jeudi, avril 27, 2006

Vers une nouvelle histoire du Québec, une histoire « rassembleuse » et nettoyée de tout irritant politique

« ..Et quand la raison de l'Histoire, qui est de servir la vérité, est détournée à d'autres fins, nous quittons ce monde, qui a ses règles, ses lois et ses devoir souverains, pour entrer dans celui, plus brumeux, de la politique et de ses maîtres. C'est à plus proprement parler, la fin de l'histoire...» R.B, in La fin de l'histoire par un témoin oculaire, Chicoutimi, 2003.


Les « Gens du Pays »
Qui se croyaient à l'abri d'un effondrement de la pensée historique au Québec en se faisant chantres et vecteurs de la fameuse « nation civique » doivent se tordre de douleur aujourd'hui, avec l'annonce, en première page du journal « Le Devoir » de ce jeudi 27 avril 2006. Comme dans bien d'autres sujets d'ailleurs, ils sont devancés, après avoir mis la table idéologique pendant des années, par le Parti libéral au pouvoir, leur ennemi mortel. C'est l'éternelle histoire de l'arroseur arrosé. Imaginez, le Parlement québécois se prépare à légiférer sur un nouveau cours d'Histoire du Canada et du Québec au secondaire (pour septembre 2007), où on ne parlera plus ni de la Nouvelle-France, ni des Patriotes de 1837-38, ni de l'acte d'Union de 1840 ou de la conscription de 1917 voire du rapatriement unilatéral de la Constitution de 1982. Il faut, plaident les concepteurs, « rendre l'histoire moins conflictuelle », « moins politique » et « davantage plurielle », notamment en accordant une place plus importante aux autochtones et aux groupes non francophones, et à remplir la mission, devenue centrale dans la « réforme », « d'éduquer à citoyenneté » ».

Si c'est écrit en toute lettre dans le journal le plus conformément nationaliste au Québec (Le Devoir), c'est donc que ça doit être vrai ! Le péquisme sauce Charest, du pareil au même ! Ça risque de faire toute une poutine dans le restaurant du Parlement. Imaginez ! Un programme où la vérité historique devient source de conflits avec le politique et le juridique, où la vérité est un obstacle des pouvoirs qui se cocufient l'un dans l'autre. Il y a lieu d'être très très inquiet. C'est, à peu de chose près, le programme d'une histoire du Québec écrit par le PQ, mais présenté par l'autre côté de la médaille, le négatif de la photo.

Ce qui devait arriver est donc finalement arrivé. Nous sommes tombés dans le pot de potion empoisonnée, l'infecte salmigondis d'une histoire officielle, d'une histoire décrétée. « Plus de conflit » plaide les gourous, alors que l'histoire n'est qu'un conflit des trois temps du Verbe : Passé, Présent, Avenir ; ce qui est, la prise en charge de ce qui doit être, et le combat pour construire ce qui sera.

Nous sombrons dans le dogmatisme le plus pur. Nous faisons de la politique non plus en fonction d'une réalité historique qui doit être sans cesse questionnée, mais plutôt le contraire : nous ré-écrivons sans cesse l'histoire en fonction d'un programme destiné à écarter toute prise de conscience des individus. C'est exactement ce dont je m'applique à dénoncer dans l'introduction de mon prochain livret sur les Métis. Je parierais ma chemise que, dans ce prochain cours ou tout est beau tout est bien, on ne fera aucune mention des Métis (si ce n'est des Canadiens français), et que l'autochtone (entendons l'Indien, en exclusivité) sera réduit en l'état du beau et bon sauvage qui vit en parfaite harmonie avec la nature.

Et je vous ferai remarquer que ce programme est monté et avalisé par les universitaires des deux camps (plus spécifiquement de l'Université Laval), ceux-là mêmes à qui l'État québécois a donné, l'année dernière, 142,500 $ pour élaborer sur l'existence (comprenez, dans leur esprit, sur l'inexistance redessinée !) du peuple Métis.

