l'histoire et faisant allusion à l'actualité, mais qui perd à l'occasion son tonus. Dans Salon Indien, une projection sur un tipi qui faisait partie de la Biennale de Montréal en 2007, l'homo-érotisation est trop appuyée.
Sacrifice
Danse au Berdache ne tombe pas dans ce piège. Même les écrans, en forme de peaux de buffle, sont subtils. Certes, le Berdache, qui se dandine sur l'écran du centre, est sexué, avec sa robe rouge transparente et ses talons hauts. Sauf qu'il se donne, et c'est très clair, en spectacle.
Le mélange des genres, des référen-ces, a du sens, plus que jamais. Que le guerrier danse aujourd'hui avec un parapluie ou sur du Stravinski illustre sa réalité: il est à la fois respectueux de ses traditions et imbibé de la culture de l'autre. En donnant un nouveau contexte, très actuel dans sa facture art contemporain, au Berdache, Monkman insinue que les enjeux propres à l'é-poque de Catlin n'ont pas nécessairement été enterrés.
Les rythmes et chorégraphies, le déhanchement du Berdache, le dispositif de l'ensemble des écrans et leur texture translucide, tout est fait pour nous entraîner dans la danse. On ne tapera peut-être pas du pied, il n'y aura pas d'excès, le musée imposant la retenue, mais quelque part, on est appelé à bouger. Or, on peut aussi rester impassible, spectateur passif dans le fond de la salle obscure. Et c'est là que réside, aussi simple soit-elle, la force de l'oeuvre. Ou on passe pour ce George Catlin, témoin curieux et épris d'ethnologie, mais qui refuse de passer le cap de sa première interprétation, ou on célèbre le personnage central, presque plus spirituel que charnel. Les Sauk et Fox admiraient ce travesti parce que c'était un signe du respect de la figure féminine. L'abandon de la masculinité devenait pour ainsi dire un sacrifice des plus honorés.
On a le choix: rester confiné à notre regard d'étranger ou se laisser séduire par la culture de l'Autre. Si les colonisés le font, pourquoi pas les colons?
dimanche, mai 31, 2009
Se démocratiser... ou périr !
Se démocratiser selon le mode autochtone ou périr avant de naître... Les communautés métisses du Québec ont un pressant besoin de revoir leur mode de gestion interne. Le dérapage anti-démocratique est réel dans plusieurs communautés et il faut y voir pour éviter des gouvernements à l'italienne comme celui qui a provoqué l'effondrement de l'AAQ et les tirages de couettes qui ont miné l'ensemble de la cause des Métisses du Québec. Russel-A. Bouchard
Cliquer sur l'image pour lire le texte de Denis Villeneuve, publié dans le Progrès-Dimanche du 31 mai 2009
Cliquer sur l'image pour lire le texte de Denis Villeneuve, publié dans le Progrès-Dimanche du 31 mai 2009
dimanche, mai 17, 2009
Les Métis du Québec et la nationalité française / Une démarche intéressante
TEXTE de MARIE-MANCE VALLÉE
Métisse de la CMDRSM
Démarches de Québécois en vue du recouvrement
de la nationalité française perdue en 1763 au Traité de Paris
Nous publions ci-après, avec l’autorisation de ses auteurs, un dossier dont nous avons soutenu la présentation aux autorités françaises, au nom de l’histoire et de la solidarité des sociétés civiles francophones.
« Nous sommes d’une race qui ne veut pas mourir »
Cette phrase de Maria Chapdelaine de Louis Hémon, reprise dans Menaud, maître draveur de Félix-Antoine Savard, exprime le sentiment ravivé aujourd’hui des Québécois et autres Canadiens francophones qui se sentent de plus en plus minorés et menacés d’extinction par une politique - ancienne et d’une redoutable constance - de la majorité canadienne et de l’Amérique du Nord anglophones, et par leur propre indécision due à la longueur de la domination subie.
Une minorité d’entre eux voudrait, du reste, recouvrer une nationalité française qu’ils estiment, non sans arguments, ne pas avoir réellement perdue au moment de la conquête anglaise. Non pas nécessairement par amour immodéré et aveugle de la France, mais pour garder le lien avec leurs racines, avec leur histoire que l’on s’efforce, là-bas, beaucoup plus que chez nous en France, d’effacer de leurs mémoires.
