Métis et engagés du poste de traite de Godbout, Côte-Nord du Saint-Laurent, en train de saler la morue. Photo : L'Opinion Publique, 1879.
À la veille du déclenchement officiel de la campagne électorale au Québec, le gouvernement de Jean Charest reconnaît enfin la valeur des régions et entend leur donner un coup de pouce pour leur permettre de se sortir du marasme dans lequel elles sont empêtrées. On évitera de tergiverser sur les quelque 825 M$ saupoudrés dans différents programmes sur une période de cinq ans, pour ne s'arrêter que sur la signification profonde de ce qui constitue, en principe et à mon point de vue, un virage à 180 degrés.
Ainsi donc, déclare officiellement le ministre Odet dans ce qui sera son dernier budget, « la nouvelle stratégie de développement des régions vient appuyer notre action pour favoriser l'autonomie régionale. Nous mettons des moyens financiers additionnels sous le contrôle de toutes les régions pour qu'elles puissent pleinement jouer le rôle qui leur revient dans leur développement. » À elle seule, la ville de Montréal recevra, au cours des cinq prochaines années, une aide supplémentaire de 140 M$ pour ses grands projets ; ce geste officiel lui confère le statut de « ville région », au même titre que la Côte-Nord, la Mauricie ou le Saguenay–Lac-Saint-Jean, et un copieux avantage que ne reçoivent pas les autres villes importantes du Québec, comme Sherbrooke, Saguenay, Trois-Rivières.
Quoi qu'en disent les chefs de partis, les chambres de commerce et les syndicats ; quoi qu'en disent tous ces gens, les grands titres de ce budget, si électoral soit-il, marquent, à eux seuls, l'échec et la faillite de la politique de développement régional du Québec instaurée au début des années 1970, par le gouvernement de Robert Bourassa, et poursuivie par tous les gouvernements successifs en dépit des indices criants d'un effondrement national préparé de longue date et dont nous ne sommes pas prêts de sortir !
Si les observateur$ « déluré$ » (!) du Québec n'ont pas encore saisi l'importance fondamentale de cette annonce officielle, parce que trop occupés à comptabiliser les retombées monétaires sonnantes et trébuchantes pour la part qui leur revient en propre, considérons que le chef des Premières Nations du Québec, M. Ghislain Picard, a compris, lui, que son peuple risquait d'y perdre au change. Même s'il continue de faire de la pousse en parlant erronément au nom de tous les « autochtones » du Québec, ce qui n'est pas le cas puisque les Inuits et les Métis nourrissent leur propre programme politique, le grand-chef Picard a raison de se surprendre de ce qui constitue, à ses yeux, une perte de pouvoirs au profit des régions. Ainsi, dit-il en entrevue, « quand on parle de régionalisation, on parle de plus grands pouvoirs des régions dans l'exploitation des ressources naturelles. On n'a pas le choix de faire entendre notre voix à ce sujet. Le développement passe par les communautés que nous représentons. Le territoire dont on parle est visé par un titre autochtone ».
Par contre, ce que ne dit pas M. Picard, c'est que le titre autochtone n'est pas un titre réservé aux seuls Indiens et qu'il s'y trouve également des Inuits et des Métis. Cette confusion délibérément entretenue doit être dénoncée. Tôt ou tard, M. Picard devra reconnaître, pour sa part, que si les Indiens ont des droits inaliénables sur de grandes portions du territoire québécois et sur ses ressources naturelles, les Métis, eux aussi, nourrissent des attentes similaires. Que le gouvernement démissionnaire de Jean Charest reconnaisse enfin la valeur intrinsèque de toutes les régions du Québec, est un avènement en soi qu'il faut saluer haut et fort. Mais que M. Picard, tout comme M. Charest, prennent note que le peuple Métis du Québec a lui aussi des valeurs, des besoins et des aspirations profondes qui méritent d'être considérés dans un futur prévisible.
