lundi, novembre 13, 2006

L'affaire Mignot vs les Métis - Ou l'art de se mettre les pieds dans les assiettes des autres...

Mise en situation
Pour ceux et celles qui n'ont pas eu vent de cette bien désolante affaire où les Métis du Québec ont dû essuyer les attaques atrabilaires de M. Alfred Mignot qui nous a écrit « de son bureau à Paris » (!), il s'agit de savoir qu'elle s'est déroulée au cours de la dernière fin de semaine dans le contexte de la publication du livre « La longue marche du Peuple oublié » et des hommages qui ont été acheminés à son auteur après qu'il eut été honoré du titre d' « historien officiel » de l'Union Métisse Est-Ouest.

L'affaire ne pouvant plaire à tout le monde, M. Mignot, fondateur du magazine français Vox Latina qui est l'organe officiel du FFI (Forum de la Francophonie Internationale, qui a justement banni de sa tribune les Métis de la CMDRM), en prit ombrage. Il eut la mauvaise idée de tourner ses canons vers les défenseurs de la cause métisse du Québec pour se mêler d'un débat pan-canadien et pan-québécois où il n'est définitivement pas le bienvenu (pièce 1) et ce qu'il convient d'appeler de l'ingérence étrangère dans un pays souverain. Il y eut évidemment riposte de ma part (pièce 2) ; le qui proquo s'envenima au point où M. Albert Salon, président très respecté du FFI et homme de qualité que nous estimons pleinement, dut prendre le clavier dans l'espoir de retirer de la mare la ramée de boulets tirés par M. Mignot (pièce 3), et le tout fut finalement conclu par Richard Harvey, membre tout aussi respecté de la CMDRM et Répondant auprès du Conseil de la CMDRM qui est membre affilié au FFI-Québec (pièce 4).

Voilà pour l'essentiel. Ces pièces sont à mettre au dossier de la lutte des Métis de la Boréalie pour la reconnaissance de leurs droits et le rétablissement de leur mémoire.

Russel Bouchard

PIÈCE 1
« Les logorrhées verbales du métis graphomane ne me semblent guère servir la cause nationale du Québec. Et cette approche ethniciste de l’identité relève plus d’un tropisme anglo que de la culture que nous, Français de France et du Québec, avons de la Nation. Une Nation bien métissée par sa longue Histoire et les vagues successives de migrants, nous le savons bien. Pour autant, se revendiquer en tant que métis ne me paraît guère inclusif, mais une posture essentiellement inspirée par le ressentiment, plus prisonnière du passé que porteuse d’avenir.

Quant à se réjouir publiquement de cette misérable missive de félicitations venue de Ferney-Voltaire, quelle bêtise et quelle imposture ! En effet, il n’y eut guère d’auteurs plus anti-Français que Voltaire, plus anglophile, et plus méprisant pour nos colons défricheurs et inventeurs du Canada (cf. “les arpents de neige”).

Voilà qui est dit! J’ajoute que je sais déjà ce que nos courts messages vont provoquer comme bordée d’injures de la part du graphomane parano, qui m’a déjà insulté publiquement sur la toile, car ce monsieur ne supporte guère la contradiction et suspecte tout un chacun d’être un agent double... du fédéralisme ou du racisme anti-métis, je ne sais précisément, car sa pensée s’embrouille au fil de ses nombreuses missives...

Bien cordialement,

Alfred Mignot,
depuis Paris »


PIÈCE 2
Ne tirez pas sur le pianiste !

Pour ceux et celles qui n'ont pas suivi et qui ne peuvent disposer de toutes les pièces pour se comprendre dans ce chaos, reprenons l'histoire à ses débuts.

Voilà ! J'ai reçu des hommages de partout pour mon dernier ouvrage qui met en exergue la lutte des Métis de la Boréalie. J'en étais heureux et j'ai exposé ce bonheur sur mon blogue d'Akakia. Des gens associés au combat nationaliste du Québec et au FFI, en l'occurrence J.-L. Dion et Alfred Mignot (fondateur du FFI), s'en sont pris publiquement à cette reconnaissance que je n'ai pas cherchée mais qui me va droit au coeur. Ils m'ont fustigé de tous leurs feux et se sont même acharnés à en remettre dans les braises pour alimenter une campagne de salissage indigne qui a certainement d'autres buts que ma simple personne.