Dans ce dossier, notre rédaction se borne à vous donner trois brefs éclairages, qu’elle juge propres à illustrer un vrai problème trop occulté :
- l’angoisse identitaire ;
- le cas particulier d’un réveil des Métis ;
- le désir, encore très minoritaire, et que la France officielle ne souhaite (ne peut ?) guère nourrir ou encourager, de recouvrer la nationalité française, et de contester ce qui fut considéré comme la perte d’icelle en 1763 au traité de Paris.
1) Angoisse identitaire des Québécois de souche française
Voici un extrait d’une « Tribune libre » écrite à la suite d’une décision canadienne fédérale touchant à la définition de la citoyenneté, adressée le 23 mai 2008 à Vigile (site québécois souverainiste) par Marie Mance Vallée, militante québécoise, auteur de l’article ci-après sur les métis francophones du Québec et du Canada (« Des métis reforment les rangs ») :
Tribune libre : La fin de notre Histoire
( ……………………..)
Il n'y a plus de peuple fondateur; il n'y a maintenant que des citoyens (y compris la communauté francophone qui ne serait plus de souche) de toutes les origines sous protection de l'État, de la Charte des Droits et Libertés et de la Cour suprême du Canada. Il n'y a jamais eu de crise des accomodements raisonnables; il n'y a jamais eu de problèmes. C'est notre insécurité identitaire qui est la cause de tout. Alors, il faut abattre ce que certains appellent la « maladie identitaire ». Un seul signe distinctif fera en sorte de nous différencier au cours des décennies et des siècles à venir, soit le crucifix à l'Assemblée nationale. C'est une chance. Au moins, il restera quelque trace de ce peuple fondateur de l'Amérique du Nord. Un jour, on racontera aux enfants que ce restant de peuple qui « n'a jamais eu d'histoire », était, déjà, de confession chrétienne.
La langue? C'est une question de temps. Notre culture? Elle est déjà anglo-américaine. Nos traditions? Elles ont été foulées au pieds depuis des années par les nôtres.
Que reste-t-il de NOUS? Seules la pratique de l'interculturalisme, la tolérance, l'ouverture et la bêtise.
« Tournons la page de l'Histoire ancienne », nous dit-on implicitement.
Marie Mance Vallée.
2) Des Métis reforment les rangs...
Bien que l'existence des Métis du Québec ait été scandaleusement occultée et le plus souvent niée par les différents pouvoirs, entre autres, le gouvernement fédéral et le gouvernement québécois, particulièrement depuis le milieu du XIXe siècle, les Métis de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord reforment les rangs sous la bannière de la Communauté métisse du Domaine du Roy et de la Seigneurie de Mingan (CMDRSM). Le territoire a été délimité, les us et coutumes qui ont si peu changé depuis, remis à la mode du jour. Des clans (Charlevoix, Côte-Nord, du Grand Brûlé, de la Manic, de Chicoutimi, Ouananiche, Lac Saint-Jean/Piékouagami et Centre-Nord du Saguenay), ont été formés et des capitaines de villages nommés. Une bouffée d'air frais!
Depuis la fondation de la Nouvelle-France, au début du XVIIe siècle, les Relations des Jésuites, les écrits de l'admirable Mère Marie de l'Incarnation, et le Roy Louis XIV lui-même ne parle-t-il pas des « sauvages convertis à la foi catholique romaine... ». Il faut savoir que le Roy qui encourageait les mariages entre Indiens et Européens, dans ce cas-ci des Français, allait même jusqu'à sévir, afin de forcer ces messieurs à prendre femme. Les coureurs des bois qui ont sillonné et fondé des villes et villages dans toute l'Amérique du Nord, les truchements, les explorateurs, les Dollard des Ormeaux, quoique mis au ban de l'Histoire par des historiens révisionnistes de mauvaise foi, en sont aussi la preuve. Et bien d'autres encore! Les Métis du Manitoba, dont leur chef Louis Riel qui a été pendu pour avoir réclamé leur territoire, n'étaient-ils pas originaires du Québec ? Ne parle-t-on pas dans les écrits de Sangs-mêlés, de Blancs ensauvagés ou encore d'Indiens blancs d'Amérique, tel que les appelait plus récemment Philippe Jacquin, anthropologue et ethnologue français connu et reconnu. Qui osera mettre en doute les traditions orales familiales qui, de génération en génération, relatent la petite histoire de chaque famille. De ces descendants issus de mariages « à la mode du pays » ou encore d'unions chrétiennes.
