jeudi, juin 29, 2006

Approche commune : rendez-vous raté avec l'histoire

« Approche commune : Picard envoie de l'huile sur le feu !
Carol Néron, Le Quotidien, 29 juin 2006

Raphaël Picar envoie un fort mauvais message aux Québécois croyant toujours dans les vertus de l'Approche commune, malgré les menaces que cette négociation fait peser sur les économies des collectivités blanches, et ce, même avant la signature d'un traité officiel. Directement concerné par l'isue de ce débat, le Saguenay–Lac-Saint-Jean trouve quant à lui une nouvelle raison de s'inquiéter

La poursuite de 11 milliards $ que le chef innu de Pessamit (auparavant Betsiamite), sur la Côte-Nord veut intenter contre le gouvernement québécois fait mal paraîtrel'ensemble de la communauté à laquelle il appartient.

Comment peut-on oser croire, ou même espérer, que la conclusion d'un traité sera à l'orifgine d'une ère nouvelle dans les relations avec les Autochtones, quand l'un des leurs parmi les plus influents n'hésite pas à renier sa propre signature, apposée au bas d'un document dont l'encre n'est pas encore sèche ?

[...]

La voie empruntée par Raphaël Picard, ne laisse aucun choix aux Blancs. Ils doivent exiger l'imposition d'un moratoire sur l'ensemble du processus relié à la négociation du Traité de l'Approche commune. Le temps que la requête soit entendu ou qu'un tribunal tranche définitivement dans le débat »




Chicoutimi, le 29 juin 2006
Russel Bouchard à Carol Néron

Mon cher Carol,
À propos de ton édito de ce matin (Le Quotidien) portant sur les abus du chef ilnut, Raphaël Picard, et l'Approche commune. Note presque parfaite ! Je dis « presque », parce que je suis d'avis qu'il aurait été davantage convenable de ne pas réduire aux seuls « Blancs » le droit des autres qui sont méprisés dans cette affaire. En soulevant ce point, je songe à tous, ce qui n'exclut personne, mais plus spécifiquement aux Métis qui luttent durement pour leur dignité, pour leur survie et pour la reconnaisse officielle de leur existence.

« La voie empruntée par Raphaël Picard, écris-tu, ne laisse aucun choix aux Blancs. Ils doivent exiger l'imposition d'un moratoire sur l'ensemble du processus relié à la négociation du Traité de l'Approche commune. Le temps que la requête soit entendu ou qu'un tribunal tranche définitivement dans le débat ». Depuis le temps qu'on en cause, j'ai soulevé de toutes les manières possibles ce problème ethno-constitutionnel qui heurte des principes fondamentaux du droit humain dans le dossier ténébreux de l'Approche commune (celui de l'égalité des droits et des chances). Et j'ai fini par comprendre qu'il n'y a qu'une seule façon de régler honorablement, pacifiquement et ad vitam aeternam ce problème récurrent et endémique propre au Canada. Il n'y en a pas d'autres, car la raison a tiré sa révérence depuis longtemps dans cette affaire, ou plutôt cette dérive favorisée par l'incapacité de nos politiques à comprendre les rouages qui font se mouvoir les sociétés humaines. Pour y arriver, le passage obligé est incontournable : on ne peut faire autrement que d' intervenir par le biais de l'article 35 de la Constitution et obliger tout ce beau monde à comprendre qu'il y a une solidarité humaine qui n'en écarte aucun et qui est à la base de la construction de ce pays, et que ceux qui brandissent le statut d'«Indiens» dans le but efficient d'en tirer profit pour eux, sont loin d'être seuls à détenir des droits ancestraux constitutionnels sur le territoire.