Je le répète : Je n'ai pas cherché cette querelle ! Elle m'a été imposée et est venue des sommets de la francophonie internationale. Mais en quoi, dites-moi, cela peut-il indisposer quelqu'un que mon travail d'historien soit enfin reconnu, après 35 ans d'efforts ? Curieusement, même si j'ai voué ma vie à la défense des droits des Canadiens français, des Métis et de la langue française, ces éloges sont venus du Canada anglais, des fédéralistes et des voltairiens de France, des gens qui méritent mon respect et mon amitié tout autant que les franco-québécois, ne vous en déplaise. On peut aimer son père et sa mère sans que cela ne soit un problème pour personne.

À voir l'acharnement que met M. Mignot, encore ce matin, à colporter ses plus vives injures à mon endroit, je comprends que je suis la cible d'un haut-lieu dont les ramifications m'échappent. Comprenez encore que tout ce que j'ai acquis en ce bas monde, y compris l'honneur et la notoriété, je ne l'ai pas volé. C'est le travail, la détermination et la lutte que je mène pour la liberté et la justice qui me valent mes lettres de noblesse. On me salue pour mes écrits et ma lutte, je lève mon chapeau et remercie ceux qui me saluent. On me tire dessus, je fais ce qu'il me semble juste et honnête de faire pour ne pas périr sous ces feux.

S'il y a une autre alternative d'éviter ces indignes attaques, enseignez-les moi. J'aime mieux la paix que la guerre, mais moins la mort et le déshonneur que la guerre...

Russel Bouchard
Le Métis


PIÈCE 3

Chers amis du Québec et protagonistes de ce qui me paraît, comme au sage Antoine Courban, être une querelle bien vaine, parce que sans vrai fondement et destructrice

Je suis le président du FFI-France, et pense pouvoir, au nom de cette section française de ce qui veut être un trait d'union, un socle d'actions communes entre nos divers FFI, poser les questions suivantes :

1) Notre langue commune n'est-elle pas menacée autant au Québec qu'en France, en Wallonie, à Bruxelles, en Suisse, et ailleurs, non seulement par les facteurs internes - notamment d'éternelles divisions et "querelles gauloises" - de chacun de nos pays, mais encore par les mêmes pressions extérieures?

2) N'avons-nous pas tous - y compris les protagonistes de la récente querelle - voulu lutter ensemble pour cette langue, et compris qu'il fallait intensifier la lutte par tous les moyens, en commun?

3) N'avons-nous pas, en France, soutenu autant que possible les efforts des "gens du pays" de l"autre côté de la grande mare, de quelque "souche" qu'ils soient?

4) Peut-on pour autant sérieusement faire au FFI-France le reproche de vouloir disputer au Canada ce cher Québec, et l'Acadie avec?

5) Qu'est-ce qu'un métis, de sangs comme de cultures?

6) Ne sommes-nous pas tous des métis, non seulement de cultures, mais de sangs? La France n'a-t-elle pas eu elle aussi une longue histoire de métissage de sangs les plus divers? Nous le revendiquons parce que nous nous en sentons enrichis. La France n'est-elle- pas engagée actuellement dans un métissage de sangs encore plus divers? Ne voyez-vous pas dans nos rues tous ces couples et groupes très "mêlés" (au sens français de ce terme) parler, jouer, travailler, agir, aimer, ensemble?

7) L'histoire du Québec, du Canada, ne nous a-t-elle pas appris que le métissage entre Français et autochtones fut pendant les premiers siècles de la Nouvelle France, et est resté par la suite, un caractère qui a beaucoup distingué la présence française de celle des Anglais? Fallait-il peut-être préférer l'apartheid - et parfois le génocide - pratiqués par les Anglo-saxons?