Des rumeurs circulaient depuis quelques années à l'effet que le gouvernement fédéral, le gouvernement québécois et les Montagnais (aujourd'hui Innus) négociaient, derrière des portes closes, un traité appelé Approche Commune où il y était question de redonner une grande partie du territoire aux seuls Innus. C'est le choc, l'incrédulité, la consternation chez les fondateurs de cette région, et surtout chez les Métis qui y voient là, la dépossession définitive du territoire qu'ils avaient développé, remettant en cause leur propre identité.
Qu'à cela ne tienne, ils iront devant les tribunaux ! En effet, l'article 35 de la Constitution canadienne de 1982 ne reconnaît-elle pas comme Autochtones, les Inuits, les Indiens et les Métis ?
N'eût été la sagacité d'un groupe de Métis du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, et celle de notre lien de mémoire, l'historienne métisse Russel-A. Bouchard, mécontents, mais surtout inquiets, de la tournure que prenaient les événements au Québec concernant l'identité et le territoire, l'Histoire des Métis aurait été emportée définitivement dans l'oubli. En effet, depuis le milieu du XIXe siècle, et plus récemment, notre élite politique s'acharnait à promouvoir une certaine et improbable nation civique, comme s'il était possible et réaliste de donner naissance, en quelques années, à une nouvelle nation. Nation civique, multiculturalisme, interculturalisme, autant d'expressions qui indiquaient la volonté des gouvernements, des différents partis politiques, des élites intellectuelles de redéfinir la nation québécoise : un genre de « melting po »t à l'américaine ou encore un ensemble de ghettos. Pourquoi une nouvelle nation quand nous en avons déjà une ?... N'avons-nous pas toujours intégré jusqu'à récemment les nouveaux arrivants ?
L'an 2000 aura été une année charnière pour la Communauté métisse du Domaine du Roy et de la Seigneurie de Mingan (CMDRSM), dont la plupart des membres sont de langue française, la langue de leurs pères et mères. Les cimetières de la région parlent d'eux-mêmes...
Il n'y a point de doute : la nation métisse québécoise existe. Et il y en a des milliers. Des communautés en Gaspésie, en Estrie et ailleurs au Québec reviennent à la lumière du jour; d'autres sont en formation.
Une chose est certaine, les Métis de la CMDRSM sont là pour rester maintenant. Depuis la conquête, nous avons subi des assauts répétés, afin de nous convertir, souvent malgré nous, à la langue et à la culture anglaises et, ces dernières décennies à la culture anglo-américaine. Cependant, il est de plus en plus inquiétant de constater que l'engouement de certains, hélas! même en France, pour la langue anglaise, pourrait donner un autre visage à cette communauté. La plus grande vigilance s'impose donc!
Marie Mance Vallée
3) Désir – et chances ? - de recouvrer la nationalité française :
Périodiquement, le désir se traduit par des démarches…..
Métisse de la CMDRSM
Démarches de Québécois en vue du recouvrement
de la nationalité française perdue en 1763 au Traité de Paris
Nous publions ci-après, avec l’autorisation de ses auteurs, un dossier dont nous avons soutenu la présentation aux autorités françaises, au nom de l’histoire et de la solidarité des sociétés civiles francophones.
« Nous sommes d’une race qui ne veut pas mourir »
Cette phrase de Maria Chapdelaine de Louis Hémon, reprise dans Menaud, maître draveur de Félix-Antoine Savard, exprime le sentiment ravivé aujourd’hui des Québécois et autres Canadiens francophones qui se sentent de plus en plus minorés et menacés d’extinction par une politique - ancienne et d’une redoutable constance - de la majorité canadienne et de l’Amérique du Nord anglophones, et par leur propre indécision due à la longueur de la domination subie.
Une minorité d’entre eux voudrait, du reste, recouvrer une nationalité française qu’ils estiment, non sans arguments, ne pas avoir réellement perdue au moment de la conquête anglaise. Non pas nécessairement par amour immodéré et aveugle de la France, mais pour garder le lien avec leurs racines, avec leur histoire que l’on s’efforce, là-bas, beaucoup plus que chez nous en France, d’effacer de leurs mémoires.
