lundi, avril 27, 2009

Les Métis de l'Abitibi sortent de leur ouache




La Sarre, le 24 avril 2009

Affirmation de l’existence des Métis en Abitibi

Le jeudi 23 avril 2009, le chef Métis Marcel Paul et les membres du conseil d’administration de la Communauté Wikanis-Mamiwinik, en Abitibi-ouest, ont déposé au bureau de l’Interlocuteur fédéral auprès des Métis, l’Honorable Chuck Strahl, un résumé de l’ethnogénèse des Métis en Abitibi. Il a également demandé un appui financier pour compléter leur histoire et les identifier de façon fiable. Enfin, il a demandé un accès direct au bureau de l’Interlocuteur pour l’informer de leurs besoins culturels, économiques, politiques et sociaux.

Cette rencontre officielle qui constitue une première pour les Métis de l’Abitibi fait suite à la pétition des membres de la communauté métisse contemporaine déposée auprès du gouvernement canadien par le débuté bloquiste Marc Lemay, responsable des affaires autochtones au Bloc québécois.

Outre les membres du conseil d’administration de la Communauté et du député Lemay, le chef Paul était accompagné de l’anthropologue Sylvain Beaupré, de l’ethnologue Elyse Bégin et de l’avocat en droit autochtone Me Pierre Montour.

M. Beaupré a déclaré : «Consultez n’importe quel historien au fait de l’histoire de l’Abitibi, il vous dira qu’il y a des Métis».

Me Montour a précisé : «Leur ethnogenèse débute vers 1670 quand la France a multiplié les postes de traite en Abitibi-Témiscamingue en réaction à l’arrivée de la Hudson’s Bay Company (HBC) à la Baie James».

Originaire de Sorel, les Hus dit Paul ont été très nombreux à se lancer dans la traite des fourrures au 17ème siècle. On compte en effet plus d’une centaine de contrats d’engagement notariés des Paul pour la Grande Sauvagerie. Marcel Paul compte à lui seul quatre ancêtres sauvagesses et un guide métis de la HBC dans son arbre généalogique. Quant à sa mère, Anette Dicaire, elle descend en droite ligne des Métis Dicaire du Lac des Deux Montagnes (Oka).

Rendu récemment dans l’ouest canadien, le jugement Goodon a reconnu que ce sont les coureurs des bois et les Voyageurs originaires du Québec qui ont donné naissance aux Métis de l’Ouest.

Forts de ces informations cruciales, le sous-ministre adjoint Fred Caron, le conseiller principal en politiques André Guertin et le Chef de Cabinet adjoint Norm Vocino ont promis d’étudier le dossier qui leur a été remis avant de donner suite aux demandes.
M. Caron a précisé que le Canada n’avait aucune politique de reconnaissance officielle des communautés métisses à travers le Canada. Par contre, il accorde un accès exclusif à différents programmes gouvernementaux propres aux «autochtones hors-réserve» à un organisme pancanadien représentant les Indiens non inscrits et les Métis à la grandeur du Canada, le Congrès des Peuples Autochtones (le CAP).

Me Montour a précisé que les Métis de l’Ouest sont toutefois représentés par un organisme métis, le Métis National Council (le MNC), mais que celui-ci nie l’existence de Métis au Québec, de sorte que c’est le CAP qui les représente, ce qui est un non-sens. M. Caron a alors convenu que les Métis du Québec devaient être représentés par une organisation métisse.

La communauté métisse contemporaine Wikanis-Mamiwinik, dont le siège social est situé en Abitibi-Ouest, est une personne morale sans but lucratif, forte de 400 membres qui s’identifient Métis au sens de l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982.

Lors de la réunion, Marcel Paul a également informé le gouvernement que ses membres ont convenu d’exercer leurs droits ancestraux métis, c’est-à-dire leurs pratiques de chasse, de pêche et de cueillette à l’année pour des fins alimentaires, culturelles et spirituelles, et ce, quoi qu’il advienne.

Une seconde rencontre entre les parties est prévue dans un mois.

Lors du recensement de 2001, 3 810 personnes ont déclaré être Indiens ou Indiennes, en Abitibi-Témiscamigue, 1 125 Métis ou Métisses et 20 Inuit.

L’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 reconnaît et confirme les droits ancestraux existants des peuples autochtones, lesquels s’entendent notamment des Indiens, des Métis et des Inuit.

Source :

Luc Tremblay dir. Communauté Wikanis-Mamiwinnik
819-333-5232
buckenrut @hotmail.com