Si on veut couper court à cette dérive sociétale qui risque de pousser à bout la tolérance populaire, il faut remettre le pendule de ce pays —la fraternité— à l'heure de l'humanité et remettre à l'ordre du jour le principe universel voulant que tous et toutes sont égaux en droits et en chances. Et, selon ce que j'ai cru comprendre des ressorts qui règlent la marche des sociétés humaines, le seul levier constitutionnel et légitime qui peut, à ma connaissance, permettre ce redressement, passe par la reconnaissance des Métis, et, idéalement par celle des Canadiens français, des autochtones tout aussi injustement méprisés pour ce qu'ils sont dans ce pays. À tout peser, je ne suis pas tout à fait insensible à l'idée voulant que la résurgence du fait Métis, non seulement au Saguenay–Lac-Saint-Jean–Côte-Nord mais dans tout le Canada, s'explique, partiellement, par un réflexe de survie propre à chaque société humaine qui meuble l'esprit de notre univers.

Avec mes considérations et l'esprit de ma plus sincère fraternité,

Russel Bouchard
Le Métis

mercredi, juin 28, 2006

L'enseignement du créationnisme chez les Inuits de Salluit / Dieu ou Darwin ? L'ANEQ prend position officiellement

« Incident de Salluit concernant l’interdiction d’enseigner l’évolutionnisme aux élèves du secondaire de la Commission scolaire Kativik : Non à la censure et au « créationisme » à l’école ! Oui au respect de l’héritage traditionnel inuit sans contradiction avec le savoir scientifique !

Montréal, le 30 mai 2006 – L’Association de l’enseignement du Nouveau-Québec (AENQ) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) trouvent dangereuse et dénoncent la position prise par la Commission scolaire Kativik (CSK), le 23 mai dernier, concernant la censure de l’enseignement des principes de l’évolution biologique. L’Association et la Centrale rappellent à la commission scolaire ses responsabilités envers la population du Nunavik en vertu de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois et elle l’incite à entendre l’appel lancé par le ministre Fournier pour assurer des services éducatifs de qualité aux élèves du Nunavik.

Elles souhaitent également que la commission scolaire cesse de perdre temps et énergie à encourager ou camoufler la censure dans ses écoles et qu’elle se concentre plutôt à créer un espace de dialogue entre les Inuits habitant les communautés du Nunavik et les enseignants « qallunat » (allochtones), dans le but de renforcer leur respect et confiance mutuelles nécessaires pour assurer aux élèves les services auxquels ils ont droit.

D’ailleurs, le président de l’AENQ, monsieur Patrick D’Astous, souligne qu’« il n’y a pas contradiction entre la transmission par les enseignantes et les enseignants de l’héritage culturel des peuples autochtones, notamment dans les récits oraux de création du Monde et les savoirs fondés sur la science tels que l’évolutionnisme. Le programme d’histoire de 4e secondaire adapté par les Cris en est un exemple parfait ».

« Interdire les explications basées sur des connaissances scientifiques tel que l’a fait la commission scolaire Kativik est inacceptable et dangereux. Dans le cas de monsieur April, l’enseignant à Salluit, cela revient à censurer les informations que peuvent transmettre les enseignants aux élèves du Nunavik et ce, au nom de dogmes religieux comme ceux prescrits par l’église Pentecôtiste. À quand l’embauche d’enseignantes et d’enseignants basée sur des critères religieux ? »

Le président de la CSQ, monsieur Réjean Parent ajoute pour sa part que « les élèves du Nunavik doivent avoir droit à la même qualité d’enseignement que celle que reçoit l’ensemble des élèves du Québec ». Il précise que cela doit se faire dans le respect des différences culturelles de chaque communauté.»

Profil de l’AENQ

L’Association de l’enseignement du Nouveau-Québec, affiliée à la CSQ, regroupe plus de 1300 membres. Elle représente les enseignantes, les enseignants et le personnel de soutien des commissions scolaires Kativik et Crie.

Renseignements : Patrick D’Astous
Président AENQ
Téléphone : 514 356-8888
Cell. : 514 714-2396 »

mardi, juin 27, 2006

La « nation sociologique », la « nation légale », la « nation civique », ou l'art de rendre la clarté ténébreuse...

Si Stéphane Dion le dit, se peut-il que cela soit vrai ?!

