Photo : Déroulement de la cérémonie de l'Ours Métis de la Boréalie québécoise, sur le site historique du poste de traite de Chicoutimi, le 21 juin 2005
Si vous lisez bien « Le Devoir » de ce matin («La charte de l'exclusion ? », A-1 et A-8, par Hélène Burzzetti), vous allez comprendre les composantes du détonateur qui a motivé le réveil Métis au Québec et ailleurs au Canada. Dans ce deuxième commentaire de trois, il est question de l'identité, des ethnies et du multiculturalisme eu égard à l'article 27, celui qui a fécondé l'article 35 et qui dit que : « Toute interprétation de la présente charte doit concorder avec l'objectif de promouvoir le maintien et la valorisation du patrimoine multiculturel des Canadiens ».
J'en cause justement dans mon prochain livret (« Quand l'Ours Métis sort de sa ouache »), qui sortira à Chicoutimi le 25 mai 2007, deux jours après ma conférence d'Ottawa. Il est dommage que l'auteure de cet excellent dossier de presse n'aie pas saisi que c'est précisément cet article qui est à l'origine de la montée des nationalismes autochtones au Canada ; de la Crise d'Oka ; de l'Approche commune ; des poursuites du grand-chef de Pessamit contre le gouvernement du Québec et la Kruger ; des revendications des Métis voire du barrage tout récent de la 117. Dommage, en effet, qu'on n'aie pas fait le lien de cause à effets ! Mais si les Montréalais ne comprennent que ce qui perturbe la vie des Montréalais, les régionaux directement impliqués en savent de quoi, eux qui doivent se débattre bec et ongle pour sauver leurs identités.
On n'en sort pas ! Nous (les Métis) n'avions et n'avons toujours pas le choix : pour survivre au multiculturalisme qui marque la banalisation de nos identités et de nos cultures, les Métis, comme les Indiens, doivent être officiellement reconnus comme peuple fondateur de l'Amérique, un peuple qui plus est titulaire naturel de droits ancestraux.
La Charte canadienne des droits et libertés a-t-elle favorisé l'expression des différences culturelles et religieuses ? Est-ce une bonne ou une mauvaise chose, se demande Burzzetti ? « Si certains applaudissent à cette redéfinition constante de ce que signifie être Canadien, d'autres crient à la ghettoïsation et la perte d'une identité collective. »
Poser la question c'est y répondre.
Déplorant cette issue, Luc B. Tremblay, professeur de Droit à l'Université de Montréal écrit : « La Cour a fait de l'article 27 ce qu'on fait habituellement d'un préambule dans une constitution. Ce qui fait que le principe du multuculturalisme est devenu, petit à petit, un objectif fondamental du Canada. » Cette approche marque la suprématie de l'individu sur la cohésion sociale, poursuit-il : « On est entré dans la politique de l'identité. C'est du post-modernisme à son meilleur. C'est mettre l'accent sur l'identité sociale d'abord. L'important est maintenant de procéder à la reconnaissance de qui on est, et il en découle que nos valeurs, quelles qu'elles soient, méritent protection. Il y a un changement profond qui est en train de s'opérer. » Et les autochtones (Indiens et Métis) de la Boréalie marquent le pas à tous ces égards !
Ce papier me fait apprécier tout le chemin parcouru plus spécifiquement par les Métis de la Boréalie en moins de trois années et il m'indique que nous sommes, dans la compréhension des choses nous concernant, sur le gaillard avant du navire, la partie qui devance toutes les autres. Tout est là ! Il suffit de persévérer en gardant l'oeil fixé sur la cible constitutionnelle. Si le Canada et le Québec ont une identité nationale à découvrir elle ne peut venir que des Métis, l'incubateur des peuples fondateurs des trois Amériques, une histoire de rencontres, de mariages et d'échanges ethno-culturels dont la marche a débuté voilà plus de douze mille ans.
Russel Bouchard
Qui est aussi Aurore Boréale
et Le Fils de l'Étoile du Matin
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2 commentaires:
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À ce propos voici deux commentaires pris dans un autre forum ou l’on faisait le constat de l’échec du néonationalisme et du multiculturalisme québécois.
"...Ce qu'il faut maintenant, c'est une coalition entre les nationalistes: Québécois, Canadiens français, Métis, Amérindiens, à l'image réelle du Québec pour revendiquer ensembles nos droits comme peuples fondateurs..." ( GÉBÉ)
"...Quant à l'éventualité d'une coalition entre les peuples fondateurs, il faudra d'abord se reconnaître entre nous comme tels. Et ensuite cette coalition, cette association, cette co-habitation devra se traduire par un mode représentatif et efficace de gestion publique et par une reconnaissance de surcroît, de la nécessité d'établir un modèle de développement et d'occupation territoriale qui tiennent compte de façon équitable de ces deux réalités que sont l'économie urbaine et celle des "espaces et des territoires naturels". Deux mode de vie, d'occupation et d'organisation sociale et logistique différentes mais complémentaires qui devraient être protégés et promus.
La souveraineté n'est effectivement justifiable qu'à cette condition. ( R.Harvey)
Ces deux commentaires illustrent bien le recentrage des enjeux identitaires en cours et mettent en évidence une certaine vision d’une nouvelle réalité qui s’installe à savoir une nécessaire conciliation de la dualité socio-économique du territoire québécois soit, l’économie « urbaine » et celles des « grands espaces naturels » ( ou des terres de l’arrière-pays). Deux réalités complètement différentes qui devraient être complémentaires tout en étant non concurrentielles. Cela ouvre des perspectives intéressantes pour quiconque est la recherche de profonds changements.
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