jeudi, décembre 10, 2009

La communauté métisse de la CMDRSM en crise / L'historien Russel Bouchard « tassé »

Russel Bouchard, le 21 juin 2008, journée des Autochtones canadiens, en train d'expliquer l'importance de respecter la mémoire des Métis et rendant hommage aux ancêtres dont les mânes reposent dans la fosse commune des Indiens de Chicoutimi, au cimetière Saint-François-Xavier.



La communauté métisse en crise /
L'historien Russel Bouchard « tassé »
Louis Tremblay
LE QUOTIDIEN CHICOUTIMI
10 décembre 09 -


La Communauté métisse du Domaine du Roy et de la seigneurie de Mingan traverse une profonde crise qui risque de la faire disparaître. L’organisme se dissocie de l’historien Russel Bouchard qui a réalisé toutes les recherches pour alimenter la bataille juridique visant l’obtention d’une reconnaissance officielle de l’État en vertu des dispositions constitutionnelles sur les peuples autochtones.

Au cours des derniers jours, des membres de la communauté ont contacté LE QUOTIDIEN pour dénoncer le comportement des dirigeants qui ont choisi d’écarter l’historien de la démarche devant les tribunaux. Ces critiques concernent plus spécifiquement Jean-René Tremblay, le chef du groupe, ainsi que les administrateurs André et René Tremblay qui auraient choisi, sans soumettre l’affaire aux membres, de ne plus recourir aux services de Russel Bouchard alors que la cause doit être entendue en Cour supérieure.

Joint hier, le principal intéressé a confirmé l’information au QUOTIDIEN en affirmant qu’il n’avait plus le choix et qu’il devait tirer sa révérence. Russel Bouchard n’entend toutefois pas permettre qu’on le dépouille de ses recherches menées depuis quatre ans pour asseoir l’argumentaire devant les tribunaux. « J’ai toujours dit que j’allais être respectueux du fruit de mes recherches et de la vérité historique. Mon prochain livre sera percutant puisque mes recherches démontrent que les deux peuples ont la même origine et ça ne fait pas l’affaire des intrigants qui dirigent la communauté », explique l’historien.
Ce dernier est évidemment déçu de la tournure des événements et ne voudrait pas que cette histoire démoralise les membres de la communauté qui, comme lui, agissent de bonne foi et en fonction d’une quête identitaire conforme à la réalité historique. La déception de l’historien est accentuée par le fait que les procureurs des Métis ont déposé en Cour supérieure une requête en provision financière afin d’obtenir l’aide du gouvernement du Québec pour soutenir leur cause.
« Maintenant qu’il y a de l’argent à l’horizon et que quatre années de travail ont été faites pour constituer la preuve, on me dit qu’on ne me doit plus rien, que tout est terminé. Ce travail m’appartient et le juge doit tenir compte de cette réalité dans sa décision. »

Russel Bouchard ne fera pas de quartier. Il met en garde l’historien qui osera prendre la relève dans cette cause en s’appropriant son propre travail. LE QUOTIDIEN a contacté d’autres membres de la communauté qui désirent conserver l’anonymat. Ces derniers ne digèrent pas le traitement réservé à l’historien et entendent se manifester en temps et lieu.

Position surprenante
En plus de montrer la porte à l’historien, la communauté est intervenue auprès de Saguenay pour faire perdre à ce dernier un projet qui lui aurait permis de mettre en évidence tout le travail de recherche dans le cadre de « Saguenay, capitale culturelle 2010 ».

« Je me vois donc contraint de vous aviser qu’en raison du refus de la Communauté métisse, votre projet ne pourra recevoir de financement dans le cadre de Saguenay, Capitale culturelle du Canada 2010. Il ne s’agit pas là d’un jugement sur la qualité de votre travail », écrit le fonctionnaire LucMichel Belley, dans une lettre adressée à l’historien.
Dans une missive émanant de la Communauté métisse, il est écrit que le projet de M. Bouchard est refusé. L’organisme signifie à la ville qu’elle mettra de l’avant le projet intitulé « Le peuple oublié ».

Il se trouve que le projet en question porte le même titre que l’un des livres de Russel Bouchard. Sur cet aspect du litige, l’historien affirme qu’il ne se laissera jamais dépouiller de ses ouvrages et encore moins du contenu de ses travaux.

Louis Tremblay
Le Quotidien