Même si le penseur fétiche des Libéraux s'emploie à avaler une bouchée un peu grosse avec une fourchette à deux dents, nul ne m'en voudra de préciser que la question qu'il soulève a de quoi susciter le débat de ce côté-ci de l'Outaouais. Alors, si cela est selon, s'il y a bel et bien une différence cruciale et lourde de conséquences entre nation « sociologique » et nation « légale » (sic), qu'est ce qui empêche nos gouvernements, québécois et fédéral, de reconnaître l'existence de nations métis sur leur propre territoire. Et, vu que nous y sommes, qu'est-ce qui a empêché Stéphane Dion, alors qu'il était ministre senior au Parlement fédéral, de nous l'avoir précisé quand il en avait les pouvoirs et prérogatives ?

Gérard bouchard, l'idéologue des nationalistes québécois qui en sont quitte aujourd'hui pour la plus grande des confusions identitaires, nous avait presque habitué (c'était avant son échec avoué de la semaine dernière !) à l'idée d'une « nation civique québécoise ». Voilà que son clone fédéral, Stéphane Dion, en remet sur l'enclume en prétendant que la nation tout court n'existe pas et qu'il faut plutôt comprendre qu'elle est soit « sociologique » soit « non légale ». Grand Dieu du Ciel bleu que ça doit bien se placer dans un CV déposé sur le parquet d'un parlement étranger pour clamer, devant le spectre de l'univers, que nous sommes un, solidaire, et en marche au sein de la caravane de l'humanité.

Moi qui suis bien peu dans cette affaire ou les bouffons sont roi, je vous avoue mon étonnement de découvrir à quel point les députés sont capables de tous quand ils sont à l'opposition et totalement capables de rien lorsqu'ils ont le pouvoir bien en main pour changer le cours de leur histoire.

Pour le peuple Métis de la Boréalie, qui vit bien accroché sur son territoire, qui en arrache contre les préjugés et la médiocrité humaine logeant en nos parlements, pour cette communauté ethno-culturelle spécifique qui a toutes les peines du monde à se faire reconnaître comme collectivité fondatrice de ce pays, par quel étape, autre que celle du droit à la vie, à la dignité humaine et au bonheur, devra-il passer avant de se faire reconnaître —simplement— son droit fondamental à l'existence parmi les autres ? Nation civique (!) nation sociologique (!!) nation non légale (!!!). Se pourrait-il que la politique soit l'art de compliquer l'évidence au point de la rendre totalement informe et de polluer la réalité qui soumet les humains dans un milieu donné (ce qui est la nation) avec les sels de la confusion ?!

Pourtant, dans cette affaire, mais peut-être suis-je un peu trop niais, tout me paraît si simple quand je lis le « Dictionnaire français-latin » : « Nation », du latin « Natio onis » ; qui veut dire gens, réunion d'hommes et de femmes formant une société politique régie par des institutions communes, habitants d'un même État. À mon humble avis, y ajouter quoi que ce soit d'autre n'aura toujours qu'une fin, soit celle de compliquer l'évidence pour épater la galerie, et n'aura toujours qu'un but, celui de tromper pour dominer...

Russel Bouchard



Le Québec est une nation sociologiquement, pas légalement, dit Stéphane Dion

OTTAWA (PC) - L'aspirant au leadership du Parti libéral du Canada Stéphane Dion affirme qu'il ne voit aucun problème à reconnaître que le Québec forme une nation.

"Si on dit que les Acadiens sont une nation, que les autochtones sont une nation, pourquoi ne pas dire que les Québécois sont une nation? a-t-il déclaré en entrevue, lundi. Tant qu'il n'y a pas de conséquences légales à cette reconnaissannce, je n'ai aucun problème avec cela."

M. Dion, le seul candidat québécois à la succession de Paul Martin, a critiqué le refus du premier ministre Stephen Harper, au cours du week-end dernier, de parler du Québec comme d'une nation alors qu'il était de passage dans la province pour y célébrer la Fête nationale.

