jeudi, décembre 21, 2006

« Détournement de la rivière Rupert et question autochtone au Québec » – À lire sur ce blogue, le 1er janvier 2007

À ne pas manquer, le 1er janvier 2007, « Détournement de la rivière Rupert et la question autochtone au Québec ». À coeur ouvert avec l'auteur de ce blogue, un jeu de questions (Mikaël Lalancette) et réponses (Russel Bouchard) qui a l'avantage d'éviter la langue de bois et d'aller droit au but sur la double question controversée, environnement et autochtones au Québec.

Bonne année 2007

Russel Bouchard

« LE TEMPS », Opinion Publique, 1880.

samedi, décembre 16, 2006

Joyeux Noël à nos visiteurs, à nos collaborateurs de la francophonie, aux Métis, aux Canadiens français et à tous les Autochtones d'Amérique

Notre premier devoir est celui de la mémoire. Nos pères étaient « voyageurs » qui étaient pour l'essentiel des Canadiens français, et nos mères étaient Indiennes ; ce qui fait de nous tous des « Sauvages » dans le sens le plus noble du terme, c'est-à-dire des MÉTIS ! Soyons-en fiers et méritons le respect. Méritons de vivre longtemps et pour le plus grand bien de l'humanité qui nous accompagne. Car si le sang s'hérite et que la vertu s'acquiert, comme le disait avec autant d'éloquence l'auteur de Don Cuichotte, « la vertu [entendons l'honneur] vaut par elle-seule ce que le sang ne peut valoir ».

JOYEUX NOËL !
Et c'est signé : Le Fils de l'Étoile du Matin, qui pourrait tout aussi bien être Le Métis, Akakia ou Russel Bouchard



La suite est un Poème épique, en l'honneur d'Octave Crémazie, poète nationaliste et figure mythique des Canadiens français. Il est né à Québec le 16 avril 1827 et est mort en exil, au Havre (France), le 16 janvier 1879. Comme Riel, Chénier, Groulx et tous ces autres, ce pays est comme une veuve noire ; il a la curieuse manie de tuer ses héros, ceux qui essaiment en lui et ceux qui réchauffent son âme. Merci à la France de l'avoir si bien accueilli.

« Le Chant des voyageurs »

A nous les bois et leurs mystères,
Qui pour nous n'ont plus de secrets !
A nous le fleuve aux ondes claires
Où se reflète la forêt,
A nous l'existence sauvage
Pleine d'attraits et de douleurs !
A nous les sapins dont l'ombrage,
Nous rafraîchit dans nos labeurs.
Dans la forêt et sur la cage
Nous sommes trente voyageurs.

Bravant la foudre et les tempêtes
Avec leur aspect solennel,
Qu'ils sont beaux ces pins dont les têtes
Semblent les colonnes du ciel !
Lorsque privés de leur feuillage
Ils tombent sous nos coups vainqueurs,
On dirait que dans le nuage
L'esprit des bois verse des pleurs.
Dans la forêt et sur la cage
Nous sommes trente voyageurs.

Quand la nuit de ses voiles sombres
Couvre nos cabanes de bois,
Nous regardons passer les ombres
Des Algonquins, des Iroquois.
Ils viennent ces rois d'un autre âge,
Conter leurs antiques grandeurs
A ces vieux chênes que l'orage
N'a pu briser dans ses fureurs.
Dans la forêt et sur la cage
Nous sommes trente voyageurs.

Puis sur la cage qui s'avance
Avec les flots du Saint-Laurent,
Nous rappelons de notre enfance
Le souvenir doux et charmant.
La blonde laissée au village,
Nos mères et nos jeunes soeurs,
Qui nous attendent au rivage,
Tour à tour font battre nos coeurs.
Dans la forêt et sur la cage
Nous sommes trente voyageurs.

Quand viendra la triste vieillesse
Affaiblir nos bras et nos voix,
Nous conterons à la jeunesse
Nos aventures d'autrefois.
Quand enfin pour ce grand voyage,
Où tous les hommes sont rameurs,
La mort viendra nous crier : Nage !
Nous dirons bravant ses terreurs :
Dans la forêt et sur la cage
Nous étions trente voyageurs.

OCTAVE CRÉMAZIE, Québec, janvier 1862.

mercredi, décembre 13, 2006

Les fraudes amérindiennes en France – Refusez de vous faire plumer !