Pour cette raison, les Métis du Québec doivent prendre le temps de faire entendre leurs voix dans la campagne électorale qui s'amorce. Peu importe s'ils vont voter ou pour qui ils entendent voter, il y a là une tribune publique exceptionnelle pour affirmer leur réalité et le droit à la dignité humaine qui commence par la reconnaissance de leur propre existence. Sans cette reconnaissance qui commence par l'affirmation du Nous collectif, rien ne sera possible...
Russel Bouchard
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11 commentaires:
Je ne vois pas ce que cette élection changera à la situation des Canadiens français et des Métis qui sont occultés par le PLQ depuis toujours. Et par le PQ depuis 1995, particulièrement. Les vautours mercenaires québécois fédéralisants n'attendaient que l'affaire des « ethnies » de M. Parizeau pour dévorer les Canadiens français et les Métis.
Le seul politicien qui ait manifesté l'existence des Québécois de souche, c'est Mario Dumont.
Et s'il advenait que la campagne dérape sur les accomodements raisonnables, n'allez pas penser que je les croirai.
«Pendant les élections, il m'appelait fiston et après l'élection il ne se souvenait plus de mon nom».
À bon entendeur salut!
Marie Mance Vallée
Et la question des régions n'est que de la poudre aux yeux.
D'ailleurs quel est l'intérêt de considérer Montréal comme une région????
Cela ressemble à un début de partition du Québec par le PLQ. Qu'aura à dire le PQ sur ce sujet?????? Est-il si différent que le PLQ depuis 1995?????
Ce n'est que de la diversion pour mieux nous berner encore une fois.
Marie Mance Vallée
80% des Québécois sont Canadiens français et Métis. On peut bien en faire disparaître quelques-uns et pourquoi pas des vieux????
Question : Quel parti politique mettra fin aux antichambres de la mort que sont devenus les hôpitaux?
Marie Mance Vallée
M. Russell Bouchard affirme dans son livre de deux(2) pages que les «montagnais» n'existe plus; ils sont devenus des fantômes...alors les métis sont des fantômes de fantômes...arrêtez donc de vous compter des mensonges, vous des canadien français «métissé» avec les écossais, anglais, irlandais...
c,est tout et c,est pas compliqué...regardez-vous dans les miroirs que vos ancêtres ont donnés aux Indiens...c'est la piasse qui vous motive..
Signé: Un canadien de souche.
Quel parti politique nous parlera de ce problème de fond qu'est l'enseignement religieux et/ou chrétien, si vous préférez, aux enfants des Canadiens français et des Métis? Bien entendu pour ceux qui le désirent...
Pouvons-nous penser sérieusement que les jeunes parents d'aujourd'hui accepteront, occupés comme ils le sont, d'amener leurs enfants le samedi au catéchisme? Je ne le crois pas. C'est leur demander l'impossible. C'est leur demander d'être plus catholique que le pape.
Les faits divers nous rapportent à tous les jours des événements tous plus ou moins cruels et dénudés de sens de la part de certains de nos jeunes. Bien sûr il ne faut pas généraliser.
Les générations qui nous suivent ressembleront-elles à ces générations d'enfants de l'ancienne URSS où on avait aboli toute confession religieuse? Ce sont les grands-mères russes qui avaient, bien cachées dans leur maison, préservé cet enseignement.
Je publie ici un article paru ce matin dans Le Devoir. Il faudrait bien nous faire une idée à ce sujet.
Faut-il tout laïciser au point de continuer de déstructurer la société québécoise ou faire des exceptions?
Voilà le genre de sujets que les Québécois aimeraient sans doute entendre parler et sérieusement. En connaître le mode d'emploi ou le comment. C'est la base même de notre société.
Assisterons-nous pendant cette campagne au « trip » des journalistes qui pendant 31 jours sillonneront le Québec profond pour nous déniaiser, pensent-ils sans doute...