"Je ne sais pas pourquoi il a dit 'Vive la Fête nationale' et pas que les Québécois sont une nation. Il n'y a pas de problème à reconnaître le Québec comme une nation, à condition que ce soit la définition sociologique du mot, pas la définition légale", a affirmé M. Dion.

Pendant ses huit ans comme ministre des Affaires intergouvernementales de l'ex-premier ministre Jean Chrétien, Stéphane Dion s'est fait le défenseur acharné du fédéralisme. A la suite du référendum de 1995 sur l'indépendance où le Oui a failli l'emporter, il n'a cessé de contester le droit de la province de déclarer unilatéralement son indépendance. C'est lui qui a été le fer de lance du renvoi en Cour suprême qui a statué qu'une déclaration unilatérale serait illégale, lui encore qui a été le père de la Loi sur la clarté.

Selon le politicien, la différence entre les définitions sociologique et légale du concept de nation est très claire. La nation sociologique est un groupe partageant une identité collective, tandis que la nation légale est un Etat, membre des Nations unies. Il a souligné qu'il existe environ 3000 groupes humains qui se définissent comme des nations, mais seulement 192 Etats représentés aux Nations unies.

vendredi, juin 23, 2006

Une première victoire face à la Couronne, pour les Métis du Québec

Communiqué de presse
«Montréal, le 22 juin 2006

Objet : Corporation métisse du Québec
et l’intérêt public à défendre les droits métis

Le 20 mai 2006, la Régie de l’énergie a accueilli une Requête en intervention de la Corporation métisse du Québec et l’Est du Canada présentée lors d’une Demande en révision d’une décision gouvernementale autorisant les appels d’offre en matière d’énergie éolienne au Québec par l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL).

Agissant au nom de ses membres, de trois Communautés métisses et de deux associations de personnes métisses, la Corporation signe ainsi la toute première victoire des Métis du Québec et l’Est du Canada devant une instance québécoise, la Régie reconnaissant qu’elle a l’intérêt suffisant pour intervenir devant elle lorsque les droits des peuples autochtones sont en jeu.

La décision a été rendue sur le banc au terme d’un débat houleux entre Me Pierre Montour, le substitut du Procureur général du Québec et l’avocat d’Hydro-Québec qui se sont opposés avec énergie à l’intervention de l’organisme de défense des droits métis au Québec et dans l’Est du Canada.

Initiée par l’APNQL, la demande initiale soulève la question du droit des peuples autochtones à être consultés et accommodés lorsque la Couronne a connaissance de l’existence potentielle du titre aborigène ou de droits ancestraux et qu’elle envisage de prendre des mesures pouvant avoir un effet préjudiciable à l’égard de ces droits, notamment en transformant le Québec en vaste parc d’éolienne.

L’affaire se continue.

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Christian Lalonde
Administrateur
Corporation métisse du Québec et l’Est du Canada »

mercredi, juin 21, 2006

« Le Peuple Métis de la Boréalie », une histoire qui réagit aux questions de notre temps.

L'histoire ne peut être détachée de son époque.

L'histoire ne peut être détachée de son époque. Elle répond aux questions de son temps, complète la compréhension de l'actualité, permet de passer à une autre étape par le biais des luttes politiques qu'elle soulève et attise. Aucun peuple n'y échappe ; le présent confond l'avenir plus ou moins immédiat à partir de la connaissance que les politiques ont de la réalité. Notre propre expérience humaine parle en ce sens et en témoigne à tous égards.

