samedi, février 25, 2006

Lettre à mes frères et sœurs Autochtones d’Amérique

Le 1er juillet 1992, j’ai réalisé le grand rêve de ma vie. Avec ma femme, un fils et un neveu, j’ai été faire unnpèlerinage à Wounded Knee et je suis passé par Pine Ridge puis par Little Bighorn et Chadron où j’ai serré la main du fondateur du Musée, Mr Charles Hanson Jr, un ami et collègue de travail qui s’est consacré, comme moi et avec moi, à l’histoire des armes de traite et à l’histoire de la traite des fourrures en Amérique du Nord. Sur la fosse commune des martyrs de Wounded Knee, j’ai pleuré sur votre drame qui est aussi le mien à quelque part. Sur le champ de bataille de Little Bighorn, en mon for intérieur, j’ai été solidaire de la victoire des Sioux qui, encore là, était un peu la mienne. Et, au mémorial Crazy Horse, j’ai été surpris d’une étrange fierté, comme si l’Esprit qui sommeillait en mon cœur s’était mis à bouger en moi, à me parler, à m’inciter au réveil. Pour être bien certain de mes sentiments, j’y suis retourné trois ans plus tard (été 1995), seul avec ma femme. Ce second pèlerinage dont le sens fut consacré par une visite sur la tombe du Métis Louis Riel, assassiné par le gouvernement du Canada pour des raisons politiques, confirma le message contenu dans les rêves surgis du premier.

De notre premier voyage, qui s’est étiré sur près de trois semaines, j’ai personnellement tenu un journal intime. Idem pour le second. Étant moi-même Métis (Montagnais – Canadien français et Écossais), partant de ce ressourcement, j’ai su qui j’étais vraiment et, en mon âme, par le lien de mémoire, par mon éducation et par ma culture saguenéenne, je me suis senti solidaire, totalement solidaire du peuple autochtone (entendons les Métis, les Indiens, les Inuits et les Canadiens français). La tragédie qui affecte les Indiens est donc également la tragédie qui m’affecte en tant qu’Autochtone puisque les Métis canadien-français du Québec combattent —moi en tête en tant que « lien de mémoire »—pour être reconnus officiellement comme la 12e nation autochtone du Québec.

Nous parler avec les liens du cœur et de l’Histoire qui nous unissent, c’est nous reconnaître mutuellement, s’assister, s’accompagner dans la place qu’il nous faut prendre dans la longue caravane de l’humanité. Je vous offre donc d’étendre ce lien de l’amitié entre votre peuple et le nôtre,

Russel Bouchard
Le Métis
Chicoutimi, Qc, Canada
2 décembre 2005

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