Dans ce dossier, notre rédaction se borne à vous donner trois brefs éclairages, qu’elle juge propres à illustrer un vrai problème trop occulté :
- l’angoisse identitaire ;
- le cas particulier d’un réveil des Métis ;
- le désir, encore très minoritaire, et que la France officielle ne souhaite (ne peut ?) guère nourrir ou encourager, de recouvrer la nationalité française, et de contester ce qui fut considéré comme la perte d’icelle en 1763 au traité de Paris.
1) Angoisse identitaire des Québécois de souche française
Voici un extrait d’une « Tribune libre » écrite à la suite d’une décision canadienne fédérale touchant à la définition de la citoyenneté, adressée le 23 mai 2008 à Vigile (site québécois souverainiste) par Marie Mance Vallée, militante québécoise, auteur de l’article ci-après sur les métis francophones du Québec et du Canada (« Des métis reforment les rangs ») :
Tribune libre : La fin de notre Histoire
( ……………………..)
Il n'y a plus de peuple fondateur; il n'y a maintenant que des citoyens (y compris la communauté francophone qui ne serait plus de souche) de toutes les origines sous protection de l'État, de la Charte des Droits et Libertés et de la Cour suprême du Canada. Il n'y a jamais eu de crise des accomodements raisonnables; il n'y a jamais eu de problèmes. C'est notre insécurité identitaire qui est la cause de tout. Alors, il faut abattre ce que certains appellent la « maladie identitaire ». Un seul signe distinctif fera en sorte de nous différencier au cours des décennies et des siècles à venir, soit le crucifix à l'Assemblée nationale. C'est une chance. Au moins, il restera quelque trace de ce peuple fondateur de l'Amérique du Nord. Un jour, on racontera aux enfants que ce restant de peuple qui « n'a jamais eu d'histoire », était, déjà, de confession chrétienne.
La langue? C'est une question de temps. Notre culture? Elle est déjà anglo-américaine. Nos traditions? Elles ont été foulées au pieds depuis des années par les nôtres.
Que reste-t-il de NOUS? Seules la pratique de l'interculturalisme, la tolérance, l'ouverture et la bêtise.
« Tournons la page de l'Histoire ancienne », nous dit-on implicitement.
Marie Mance Vallée.
2) Des Métis reforment les rangs...
Bien que l'existence des Métis du Québec ait été scandaleusement occultée et le plus souvent niée par les différents pouvoirs, entre autres, le gouvernement fédéral et le gouvernement québécois, particulièrement depuis le milieu du XIXe siècle, les Métis de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord reforment les rangs sous la bannière de la Communauté métisse du Domaine du Roy et de la Seigneurie de Mingan (CMDRSM). Le territoire a été délimité, les us et coutumes qui ont si peu changé depuis, remis à la mode du jour. Des clans (Charlevoix, Côte-Nord, du Grand Brûlé, de la Manic, de Chicoutimi, Ouananiche, Lac Saint-Jean/Piékouagami et Centre-Nord du Saguenay), ont été formés et des capitaines de villages nommés. Une bouffée d'air frais!
Depuis la fondation de la Nouvelle-France, au début du XVIIe siècle, les Relations des Jésuites, les écrits de l'admirable Mère Marie de l'Incarnation, et le Roy Louis XIV lui-même ne parle-t-il pas des « sauvages convertis à la foi catholique romaine... ». Il faut savoir que le Roy qui encourageait les mariages entre Indiens et Européens, dans ce cas-ci des Français, allait même jusqu'à sévir, afin de forcer ces messieurs à prendre femme. Les coureurs des bois qui ont sillonné et fondé des villes et villages dans toute l'Amérique du Nord, les truchements, les explorateurs, les Dollard des Ormeaux, quoique mis au ban de l'Histoire par des historiens révisionnistes de mauvaise foi, en sont aussi la preuve. Et bien d'autres encore! Les Métis du Manitoba, dont leur chef Louis Riel qui a été pendu pour avoir réclamé leur territoire, n'étaient-ils pas originaires du Québec ? Ne parle-t-on pas dans les écrits de Sangs-mêlés, de Blancs ensauvagés ou encore d'Indiens blancs d'Amérique, tel que les appelait plus récemment Philippe Jacquin, anthropologue et ethnologue français connu et reconnu. Qui osera mettre en doute les traditions orales familiales qui, de génération en génération, relatent la petite histoire de chaque famille. De ces descendants issus de mariages « à la mode du pays » ou encore d'unions chrétiennes.