Les Québécois ont entrepris d'écrire une histoire nationale du Québec, voilà à peine cinquante ans, parce qu'elle était devenue essentielle avec l'émergence du nationalisme des années soixante. Les Indiens du Canada, dont la mémoire n'a, jusqu'à tout récemment, tenu que de l'orale, ont entrepris d'écrire la leur voilà à peine vingt-cinq ans, par la question nouvelle que soulevait le rapatriement constitutionnel de 1982 et la lutte pour la reconnaissance de leurs droits ancestraux que cet événement appelait dès lors. Dans cette suite de questionnement existentiel pour la vie des peuples constituant l'univers Canadien, on ne se surprendra donc pas que les Métis de toutes les parties du pays, prennent triplement acte de la place qu'ils tiennent dans l'article 35 de la Constitution, des récents jugements de la Cour suprême du Canada, ainsi que de la menace que laisse planer sur leur propre existence le projet de traité avec les Ilnutsh ; un traité qui, on ne le dira jamais assez, nie radicalement leur présence et leur participation à l'édification de ce pays.

Ce livre, par lequel la Communauté métisse du Domaine du Roy / Mingan ouvre sa semaine de festivités, qui s'inscrit au reste dans celles de la fête des Autochtones canadiens, est donc une suite inévitable commandée par l'ordre constitutionnel et les préoccupations sociales, politiques et économiques de notre temps.


Une quête identitaire intimement liée à ma quête existentielle

Sur le plan personnel, ce portrait que je brosse de cette partie prenante de la civilisation de l'Amérique du Nord, est le fruit de ma propre quête identi-taire. Elle se veut l'expression de la place que j'entends personnellement prendre dans l'univers et dans l'oeuvre de la création. Cette quête existentielle, par son essence-même, relève donc du fondamental plus que du politique, et ne peut faire autrement que de s'exprimer par le prisme de ma propre personnalité. En ce qui me concerne, elle a pris sa mesure plus précisément en 1987, lorsque j'ai entrepris la rédaction du « Saguenay des fourrures », ce qui m'a permis de mieux apprécier mes racines blanches ; elle s'est poursuivie pour faire un nouveau pas en 1995, avec la rédaction et la publication du « Dernier des Montagnais », ce qui m'a permis de me réconcilier avec mes racines Indiennes montagnaises ; et elle s'est poursuivie pour atteindre une dimension plus accomplie avec les dernières publications sur « Le peuple Métis de la Boréalie », ce qui me permet de me réconcilier avec mes origines, ma culture et mon éducation métisses.

Sur le plan du combat des idées, mon livre se veut aussi, à certains égards, une réponse au programme de recherche (de 142 500 $) confié par le ministère de la Justice du Québec à un groupe de chercheurs de l'université Laval associé à l'université de Paris. Des professionnels qui sont étrangers à notre réalité socio-historique et culturelle, dont les maîtres d'oeuvre se sont déjà largement compromis dans leurs travaux en faveur des Indiens ; des chercheurs qui ont une idée préconçue du peuple Métis de la Boréalie, qui n'entendent pas lui donner la place qui lui revient, et qui entretiennent un discours exclusif de l'autochtonie canadienne.

À sa manière, mon livre fait donc le point sur ma propre quête identitaire et tente de notifier mon refus de participer à une histoire officielle dont l'objectif réel est de bricoler la réalité pour la soumette à des fins étrangères à la justice.


Nous ne demandons pas la Lune ! Seulement le respect...

L'identité nationale, c'est le pilier de l'âme du citoyen. C'est le point de départ de l'état d'esprit qui permet à chaque individu de se définir par rapport à la société et de prendre sa place dans l'univers ; l'affirmation de l'unique dans le commun. Sans cette prise en charge, sans cette acceptation, sans cette reconnaissance, l'individu n'est rien et la société ne vaut plus rien par rapport à lui.

Les faits ne mentent pas. Sans Nous, les Métis, ce pays n'existerait tout simplement pas ! Les populations indiennes, qui ont accueilli les premiers explorateurs européens, n'auraient pu survivre aux guerres fratricides et aux famines qui étaient leur lot quotidien, et aux autres calamités découlant de cette rencontre. Sans les Métis, les Euro-canadiens n'auraient pu, conséquemment, édifier le réseau des postes de traite du Domaine du Roi où ils ont tenu un rôle essentiel en tant que traits d'union entre Indiens et explorateurs. Sans Nous, la colonisation agricole, commerciale et industrielle n'aurait pu être amorcée. Sans Nous, ce pays n'existerait tout simplement pas.