Les fraudes amérindiennes en France
Refusez de vous faire plumer !
Une discussion initiée par le chef Métis Archie Martin, qui mérite toute notre attention dans le site « La Nation Autochtone du Québec ». Pour prendre connaissance et participer : < http://www.autochtones.ca/forum/viewtopic.php?t=2066&postdays=0&postorder=asc&start=0 >

*Archie Martin est membre de la Communauté 12-Montréal-Hochelaga de l'Alliance Autochtone du Québec. Il est le représentant culturel des Métis de l'Est dans les Maritimes et le représentant Acadien de l'Union des Métis Est-Ouest.


Mise en situation de notre ami et congénère Archie :

« Depuis une dizaine d’années en France le phénomène Amérindien prends de plus en plus d’ampleur. Village Indianistes, week-ends Ouest Américains, Festivals Country et Rodéo Shows permettent à un certain nombre d’individus de se faire connaître en tant que Véritables et Authentiques Indiens d’Amérique. Capables de pouvoir vous faire participer à des cérémonies ancestrales ou de danser pour vous et cela moyennant un certain prix.

Ce que beaucoup ignorent ou/et veulent continuer à ignorer, c’est que malheureusement étant en Europe, ces personnages sont souvent des Blancs qui ne cherchent qu’à profiter de l’admiration des gens pour une culture et des traditions méconnues en France. Ceci dans le but de se faire un revenu mensuel très substantiel et/ou de satisfaire un égo démesuré qu’une vie normale ne pourrait pas.

Or, souvent ils sont amérincains et non amérindiens, voir allemands et même belge si ce n'est tout simplement français et intéressés.

COMMENT RECONNAITRE UNE FRAUDE

1. Les propriétaires de l'emplacement payent pour construire un site Web. Ils n'emploient pas un des fournisseurs libres tels que Geocities, mais utilisent un emplacement légitime possédé par une nation indigène légitime, ou un emplacement fourni par une université. Moins de 1% d'Américains indigènes ont accès à des ressources informatiques.

2. L'utilisation de mots Européens pour décrire des cérémonies comme "danse du Soleil", "loge de sudation" afin de les vendre via l'Internet. Les références aux prédictions hopis, des accusations décrivant les Aînés Amérindiens traditionnels comme égoïstes, avides, ou idiots, alors que le propriétaire du site se dépeint en comparaison comme généreux, partageant sa spiritualité avec tous ceux qui le souhaitent.

3. L'utilisation d'images indiennes stéréotypées et/ou occidentales indique la fraude. Les Loups, les demoiselles indiennes à moitié nues sont des signes de sites irrespectueux. Les femmes amérindiennes sont modestes et la plupart des autochtones désapprouvent la pornographie et les pratiques sadomasochistes. Les sites qui préconisent le sexe tantrique comme une pratique spirituelle amérindienne, sont dangereux aussi bien qu' humiliant aux yeux des Natifs. Soyez vigilant lorsque vous voyiez des utilisations de phrases du type : « Sauvez Mere Terre » ou « Frere Soleil - Frere Loup ou encore Sœur Lune ».Ce sont des appellations vides de sens qui ne font référence qu'à une sorte d'activisme. Un autre signe sûr de fraude est la référence à d'autres sites Internet en tant que "loges", "clans", ou "repaires" de même que l'utilisation trés cliché du fameux, "nous sommes tous reliés - Mitakuye Oyasin".

4. Des chefs qui exigent des honoraires exorbitants et se portent volontaire pour faire des conférences afin de voyager partout dans le monde afin de partager leur 'connaissance 'spirituelle doivent être évités à tout prix. Les pratiques spirituelles amérindiennes sont spécifiquement liées à leur géographie. Ceux désignés comme hommes-médecine légitimes NE QUITTENT PAS LEURS COMMUNAUTÉS. Nos pratiques spirituelles varient considérablement de région en région aussi un chef spirituel reconnu reste dans une communauté vivante et prospère. Les Shamans de plastique qui voyagent partout dans le monde sont habituellement des leaders de cultes. Ils ne peuvent que nuire religieusement, émotionnellement et financièrement.

