
Image de propagande tirée de : « Ils ont fait notre pays - Histoire du Canada ; 3e année ». C'est dans ce petit bouquin que j'avais dans ma troisième année qu'on m'a appris tous les préjugés et tous les mensonges perpétués dans les écoles des envahisseurs et des conquérants. C'est dans cette sorte de propagande insidieuse qu'on a réussi à me faire comprendre, moi le Métis, qu'il ne fallait pas dire dans ma classe que, comme bien d'autres avec moi, « nous avions du Sauvage » ! R.B. qui est aussi Le Fils de l'Étoile du Matin
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Quand les droits des uns sont assujettis aux droits des autres, il n'y a plus de droit...
Dans un texte paru dans le Progrès-Dimanche du 29 avril 2008, sous la plume du chroniqueur chasse et pêche Roger Blackburn (« Un couple dénonce l'intimidation »), l'auteur nous apprend que les propriétaires de la Pourvoirie Chibaugamau (M. et Mme Jean-Guy Thisdel et Nathalie Richard), ont été intimidés, séquestrés et pris en otages le jour d'avant, par... « huit autochtones » (sic !) du Nord du Québec. Les agresseurs, des membres du peuple Cri à ce qu'il paraît, ont pris prétexte de leur soi-disant droit de passage sur le territoire de la pourvoirie qui, selon eux, est un raccourci à prendre dans le cadre de leur « goose break » printanier (entendons une chasse collective à l'oie blanche).
Ceux qui, au nom de leur collectivité, ont commis ce crime qui a tout du « terrorisme » puisque ce geste a été produit dans ce sens et qu'il a réussi à atteindre son but (terroriser des personnes) ; ceux-là ne semblent pas s'inquiéter du tort qu'ils créent à la fois au couple agressé, à leur propre cause qui est le respect de leurs propres droits, et à tous les autochtones d'Amérique.
Dans un commentaire qui remet à l'ordre du jour le conflit perpétuel entre Blancs et Indiens, l'éditorialiste du journal Le Quotidien du 30 avril (« Invasion de domicile »), Carol Néron, en remet sur l'enclume. Il évoque, pour sa part et à juste titre, la mauvaise foi de ces « Autochtones » (re-sic !) qui ont pris en otage d'honnêtes citoyens dans leur propre foyer et qui entendent régner sur les terres communes par la terreur. « Cette démonstration de force sévèrement condamnable par la loi, écrit effectivement Néron, tend aussi à démontrer que les «« Autochtones »» sont de mauvaise foi » (les guillemets sont de moi). « L'Autochtone parlerait-il avec la longue fourchue ? » demande-t-il derechef dans sa conclusion.
Que la question soit posée ainsi se comprend fort bien quand on voit, jour après jour, le grand chef de l'APNQ, Ghislain Picard, répandre et soutenir erronément à toutes les tribunes que les Métis ne sont pas des Autochtones ; quand on entend le chef de Mahsteuiatsh, Gilbert Dominique, parler des Indiens qu'il représente comme les seuls Autochtones du Saguenay–Lac-Saint-Jean ; qu'un sénateur Indien, Aurélien Gill, ratiocine publiquement que seuls les Indiens sont des Autochtones et des ayants droits ; et que tous les chefs de l'APNQ, complètement déconnectés de la réalité qui nous unit les uns aux autres, votent à l'unanimité une motion voulant que « Les droits des Autochtones au Québec, notamment ceux protégés par la Constitution du Canada, sont uniquement ceux possédés par la nation inuite et les Premières Nations... » (Ghislain Picard, Kébec, Québec, 2008 : 172)
Et les Métis dans tout ça ?!
Personnellement, je ne me sens pas bien avec cette manière de dire. Car c'est mettre les « Métis » dans ce même lot, ce qui n'est pas juste puisque les Métis, dans leurs gestes et dans tous leurs discours répudient sans nuances ce genre de comportement hors-la-loi. Et c'est les placer dans un environnement historique et social qu'ils sont loin de mériter et partager puisqu'ils ne sont ni Indiens ni Cris, puisqu'ils se veulent bons citoyens et bonnes citoyennes, qu'ils sont respectueux(ses) des droits de tous et des lois qui policent la vie dans ce pays.
Si la répudiation d'un geste aussi condamnable que la séquestration d'individus est on ne peut mieux inspirée dans le contexte d'une société de droit, l'attribuer aux... « Autochtones » mérite cependant un trois petits points de suspension. C'est là, en effet, un réflexe sémantique qui se perpétue, hélas, dans tous les médias du Québec depuis des décennies. Un réflexe qu'il nous faut cependant corriger avec célérité car il n'est pas juste, il dénature l'histoire et la réalité présente, et il est préjudiciable à d'autres groupes. Comprenons bien : si, au Canada, tous les Indiens sont des... « Autochtones », tous les « Autochtones » du Canada ne sont pas nécessairement des Indiens.
Avant de signer le prochain traité avec un quelconque peuple autochtone, les gouvernements de ce pays auront intérêt à bien évaluer les considérants et les après possibles d'une histoire qui disposera alors des derniers prérequis pour déraper...
Russel Bouchard