Si ce Pays n'est pas capable de Nous accepter, Nous des peuples fondateurs, avec la générosité et la dignité qu'il accorde aux arrivants, pourra-t-on Nous porter grief de ne pas l'accepter pour ce qu'il prétend être ? Si ce pays n'est pas assez grand pour Nous faire une place dans le chapitre et l'espace territoriale qui Nous reviennent par nature et de droit, comment pourrait-il être assez grands pour les autres ?

On ne demande pas la Lune. On demande d'être accepté pour ce que Nous sommes, des Métis, des Autochtones ; on demande de reconnaître notre passage dans l'histoire de la colonisation de l'Amérique du Nord ; on demande à nos soeurs et frères indiens de ne pas Nous faire souffrir le mépris qu'ils reprochent aux conquérants à leur égard ; on demande aux gouvernements de ce pays, de cette province, la place qui Nous revient de plein droit en vertu des lois naturelles et de la loi suprême de ce pays, c'est-à-dire un des trois peuples fondateurs du Canada qui sont les Indiens, les Inuits et les Métis.

Russel Bouchard
Lien de Mémoire de la CMDRSM
Chicoutimi
21 juin 2006

mercredi, juin 14, 2006

Benoît Bouchard, le nouveau Jedy fédéral à la table de négociations de l'Approche commune

« Il est préférable de signer une mauvaise entente avec les Ilnutsh que d'aller en procès contre eux. (Benoît Bouchard, 18 février 2006) »

La nouvelle est toute fraîche. L'encre délébile du journal Le Quotidien qui l'annonce ce matin, 14 juin, juste à côté des faits divers et très anodins, jette encore ses parfums sur le début d'une journée qui n'en demandait pas tant. Les Saguenéens qui croyaient que l'épitaphe de l'Approche commune n'avait plus qu'à être déposée au cimetière des projets gouvernementaux morts au feuilleton, en seront quittes pour une bonne déception. En effet, Benoît Bouchard (aucun lien de parenté, ni de près ni de loin, avec le signataire de la présente), l'ex-ministre conservateur sous Brian Mulroney (qui fut le seul premier ministre et député de l'histoire de ce pays, coupable d'avoir signé l'acte de décès de sa propre ville, Schefferville) ; Benoît Bouchard, l'homme fort de Roberval, vient d'être nommé négociateur fédéral en chef pour les revendications territoriales globales et d'autonomie gouvernementale avec les Ilnutsh. On se rappellera à cet effet que l'illustre frère d'armes de Lucien Bouchard (l'homme de tous les partis, mais sans conviction) avait été nommé par Québec (le Parti libéral de M. Charest), en décembre 2003, représentant des régions du Québec. Heureux comme le paon de la fable, mais nullement conscient des lourdes attentes pesant sur lui, il nous avait alors promis d'être la « courroi de transmission » des préoccupations des régionaux hostiles à l'entente. Il avait été nommé à ce titre, rappelons-le... « pour apaiser les tensions chez les populations blanches de la Côte-Nord et du Saguenay–Lac-Saint-Jean » (Le Soleil, 12 décembre 2003).

N'ayant pas réussi à tisser le lien de confiance avec la dissidence majoritaire du Saguenay–Côte-Nord et avec les Métis qui l'ont rencontré pour lui demander d'intercéder en leur faveur auprès de Québec afin qu'ils puissent obtenir une chaise à la table des négociations, ayant échoué sur toute la ligne à apaiser les ressentiments populaires entre Blancs et Ilnutsh, entre Métis et gouvernements, entre Roberval et Saguenay, entre le Lac-Saint-Jean et le Saguenay ; et n'ayant réussi qu'à semer la confusion à chacune de ses interventions publiques —ce qui est une réussite dans cette sorte de commerce—, il était donc normal que le digne fonctionnaire, l'ex-ambassadeur du Canada à Paris, soit récupéré par le nouveau gouvernement conservateur à Ottawa qui l'a promu au plus haut rang de cet échiquier.