Des rumeurs circulaient depuis quelques années à l'effet que le gouvernement fédéral, le gouvernement québécois et les Montagnais (aujourd'hui Innus) négociaient, derrière des portes closes, un traité appelé Approche Commune où il y était question de redonner une grande partie du territoire aux seuls Innus. C'est le choc, l'incrédulité, la consternation chez les fondateurs de cette région, et surtout chez les Métis qui y voient là, la dépossession définitive du territoire qu'ils avaient développé, remettant en cause leur propre identité.
Qu'à cela ne tienne, ils iront devant les tribunaux ! En effet, l'article 35 de la Constitution canadienne de 1982 ne reconnaît-elle pas comme Autochtones, les Inuits, les Indiens et les Métis ?
N'eût été la sagacité d'un groupe de Métis du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, et celle de notre lien de mémoire, l'historienne métisse Russel-A. Bouchard, mécontents, mais surtout inquiets, de la tournure que prenaient les événements au Québec concernant l'identité et le territoire, l'Histoire des Métis aurait été emportée définitivement dans l'oubli. En effet, depuis le milieu du XIXe siècle, et plus récemment, notre élite politique s'acharnait à promouvoir une certaine et improbable nation civique, comme s'il était possible et réaliste de donner naissance, en quelques années, à une nouvelle nation. Nation civique, multiculturalisme, interculturalisme, autant d'expressions qui indiquaient la volonté des gouvernements, des différents partis politiques, des élites intellectuelles de redéfinir la nation québécoise : un genre de « melting po »t à l'américaine ou encore un ensemble de ghettos. Pourquoi une nouvelle nation quand nous en avons déjà une ?... N'avons-nous pas toujours intégré jusqu'à récemment les nouveaux arrivants ?
L'an 2000 aura été une année charnière pour la Communauté métisse du Domaine du Roy et de la Seigneurie de Mingan (CMDRSM), dont la plupart des membres sont de langue française, la langue de leurs pères et mères. Les cimetières de la région parlent d'eux-mêmes...
Il n'y a point de doute : la nation métisse québécoise existe. Et il y en a des milliers. Des communautés en Gaspésie, en Estrie et ailleurs au Québec reviennent à la lumière du jour; d'autres sont en formation.
Une chose est certaine, les Métis de la CMDRSM sont là pour rester maintenant. Depuis la conquête, nous avons subi des assauts répétés, afin de nous convertir, souvent malgré nous, à la langue et à la culture anglaises et, ces dernières décennies à la culture anglo-américaine. Cependant, il est de plus en plus inquiétant de constater que l'engouement de certains, hélas! même en France, pour la langue anglaise, pourrait donner un autre visage à cette communauté. La plus grande vigilance s'impose donc!
Marie Mance Vallée
3) Désir – et chances ? - de recouvrer la nationalité française :
Périodiquement, le désir se traduit par des démarches…..
lundi, avril 27, 2009
Les Métis de l'Abitibi sortent de leur ouache
La Sarre, le 24 avril 2009
Affirmation de l’existence des Métis en Abitibi
Le jeudi 23 avril 2009, le chef Métis Marcel Paul et les membres du conseil d’administration de la Communauté Wikanis-Mamiwinik, en Abitibi-ouest, ont déposé au bureau de l’Interlocuteur fédéral auprès des Métis, l’Honorable Chuck Strahl, un résumé de l’ethnogénèse des Métis en Abitibi. Il a également demandé un appui financier pour compléter leur histoire et les identifier de façon fiable. Enfin, il a demandé un accès direct au bureau de l’Interlocuteur pour l’informer de leurs besoins culturels, économiques, politiques et sociaux.
Cette rencontre officielle qui constitue une première pour les Métis de l’Abitibi fait suite à la pétition des membres de la communauté métisse contemporaine déposée auprès du gouvernement canadien par le débuté bloquiste Marc Lemay, responsable des affaires autochtones au Bloc québécois.
Outre les membres du conseil d’administration de la Communauté et du député Lemay, le chef Paul était accompagné de l’anthropologue Sylvain Beaupré, de l’ethnologue Elyse Bégin et de l’avocat en droit autochtone Me Pierre Montour.
M. Beaupré a déclaré : «Consultez n’importe quel historien au fait de l’histoire de l’Abitibi, il vous dira qu’il y a des Métis».
