mardi, mai 15, 2007

Le leader des Premières Nations du Canada, M. Phil Fontaine, n'a pas le mandat de parler au nom des Métis

Dans la quête des droits humains, la politique du pire est la pire des politiques ! Si le leader des Indiens du Canada, Phil Fontaine, veut faire avancer les choses en matière de droits ancestraux et de justice pour son peuple, il me faut lui dire sans ambages qu'il s'engage dans la mauvaise direction. Sur au moins trois points de l'annonce catastrophe du leader des premières nations, permettez que j'exprime ici mon total désaccord.

Pour un, je n'aurais jamais cru devoir rappeler à ce chef pour lequel j'ai beaucoup d'estime, que la menace qu'on utilise en de telles circonstances n'est rien de moins qu'un aveu d'impuissance et ne devrait jamais appartenir au langage de ceux et celles sur qui pèsent tant de destinées ; et raison de plus quand ces destinées sont inscrites dans l'histoire de son propre peuple. Annoncer à la une de la presse nationale qu'on est prêt, par sous-entendus à peine voilés, à utiliser des moyens extrêmes, témoigne d'un état d'esprit où l'amertume et le sentiment ont pris le pas sur la raison ; ce qui n'a rien pour valoriser le panache d'un chef de la stature de M. Fontaine, et ce qui risque de braquer contre lui des Parlements qui ont toute la légitimité et la légalité pour agir à son encontre.

Pour deux, la confrontation qu'envisage M. Fontaine n'a rien de constructif. Comment pouvons-nous prétendre parler en faveur de l'avenir et du bon sens quand on se coupe de toute retraite possible, et que celui qui risque d'écoper est, encore une fois et toujours le même, le peuple au nom duquel il dit agir en bon père de famille ?

Pour trois, quand M. Phil Fontaine parle au nom des « autochtones» » canadiens, il sous-entend qu'il parle non seulement au nom des Indiens, mais également des Inuits et des Métis... ce qui est une usurpation de titres et de pouvoirs que nous dénonçons depuis longtemps et contre laquelle nous nous insurgeons avec force vigueur. M. Fontaine n'est pas un novice en la matière. Qui, mieux que lui, doit connaître l'impair politique qu'il crée, le préjudice qu'il fait subir aux Inuits et aux Métis, et le manquement envers la réalité constitutionnelle quand il parle ainsi au nom de tous alors qu'il n'en n'a pas le mandat. En vertu de l'histoire et de la Constitution, il faut rappeler qu'on peut être Indien, Métis ou Inuit, mais pas les trois à la fois. Certes, nous sommes frères et soeurs unis par le sang et par l'histoire, mais identitairement et politiquement différents.

Cela dit, que M. Fontaine prenne enfin note que les Métis de la Boréalie sont un peuple distinct, que ce peuple n'envisage pas user des moyens de représailles qu'il annonce pour le sien, et que notre peuple est traditionnellement enclin à favoriser la voie de la négociation pour faire avancer sa cause qui est d'abord et avant tout celle de la dignité humaine. Cette cause universelle, le peuple Métis la partage avec les autres Canadiens, peu importe leurs origines, leurs langues, leurs religions ou leurs cultures.

Russel-A. Bouchard
Lien de Mémoire de la CMDRSM


LIRE LE TEXTE DE LA PRESSE CANADIENNE QUI SUIT :

« Le mardi 15 mai 2007
Les autochtones pourraient opter pour la confrontation
Presse Canadienne
Winnipeg
Le leader autochtone Phil Fontaine doit s'adresser aux membres du Canadian Club d'Ottawa ce mardi après-midi et devrait avertir son auditoire, selon des sources citées par le Winnipeg Free Press, que l'été 2007 pourrait en être un de confrontation.

Un membre de l'entourage du chef de l'Assemblée des Premières Nations, dont le nom n'a pas été rendu public par le journal, soutient que tout a été fait pour tenter d'arriver à travailler avec le gouvernement de Stephen Harper en matière de revendications territoriales notamment, mais que rien n'y fait. Il se demande maintenant quels sont les choix qui s'offrent encore.

Un chef autochtone du Manitoba a déjà menacé de bloquer la voie du Canadien National qui relie l'est et l'ouest du pays le mois prochain.

Le chef national, Phil Fontaine, n'appuie pas ce genre de solution, ayant toujours préféré la diplomatie à la confrontation, mais l'impossibilité de faire avancer les différents dossiers avec le gouvernement actuel pourrait mener les leaders autochtones à emprunter d'autres avenues, suggère le journal.

Dans un extrait du discours de M. Fontaine obtenu par le Free Press, le leader autochtone dit que son organisation a toujours fait preuve de respect, a toujours favorisé l'établissement de liens, la négociation, le consensus et la bonne entente. Il mentionne aussi que l'Assemblée a toujours préférer ignorer le négativisme, la mésentente, la confrontation ou pire.

À Ottawa, les néo-démocrates soutiennent que ce discours de Phil Fontaine marque un point tournant, alors que la tension monte au sein des Premières Nations et qu'il tente de changer de ton dans ses rapports avec les conservateurs.

Les libéraux, pour leur part, disent que le ministre des Affaires indiennes, Jim Prentice, doit laisser de côté son attitude paternaliste et écouter ce que Phil Fontaine a à dire.

Une porte-parole du ministre interrogée par le journal croit toutefois que la relation entre M. Prentice et les leaders autochtones est solide.

Le discours de Phil Fontaine devant le Canadian Club d'Ottawa est intitulé: «Le Canada et les Premières Nations à un carrefour: confrontation ou négociation?».

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