Le fait est d'autant plus discutable et d'autant plus équivoque, qu'avant M. Bouchard (qui refuse obstinément de reconnaître la réalité métisse de sa région), il y avait à ce titre, à la tête de la négociation fédérale, un certain M. André Maltais, devenu pour sa part et depuis lors négociateur en chef pour le gouvernement du Québec, en remplacement de Louis Bernard, le concepteur de ce fameux traité concocté par le PQ, de connivence avec le BLOC, les gouvernements fédéral et provincial. Et ce jeu de chiffonniers ne serait pas complet si j'omettais de préciser que du côté ilnut, on est passé d'un chef à l'autre (M. Moar a laissé sa place à M. Dominique), le négociateur Rémy Kurtness est parti en claquant la porte (pour être remplacé par M. Carl Nepton) tout en prenant soin de ne pas la verrouiller (au cas où !).

À cette étape des négociations, alors que les Métis n'ont toujours pas reçu le moindre signe d'ouverture de part et d'autre de la fameuse table de négociations, on se demande encore de quelle manière il faudra aux historiens pour démêler l'écheveau de cette saga kafkaïenne qui a fini par devenir le problème plutôt que la solution, un problème impérieux dont il nous faut aujourd'hui nous extirper...

Russel Bouchard
Le Métis

vendredi, juin 09, 2006

« Le Peuple Métis de la Boréalie », le lancement arrive à grands pas...

Mon opuscule, « Le Peuple Métis de la Boréalie : Un épiphénomème de civilisation », est dans les caisses et n'attend plus que le jour du lancement, toujours prévu pour le 21 juin, dix heures A.M., à la Maison d'Accueil de Ville Saguenay, rue Racine à Chicoutimi. Bienvenue à tous et à toutes. D'ici là, la prévente se poursuit, et il est encore possible de réserver votre exemplaire en adressant un chèque de 20 $ (qui comprend 15$ pour le livre et 5$ pour les frais de port), à mon attention et à mon adresse habituelle : Russel Bouchard, 33 rue St-François, Chicoutimi (Ville Saguenay), Qc, G7G 2Y5.

Prière de prendre note que la publication est à compte d'auteur et qu'elle ne bénéficie d'aucune aide gouvernementale. Il est de votre ressort de faire en sorte qu'elle soit une réussite si vous désirez qu'il y ait une suite. Ceux et celles qui ont déjà réservé leur exemplaire pourront en prendre livraison le jour du lancement ou la recevront par voie postale dans les jours suivants.

L'auteur et éditeur
Russel Bouchard

Texte en quatrième couverture :
« Des canadiens voyageurs instruits des manières des sauvages par l’habitude de vivre avec eux » [dixit l'intendant Hocquart, 1733], voilà l’incontournable, le produit humain de cette rencontre. Cet épiphénomène historique, ce choc des civilisations qui a laissé des traces documentaires appréciables mais dont l’historiographie ne fait que commencer à considérer le fait, a ainsi donc permis aux Indiens de ce « pays » de survivre à l’hécatombe qui a provoqué, à la fin du XVIIe siècle, la disparition des Montagnais protohistoriques. Cela faisant, il a contribué, en contrepartie, à bouleverser la culture et l’apport génétique des descendants du groupe primitif (les Indiens) qui, malgré tout, sont restés collés au caractère d’une société nomade et archaïque. Et il a parallèlement donné naissance à un nouveau groupe humain (les Métis), plus sédentaire que nomade, dont les paramètres culturels empruntés aux deux cultures se sont définis plus particulièrement autour des postes de traite où ils ont évolué... »

Les Métis de la Boréalie sont-ils une communauté autochtone dans le sens de l’article 35 de la Constitution canadienne ? Voilà la question que tous les groupes en quête d’une reconnaissance officielle au Canada aimeraient bien avoir pour simplifier leur tâche ! » Et voilà la question à laquelle tente de répondre ce livre...» R.B.