Me Montour a précisé : «Leur ethnogenèse débute vers 1670 quand la France a multiplié les postes de traite en Abitibi-Témiscamingue en réaction à l’arrivée de la Hudson’s Bay Company (HBC) à la Baie James».
Originaire de Sorel, les Hus dit Paul ont été très nombreux à se lancer dans la traite des fourrures au 17ème siècle. On compte en effet plus d’une centaine de contrats d’engagement notariés des Paul pour la Grande Sauvagerie. Marcel Paul compte à lui seul quatre ancêtres sauvagesses et un guide métis de la HBC dans son arbre généalogique. Quant à sa mère, Anette Dicaire, elle descend en droite ligne des Métis Dicaire du Lac des Deux Montagnes (Oka).
Rendu récemment dans l’ouest canadien, le jugement Goodon a reconnu que ce sont les coureurs des bois et les Voyageurs originaires du Québec qui ont donné naissance aux Métis de l’Ouest.
Forts de ces informations cruciales, le sous-ministre adjoint Fred Caron, le conseiller principal en politiques André Guertin et le Chef de Cabinet adjoint Norm Vocino ont promis d’étudier le dossier qui leur a été remis avant de donner suite aux demandes.
M. Caron a précisé que le Canada n’avait aucune politique de reconnaissance officielle des communautés métisses à travers le Canada. Par contre, il accorde un accès exclusif à différents programmes gouvernementaux propres aux «autochtones hors-réserve» à un organisme pancanadien représentant les Indiens non inscrits et les Métis à la grandeur du Canada, le Congrès des Peuples Autochtones (le CAP).
Me Montour a précisé que les Métis de l’Ouest sont toutefois représentés par un organisme métis, le Métis National Council (le MNC), mais que celui-ci nie l’existence de Métis au Québec, de sorte que c’est le CAP qui les représente, ce qui est un non-sens. M. Caron a alors convenu que les Métis du Québec devaient être représentés par une organisation métisse.
La communauté métisse contemporaine Wikanis-Mamiwinik, dont le siège social est situé en Abitibi-Ouest, est une personne morale sans but lucratif, forte de 400 membres qui s’identifient Métis au sens de l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982.
Lors de la réunion, Marcel Paul a également informé le gouvernement que ses membres ont convenu d’exercer leurs droits ancestraux métis, c’est-à-dire leurs pratiques de chasse, de pêche et de cueillette à l’année pour des fins alimentaires, culturelles et spirituelles, et ce, quoi qu’il advienne.
Une seconde rencontre entre les parties est prévue dans un mois.
Lors du recensement de 2001, 3 810 personnes ont déclaré être Indiens ou Indiennes, en Abitibi-Témiscamigue, 1 125 Métis ou Métisses et 20 Inuit.
L’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 reconnaît et confirme les droits ancestraux existants des peuples autochtones, lesquels s’entendent notamment des Indiens, des Métis et des Inuit.
Source :
Luc Tremblay dir. Communauté Wikanis-Mamiwinnik
819-333-5232
buckenrut @hotmail.com
vendredi, janvier 09, 2009
Un Métis du Manitoba remporte une importante bataille juridique contre le gouvernement provincial.
Nouvelle de Radio-Canada
Photo: Bruce Burnstead
Will Goodon (au centre) célèbre sa victoire.
Un Métis du Manitoba remporte une importante bataille juridique contre le gouvernement provincial.
Le juge John Coombs de la Cour provinciale a tranché en faveur de Will Goodon qui était accusé, en vertu de la Loi sur la conservation de la faune, d'avoir chassé le canard sans permis près du mont Turtle en octobre 2004. Will Goodon soutenait que sa carte d'identité métisse suffisait.
Le juge Coombs appuie son jugement sur un cas de jurisprudence en Cour suprême du Canada relativement au cas de deux frères métis accusés d'avoir abattu un orignal, près de Staut-Ste-Marie en Ontario. Le plus haut tribunal du pays avait statué que les Métis avaient droit aux mêmes droits de chasse que les Inuits et les Autochtones s'ils peuvent prouver leurs liens ancestraux.
Le juge Coombs a de plus souligné que dans la cause Goodon, des témoins avaient démontré que les ancêtres métis pratiquaient la chasse de subsistance dans la région du mont Turtle.
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