5. L'utilisation du terme "Shaman" à lui seul est une bonne indication de fraude. En fait c'est la contraction des deux mots «Shame (honte) et « Man » (homme). Un Shaman est donc un « homme de la honte ». Les chefs spirituels n'emploient pas ce terme. Les vrais chefs spirituels ne fument pas de cigarettes, ne boivent pas d'alcool, et également ne touchent pas à la drogue. N'IMPORTE QUI s'engageant dans ce genre de pratiques tout en prétendant être un 'Shaman 'est une fraude, POINT ! ! ! ! Les Chefs Spirituels ne le deviennent pas en passant des diplômes Universitaires. De plus, ceux d'entre nous qui ont reçu une éducation Universitaire savent trés bien qu'il aurait fallu renoncer à nos études pour pouvoir atteindre un tel niveau de spiritualité. Donc si votre « Shaman » est diplômé, c'est un fraude. Garanti.

6. Les livres d'or remplis de témoignages élogieux laissés par des personnes avec des noms aux allures Indiennes et trés clichés du style Loup Gris, Aigle Bleu et Coyote ou n'importe quel nom commençant par « femme » comme Femme-Oiseau est par définition TRÉS SUSPICIEUX. Un commentaire élogieux laissé par des Européens, particulièrement des Allemands, indique presque toujours un site frauduleux.

7. Le mélange des traditions spirituelles Amérindiennes aux cartes de tarot, aux runes, au reiki, aux totems Australiens, à l'astrologie, à la numérologie, à la réflexologie ou à tout autre "- ologies". N'importe quelle tentative d'assimiler des pratiques indigènes avec de nouvelles philosophies New Age n'est rien d'autre que de la censure ! Si vous nous respectez vraiment, ne contribuez pas à l'assimilation des pratiques spirituelles américaines indigènes avec le New Age!

8. Le clické gauche de votre souris est-il neutralisé pour vous empêcher de 'voler 'les graphismes d'un site? Y a-t-il des programmes Java pour les faire onduler comme de l'eau? C'est un autre bon indicateur que vous pourriez avoir à faire à des fraudes. La plupart des Amérindiens sont toujours trés pauvres et habituellement n'ont pas accès aux graphismes ou aux logiciels chers (il y a quelques exceptions avec les universités tribales LÉGITIMES). Si le site est vraiment trés beau, s'il accepte les cartes de crédit via PayPal, c'est probablement une escroquerie. Ne jugez jamais un site Web par ses graphismes. En outre, une combine pour protéger les intérêts des concepteurs ne fais pas partie des valeurs amérindiennes traditionnelles.

9. Comme tous les escrocs, les Shamans de plastique ou les faux Amerindiens font preuve de beaucoup de paranoïa. Ils exprimeront fréquemment des craintes qu'ils ont des "ennemis" partout qui sont "prêt à tout pour les avoir". (les ennemis sont habituellement les gens comme nous, les véritables Amérindiens ou les Indiannistes ou Wanabees qui pourraient leur chiper de la clientèle) les craintes de conspirations les amènent à menacer parfois violemment . Nous-même avons été menacés de mort. L'utilisation de technologie ou programme d'espionnage cachés dans des Cookies sur les sites, est pratique courante. C'est une attitude très européenne. Les Aînés légitimes n'ont pas accès aux technologies de sécurité sophistiquées.

10. Souvent les Shamans de Plastique font références à Chief Seattle, Archie Lame-Deer, Grace Spotted Eagle, Rolling Thunder, Wallace Black Elk, Ed Eagleman McGaa, Black Elk. Ces personnes ont été discréditées par leurs tribus respectives. Beaucoup de sites Amerindiens ont publie des avertissements contre eux.

11. Les faux Danseurs ou Amerindiens trouveront toujours une raison pour expliquer pourquoi ils ne sont pas de peau « rouge » ou ne parle pas l'Americain. Ils ont grandi en Europe, ils sont en fait métissés.

12. Les fraudes Américaines vivant en France doivent porter une carte de séjour, leur véritable nom est inscrit dessus. Nous parions tout ce que vous voulez que cela n'est pas « LittleBear» ou « Blackbear ». De même, s'ils peuvent se procurer un compte en banque avec un de ces noms, puisqu'ils s'en servent comme nom de scène, cela ne veut pas dire que ce nom soit amérindien.
ARCHIE MARTIN »



Une réplique parmi d'autres à propos des chamans :
Le terme « chaman » (shamman ») est déjà une erreur en soi lorsqu'il est appliqué aux Indiens d'Amérique. Regardez bien dans tous les dictionnaires et il est relatif —exclusivement— à une religion ancienne qui se pratiquait en Asie (le chamannisme). Ce sont, encore une fois, les Européens qui l'ont erronément appliqué à la spiritualité des Indiens d'Amérique. Chez les Indiens de l'époque missionnaire de l'Amérique du Nord, on parlait alors de « sorcier » et de « jongleur ».