8) Sans même proférer l'accusation de communautarisme, ne peut-on émettre de sérieux doutes sur la pertinence de la distinction. Il y aurait d'un côté des autochtones "de sang pur" mais déjà métis de Cris, de Montagnais, d'Attikameks, de Hurons. Il y aurait d'un autre côté des Français "purs", c'est-à-dire en fait de sangs "poitevino-normando-bretonno-basquo-champenoiso-parigot". Il y aurait enfin les vrais "métis", les vôtres en ... Boréalie, Abitibi, Acadie ou ailleurs?
Prenons un seul exemple, hors Québec actuel pour éviter de froisser quelque Québécois. Il s'agit de ce qui est actuellement le Maine aux Etats-Unis. C'était une partie de la Nouvelle France qui allait au sud jusqu'à la rivière Kennebec. Sous Louis XIV, le bastion-glacis de résistance française aux Colonies britanniques (fort peuplées) juste au sud. Vous vous souvenez de ces quelques familles de Français (dont la dynastie des Saint-Castin originaires de Pau) qui "tenaient" tout ce territoire parce qu'ils étaient en symbiose, et en métissage total, avec les Abénakis. Qui, là-bas, parmi les descendants de Français et d'Abénakis, est totalement sûr de n'avoir pas au moins un peu de "sang des autres" dans ses veines?

9) Que signifie cette distinction? Est-elle utile? Qui veut la faire? Pourquoi? Quelle que soit l'intention de ceux qui veulent "trier", qui profitera le plus du difficile tri?

10) Les actuels métis sont-ils défavorisés par rapport aux "purs" de l'un ou l'autre côtés? Comment le sont-ils? La séparation, le tri, sont-ils une condition de l'amélioration du sort de ceux qui s'estimeraient lésés?

11) Pour en revenir à notre cause, à la lutte des FFI, n'avons-nous pas besoin d'une Marie-Mance passionnée, bouillante de colère, à l'ardeur chercheuse, ainsi que d'un Russel Bouchard qui aime manier la langue, ainsi que des Richard Harvey, Jacques Bergeron, JL. Dion, et de tous les autres, de tous vous autres?

Alors pourquoi vous battre entre vous, et faire le jeu de nos adversaires trop contents de vous voir vous étriper?

Je ne connais que quelques-uns des protagonistes, je n'en jugerai donc aucun. Permettez-moi seulement d'attester qu'Alfred Mignot, Secrétaire Général du FFI-Monde et créateur de ce précieux supoport qu'est Voxlatina, n'est ni néo-libéral ni impérialiste. C'est un vrai soldat au service de la cause commune.

Donc : halte au feu! Serrez-vous la main et resserrez vos rangs! Marie-Mance, je fais appel à vous...

Bien cordialement. A. Salon.


PIÈCE 4

Monsieur Salon,
Pour répondre à toutes les questions que vous posez dans votre adresse aux protagonistes de « l’affaire Mignot », il faudrait beaucoup de temps et de tact pour ne pas nous laisser distraire ou entraîner dans des dédales polémiques ou encore dans les méandres et les contorsions de pseudos intellectuels dilettantes.

Nous avons bien tenté de répondre à votre questionnement par ailleurs très pertinent via ce « précieux support », Vox Latina que dirige M. Mignot. Résultat : nous avons été envahis par la faction extrême des néo nationalistes québécois, puis bannis. C’était écrit ! C’est toujours le même scénario. Des assauts, des injures, des grossièretés puis le bannissement. Voilà comment l’ont peut tenir dans la noirceur et réduire au silence une voix qui rompt avec le discours patenté, et qui dénonce le piège que l’ont a tendu à la nation canadienne-française, aux Métis et aux Indiens, a ces peuples fondateurs sans qui rien de ce que vous pouvez percevoir du pays « du Québec » n’aurait été possible. Et c’est à ces peuples fondateurs que l’on a trahis et qui ont entrepris de reprendre ou de garder leur place en Amérique que l’on demande aujourd’hui de serrer les rangs et de se laisser mourir comme l’ont accepté les néo nationalistes québécois, pour que naisse ce pays dédié à « L’Autre », cette utopie dont on ne sait rien et qui arrive de nulle part ?

Cela n’est pas sérieux Monsieur Salon ! Il est d'ores et déjà trop tard pour ce pays moribond que beaucoup trop de vos concitoyens français ont idéalisé. Il faudra nous prendre comme nous sommes : des ayants droits naturels, riches de l’expérience du pays réel, qui reprennent le contrôle de leur destinée. L’éveil de l’ours endormi, le rappel de la mémoire !

Mes respects, Monsieur Salon,

Richard Harvey, Métis
Répondant auprès du Conseil de la Communauté Métisse du Domaine du Roy et de la Seigneurie de Mingan comme membre du FFI-Québec

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