Opinion
Lettres: Le spectre du capharnaüm Louis O'Neill, Le 19 février 2007
Édition du jeudi 22 février 2007
Mots clés : enseignement, Parti québécois, Parti politique, Religion, Québec (province)
«Soutenir l'enseignement des diverses religions en fonction des convictions religieuses, cela nous conduirait à un capharnaüm total.» C'est le chef du Parti québécois qui a émis ce propos sentencieux (Le Soleil, le 17 février 2007). Regardons de plus près s'il y a lieu de s'alarmer ainsi.
Permettre à diverses confessions religieuses de dispenser un enseignement à l'école suppose deux conditions: une demande suffisante et le respect de valeurs sociales communes.
Il n'y aurait donc aucune nécessité d'offrir un enseignement religieux bouddhiste ou hindouiste à Saint-Jean-Port-Joli, Saint-Jean-de-Matha, Baie-Saint-Paul, Saint-Hilarion, Baie-Comeau, Gaspé, Hérouxville ou à de nombreux autres endroits où il est facile de prévoir qu'on ne pourra satisfaire au critère du nombre suffisant.
Quant aux valeurs communes, citons quelques exemples: le caractère sacré de la vie, l'égalité des sexes, le respect de l'intégrité physique, les droits humains, la liberté de conscience. On les retrouve dans la Déclaration universelle des droits de la personne de 1948.
Dans les faits, pour tout au moins 80 % du territoire québécois, il faudrait prévoir une demande substantielle pour un enseignement religieux catholique, une demande significative pour un enseignement religieux protestant, rarement une requête en faveur d'un enseignement religieux juif ou musulman. Nous voilà à 100 coudées du capharnaüm que nous prédit le chef du PQ.
Au fait, il serait intéressant qu'au cours de la campagne électorale qui débute, les chefs des partis en présence nous disent ce qu'ils pensent de la place de la liberté religieuse à l'école et s'ils sont prêts à respecter le paragraphe 3 de l'article 26 de la Déclaration universelle des droits de la personne de 1948, qui proclame que «les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants». Ils pourraient aussi nous faire savoir s'ils sont disposés à réhabiliter l'article 41 de la Charte québécoise des droits et libertés que le gouvernement libéral a supprimé en 2005 et qui énonçait que «les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d'exiger que, dans les établissements d'enseignement public, leurs enfants reçoivent un enseignement religieux ou moral conforme à leurs convictions, dans le cadre des programmes prévus par la loi».
C'est là le genre de question qui pourrait donner de la substance et de la couleur à une campagne électorale qui s'annonce plutôt terne.
Longue vie aux pleutres anonymes qui se targuent de définir tous un et chacun...à l'exception d'eux-mêmes!
Une société d'« anonymes », en effet mon cher Richard ! Et c'est avec ces gens qu'il faudrait discuter du pays. On ne s'étonnera donc pas qu'il ne soit toujours qu'une chimère se perdant invariablement dans les faux-débats d'une élection...
Fiers de signé
Russel Bouchard
Et de m'identifier Métis
Ce cher Anonyme me rappelle les odeurs nauséabondes de certains forums...
Cet anonyme devrait se faire connaître, vu qu'il est si courageux pour accuser, et nous pourrions peut-être voter pour lui, il a un si beau programme...
Peut-être fait-il de la projection$$$$$$$$$
Qui sait????
Marie Mance Vallée
Jour 3:
Propos de Marcel Tessier, historien, à l'émission L'Avocat du Diable.
« L'ADQ est le seul parti qui, dans son programme, parle de notre Histoire.»
Mon commentaire : Et cette Histoire est aussi celle des Métis qu'on le veuille ou pas.
Marie Mance Vallée
Tessier qu'a d'la misère avec ses amis péquistes?
Tessier dodeline de la tête quand il s'agit d'accommoder tout le monde ( sauf les Métis et les Canadiens- français bien sûr!). Son discours est démagogique et contradictoire.
C'est sans contredit un "immigrant", content et satisfait de son statut d'immigrant. Sortit des boules à mites le vieux!
Marceltessierennarrache... Vous avez raison.
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