Qualifier quelqu'un de chaman chez nous est une aberrance en soi. Le chamannisme asiatique était une religion idolâtre, alors que les Indiens du nord-est de l'Amérique étaient plutôt « animistes », c'est-à-dire qu'ils croyaient que toutes les choses ont une âme. Leurs sorciers savaient interpréter les songes, incantaient les esprits bons et mauvais, utilisaient des amulettes parce qu'elles avaient une âme ; ils disaient pouvoir commander à l'âme du vent, à l'âme de la pluie, à l'âme de la neige, à l'âme des ombres, etc., qui les visitaient du reste dans les songes afin d'être interprétées. Pour y arriver, ils avaient régulièrement recours à la tente tremblante, la suerie (ce que les Européens appellent tente à sudation)

Je ne saurais trop vous inviter à fouiller davantage et à en discuter. Faites-nous avancer par vos découvertes et vos commentaires et n'hésitez surtout pas à tout remettre en question (avec élégance et respect cependant). À commencer par ce que je viens de vous dire, si jamais vous découvrez que j'ai erré, ce qui est toujours du domaine du possible puisque nous interprétons l'histoire chacun à notre façon. La liberté et l'affirmation de l'être commencent par là : remettre en question les acquis, faire l'effort de bien s'informer et savoir ce que l'on dit.

Allez-y ! Faites-nous avancer...

Russel Bouchard
Le lien de mémoire de la CMDRSM (qui pourrait être en quelque sorte un... chaman, ce dont je me refuse car chez les Métis canadiens il n'y a jamais eu de chaman.

Une réplique concernant la culture distinctive des Métis et des dreams catchers :
Même chez nous, au Québec, le dream catcher est un emprunt. Cet objet symbolique appartient à la culture des Indiens des plaines. Face à tous ces emprunts, à cette récupération mercantile et à cette dérive, il n'y a qu'une parade : RESTER SOI-MÊME ! Et pour rester soi-même, il vous suffit de ne pas en mettre plus qu'e vous en avez. Plongez à l'intérieur de vous, questionnez votre propre vécu culturel, et vous verrez à quel point vos comportements, vos émotions, vos apprentissages sont des indicateurs originaux par rapport à toutes les autres cultures de l'humanité.

Bref, ayez confiance en ce que vous êtes et sachez vous apprécier. Partez à la découverte de votre spécificité, ce qui est, à mon avis, le rapport intime entre la personnalité de l'individu et celle du groupe à lequel vous dites appartenir. C'est une question d'identité. Sortez des livres et des modèles à la mode ; soyez vous-mêmes, et vous verrez à quel point vous êtes « distinctifs ». Il y a un corps communautaire ethno-culturel que l'on appelle le peuple Métis, et chacun de vous, chacun de nous a quelque chose de différent qui forme un tout, un peu comme les empreintes d'un doigt dans l'ensemble du corps. Vous êtes uniques et distinctifs, donc partie originale d'un tout spécifique...

J'essaie d'être le plus simple possible pour vous expliquer des codes d'initiés qui permettent aux « spécialistes » de vous observer et de vous comparer pour vous évaluer afin de vous renvoyer une image plus ou moins fidèle de vous. Ne vous laissez pas berner. Restez vous-mêmes...

Russel Bouchard

Une belle discussion en cours donc, avec plusieurs participants, une discussion bien menée, polie et surprenante par la qualité des interventions...

