L'encre de mon dernier livre, « La longue marche du peuple oublié », n'est pas encore sèche, et voilà que la droite néolibérale et néocolonialiste française, et son chapitre néonationaliste québécois, ont pris prétexte ces derniers jours pour torpiller les aspirations d'un peuple qui a décidé de se remettre en marche après un siècle et demi d'écrasement. À ce que je peux comprendre, par la rudesse des coups d'ergots carabinés sur le renom de son auteur par quelques mentors de cette frange aux accointances bien obscures, cette remise en route de l'ours métis boréalien dérange pour la peine des plans dans lesquels notre pierre tombale semble être déjà taillée, burinée et posée par ces gens dans le grand cimetière des peuples disparus. (voir les commentaires publiés dans les textes précédents)
L'un d'eux, M. Alfred Mignot, du journal virtuel Vox Latina, une personnalité parisienne fort connue de la francophonie néolibérale, dans une série de lettres ouvertes adressées ce 11 novembre 2006 à plusieurs Québécois, que : « Les logorrhées verbales du métis graphomane ne me semblent guère servir la cause nationale du Québec. Et cette approche ethniciste de l’identité relève plus d’un tropisme anglo que de la culture que nous, Français de France et du Québec, avons de la Nation. Une Nation bien métissée par sa longue Histoire et les vagues successives de migrants, nous le savons bien. Pour autant, se revendiquer en tant que métis ne me paraît guère inclusif, mais une posture essentiellement inspirée par le ressentiment, plus prisonnière du passé que porteuse d’avenir. » « Au risque de vous heurter encore, écrit-il dans une autre lettre adressée cette fois-ci à notre amie Marie-Mance Vallée, j’aimerais vous dire que je vous considère Française, comme vous l’avez d’ailleurs justement revendiqué dans d’autres courriels et articles ; [...] [ce qui veux dire] Française du Canada, comme d’autres le sont de Bretagne, du Perche, du Poitou ou d’ailleurs, qu’importe. »
Pour répondre à ce monsieur qui vit de l'autre côte de la grande marre atlantique, prenons le temps de préciser qu'il est au seuil de l'ingérence étrangère dans mon pays en plaidant ainsi en faveur d'un certain néonationalisme devenu rétrograde chez nous, et que nous nous disons Métis comme on se dit Indien, Inuit, Québécois, voire... Français, ce qui, au demeurant, est une attitude fort noble et fort acceptable en soi. S'il y a un peuple qui est ouvert aux autres peuples de la Terre, partout au Canada, c'est bien le peuple Métis, justement né de la rencontre des peuples et des continents. Nous acceptons en notre sein tous ceux et celles qui veulent y entrer pour construire quelque chose de sain en terme de société. Si nous avons décidé de nous affirmer collectivement, c'est justement pour ne pas mourir sous la houlette, les foulages au pied et les faux traités d'alliances des gouvernements coloniaux québécois et canadiens qui ont entrepris, voilà 150 ans, et qui s'y activent, à coups redoublés aujourd'hui, de nous faire disparaître de la mémoire collective planétaire, un crime contre l'humanité.
Que M. Mignot et ceux qui pensent comme lui comprennent bien que si les néocolonialistes québécois l'entendent ainsi —c'est-à-dire « Française du Canada, comme d’autres le sont de Bretagne, du Perche, du Poitou ou d’ailleurs, qu’importe. » (sic)— il est hors de question que les Métis du Québec acceptent de devenir ainsi et à nouveau une province de cette partie de la France, métropolitaine, anachronique, rétrograde et colonialiste qui a déjà prélevé plus que son dû de l'Amérique française et des Métis qui l'ont servie comme on sert un père qui aime mal ses enfants. À défaut de l'accepter, qu'il comprenne bien que, peu à peu, comme les anciens descendants d'esclaves des États-Unis, d'Angleterre et... de France, le Peuple Métis redécouvre sa fierté d'être. Qu'il se veut unique et solidaire et qu'il en a fini avec les maîtres, furent-il de Québec, de Montréal, d'Ottawa ou de Paris qui est cette partie de la France qui avait justement obligé Voltaire à l'exil après l'avoir par deux fois embastillé pour ses idées et pour avoir combattu la tyrannie. Et que si Voltaire aimait tout autant l'Angleterre que la Prusse de Frédéric II, comme il le lui a reproché, c'est justement pour fuir la tyrannie de salons qui logeait à Paris et à Versailles, cette même tyrannie que les Français durent placer sous la guillotine pour s'en libérer...
Russel Bouchard
Le Métis
(Adaptation d'une chronique rédigée le 11 novembre 2006)
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