mardi, décembre 12, 2006

Nouvelle loi sur la forêt - Cri du coeur d'un Métis de la Côte-Nord

« Le ministre Corbeil (Gouv. du Québec) *_Libéral_* veux se donner des droits et jouir avec ses amis de notre ressource forestière à notre détriment dans l'intimité avec la complicité du patronat forestier. Nous ne devons jamais laisser une telle chose se faire. Depuis trop longtemps nous laissons les politiciens assouvir leurs soifs de pouvoir et jouir d'une trop grande liberté. Je suis Métis et jamais je ne laisserai faire une tel chose ; la Côte-Nord est l'un des plus grands territoires forestiers du Québec, une ressource déjà très mal administrée par les gouvernements actuel et passé ; nous ne comptons plus les gaspillages, les cafouillages, les manigances de toutes sortes, et pour votre information je vous envois quelques photos très récentes de grande quantité de bois qui est en train de pourrir et qui ne servira même pas à la communauté locale et en plus il faudrait que nous le regardions passer sous notre nez sans rien dire !!! Attention ! Soyez prudents M. Corbeil. Nous sommes très attentif à vos manoeuvres sournoises. Vous êtes sous bonne surveillance. Sachez que pour notre part les Métis sont là et nous avons des yeux et des oreilles partout. Le gouvernement met tout en oeuvre pour faire taire, même anéantir les Métiss, mais ils ne pourront jamais y parvenir nous sommes là et nous veillons sur notre territoire.

Note pour les journaux... Je vous écris souvent mais vous ne me publier jamais. Pourquoi?
Marco Gauthier Métis
Communauté Métisse du Domaine du Roy et de la Seigneurie de Mingan
Rivière-Pentecôte, Qué.
418-799-2241

J'ai joint à mon écrit une réfférence et des photos;
Carte du site: Accueil arrow Bulletin du lundi arrow série 2006 arrow L'art de passer un sapin


L'art de passer un sapin Version imprimable
Robert Laplante

11-12-2006

C'est un vieux truc de la joute parlementaire, il n'y a pas de meilleur moment que la fin de session pour passer les projets de lois qui pourraient, en temps normal, valoir un mauvais quart d'heure à leurs promoteurs. C'est ce que tente de faire Pierre Corbeil, le ministre des Ressources naturelles et de la Faune, avec le projet de loi 49.

Bien enrobée dans les considérations techniques, la modification proposée à la Loi sur les forêts constitue en fait une manœuvre sournoise pour paver la voie à une réforme en profondeur de notre régime forestier. Sous prétexte de jouer les accommodants et de fournir à l'industrie la souplesse qu'elle réclame pour tenter de sortir de la crise, le ministre propose rien de moins que de céder sur le point essentiel de la revendication de Guy Chevrette et de ses employeurs, le Conseil de l'industrie forestière du Québec : la délocalisation des Contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestier (CAAF).

La loi actuelle, on le sait, prévoit que le CAAF rattache un volume de bois à une usine. Les industriels réclament désormais de pouvoir fermer les usines tout en continuant de bénéficier des approvisionnements qu'ils souhaitent diriger là où bon leur semble. Ils veulent passer du lien CAAF/usine au lien CAAF/entreprise. Dans cette perspective, il n'y a plus aucune garantie que les communautés forestières puissent profiter de l'exploitation de la forêt. Ce sont les plans d'affaires des compagnies qui vont décider du sort des collectivités. Pour les villages mono-industriels, on voit la catastrophe : cette revendication condamne les populations locales à se bercer sur les perrons en regardant passer les camions qui transportent ailleurs le bois récolté dans leur région. Ou à déménager avant que leur village ne soit complètement mort et que leurs maisons ne valent plus rien.

Le projet de loi 49 ouvre la porte à un transfert de bois d'une usine à l'autre. Il va autoriser les pratiques qui serviront à invoquer le précédent. C'est l'annonce de la capitulation : les grands industriels vont faire et défaire la structure du peuplement et l'organisation du territoire.

C'est un beau cadeau de Noël qu'on prépare aux communautés forestières. Les décisions que vont prendre les compagnies avec le bois qui appartient à la collectivité québécoise vont servir à attiser les conflits entre les villes et villages qui vont s'affronter pour savoir si Pierre va profiter des vêtements qu'on arrachera à Paul. Tout le monde va danser sur une plaque chauffée à blanc par les plans de restructuration. C'est indécent de laisser ainsi le chantage à l'emploi servir de philosophie de gestion d'un bien public. C'est un pur scandale de laisser les populations à la totale merci de décisions privées qui n'ont aucunement à prendre en compte l'intérêt public, le tout avec des ressources forestières qui appartiennent à l'ensemble des Québécois. Cela s'appelle la démission politique.

Les choses seraient déjà suffisamment navrantes pour que ce projet de loi meure au feuilleton. Mais comme c'est Noël, il y aura donc un dindon autour de la farce. Le projet de loi 49 confère au ministre des Ressources naturelles et de la Faune des pouvoirs qui, dans la loi actuelle, relèvent de l'Assemblée nationale. Passant du législatif à l'exécutif, plusieurs dispositions du projet de loi vont donc conférer au ministre un pouvoir exorbitant, le pouvoir de façonner, par ses décisions sur l'utilisation des ressources forestières, les conditions environnementales, économiques et sociales avec lesquelles les collectivités locales devront composer et ce, à l'échelle de tout le Québec forestier. Ces dispositions permettront au ministre de disposer comme il l'entend des vœux pieux qui pourront être exprimés sur la ruralité, l'occupation du territoire et le développement régional. Il aura tout ce qu'il faut pour s'entendre avec les grands industriels pour agir sur les déterminants de la mise en valeur d'une ressource stratégique.

Ceux-là qui s'inquiètent déjà de la culture du copinage entre le ministère et l'industrie n'ont pas fini de frémir. Ce ne sera pas seulement la loi du silence qui prévaudra désormais, ce sera la ruine du langage. Car adopter ce projet de loi avant la tenue du Sommet forestier qu'on nous annonce pour le printemps prochain, c'est condamner l'ensemble des participants au babillage inoffensif.

Ce projet de loi constitue le premier mouvement d'une réforme inavouée. C'est une manœuvre anti-démocratique qui tente de présenter comme des accommodements des mesures qui dénaturent l'esprit et la lettre du régime forestier actuel. Ce projet de loi trahit également la philosophie du rapport Coulombe en plus de rendre inapplicables certaines de ses recommandations les plus importantes. Ce rapport plaidait pour une plus grande transparence dans la gestion, le ministre y répond par une manœuvre qui va rendre la gestion encore plus opaque et accentuer la crise de confiance des citoyens à l'égard de la façon dont notre État s'acquitte de sa responsabilité. Quant à l'élargissement du rôle des autorités locales et régionales, il pourrait bien n'être plus réduit qu'à la multiplication des occasions de joindre les chorales de lamentations.

C'est pitoyable mais il faut bien le constater, ce gouvernement s'apprête à utiliser notre Assemblée nationale contre l'intérêt national. La forêt nous appartient à tous. Elle constitue un patrimoine fabuleux qu'aucun politicien ne devrait avoir le droit laisser à la merci de l'intérêt privé. La forêt doit servir à la prospérité du Québec avant d'être un instrument dans les mains des actionnaires des grandes sociétés. Le ministre Corbeil s'apprête à nous passer un sapin.

Le projet de loi 49 ne doit pas être accepté. Le PQ et l'ADQ seront-ils à la hauteur et sauront-ils trouver les moyens d'utiliser les règles parlementaires pour faire obstruction et pour éviter un tel affront à la démocratie ? Il faut l'exiger d'eux. Autrement le Québec forestier n'est pas sorti du bois.

vendredi, décembre 01, 2006

Reconnaissance de la nation québécoise - Des chefs amérindiens y voient un affront

Reconnaissance de la nation québécoise
Des chefs amérindiens y voient un affront

Presse Canadienne (PC)
01/12/2006 07h33

Des leaders amérindiens du Manitoba considèrent que la résolution du gouvernement fédéral à propos de la nation québécoise est une autre preuve du manque de respect du pays envers les premières nations.
Chris Henderson, grand chef de la «Southern Chiefs Organization», a qualifié la motion, adoptée cette semaine à la Chambre des Communes, de claque au visage.

Il a dit que c'était encore plus blessant que cette motion eut été adoptée la même semaine que le Canada eut voté contre l'adoption d'une Déclaration des droits des peuples indigènes, proposée par les Nation unies.

Ron Evans, grand chef du «Assembly of Manitoba Chiefs», a fait parvenir une lettre au Winnipeg Free Press déclarant que cette motion n'apportait pas grand chose.

«Le gouvernement du Canada vient de prouver à nouveau, a-t-il écrit, qu'il ne possédait pas l'intégrité ou la volonté politique - au-delà d'un geste symbolique - de répondre aux inquiétudes des Québécois, comme il n'ont pas la volonté ou l'honneur d'attribuer aux peuples indigènes la place qui leur revient.»

Oscar Lathlin, le ministre des Affaires aborigènes et du Nord du Manitoba, a déclaré qu'il était d'accord que le rôle joué dans l'histoire du pays par les peuples des premières nations devait être reconnu à sa juste valeur.

Cependant, il croit que les Amérindiens devraient se préoccuper tout d'abord de problèmes urgents, comme la santé et le logement.