J'ai hâte de voir ce que les pépères et les mémères de la « nation civique » québécoise (les Gérardiens) vont répondre à cette sorte de lobotomie appliquée. On risque d'en voir des vertes et des pas mures. Pour ceux et celles qui voudraient en savoir plus sur ce que j'ai dénoncé, voilà déjà trois ans dans un copieux opuscule (le pléonasme est voulu), je vous suggère de courir à votre librairie la plus proche et de commander « La fin de l'Histoire par un témoin oculaire ! », rédigé, monté et publié par votre serviteur (15$ plus 5$ pour les frais). Nous y étions déjà à deux mains, et c'était sous la houlette des Péquistanais...

Russel
Un témoin oculaire !
27 avril 2006

jeudi, avril 20, 2006

Les Métis canadiens, à l'heure de la réconciliation nationale (il ne manque plus que le repentir de l'État !)

S'identifier Métis et, pour cela, en être fier, voilà le premier pré-requis (de trois) édicté par la Cour suprême du Canada, dans Powley, pour être reconnu comme tel. Pour plus d'un, maintenant que le phénomène est à la mode, ce geste d'auto affirmation pourrait sembler anodin. Mais, pour des gens qui, comme moi, ont vécu toute leur vie durant dans ce devoir de silence pour ne pas subir l'opprobre de la société coloniale dans laquelle j'évoluais, ce premier geste d'affirmation ne se fait pas sans douleur et fait partie du processus de réconciliation nationale eu égard à un épisode pas très reluisant de l'histoire du Canada, un épisode qui, du reste, est toujours en train de s'écrire. Décidément, on ne frotte pas des cicatrices d'une si grande plaie et encore si vives sans éveiller de vieilles douleurs, et sans devoir rappeler que ce silence, dont on a été tenu de pratiquer dès le plus jeune âge comme une sorte de réflexe d'auto-défense, n'est pas sans explications. À ce correspondant Métis qui me demande si c'est « un trait culturel propre aux peuples opprimés de taire leur origine ? », je dirai « oui », évidemment, mais encore faut-il relativiser en fonction de l'expérience historique propre à chacun d'eux.

L'explication nous concernant en propre réfère à des principes fondamentaux et concerne, par le fait-même, toutes les institutions sur lesquelles reposent l'équilibre d'une société. Se dire Métis et d'ascendance indienne était réprouvé par l'Église catholique canadienne-française, qui y voyait la preuve manifeste d'une indépendance d'esprit et d'une culture divergente représentant à ses yeux une véritable menace à l'intégrité de son monopole ; cela était tout autant réprouvé par les institutions politiques coloniales, qui étaient en train de récupérer leur souveraineté sur l'ensemble du territoire canadien, dont l'Ouest et le Nord ; et cela était évidemment réprouvé par tous ces gens, agriculteurs, affairistes, commerçants et industriels, par qui passait le principe de l'affirmation de la souveraineté coloniale, un peuple migratoire euro-canadien dont les intérêts de la conquête du sol télescopaient de plein fouet une manière d'occuper, d'exploiter et de vivre sur ces territoires jusqu'alors « sauvages ». Et cette réprobation a atteint le point de non retour avec la pendaison de Riel, en 1885, un événement qui a marqué les esprits et la société canadienne beaucoup plus profondément qu'il a été estimé jusqu'à aujourd'hui par les historiens qui n'ont pas encore compris la puissance de la symbolique de ce geste extrême perpétré officiellement avec le concours des plus hautes institutions nationales.

Nous faisons donc face, non pas à un épiphénomène d'assujettissement idéologique, politique, économique et militaire de la collectivité dominante eu égard à des communautés affaiblies et minoritaires (Métis et Indiens), mais à un phénomène de conquête absolue.

Ayant assez bien saisi le sens de cette déviance sociétale historique et ayant fort bien senti l'ampleur de ce drame ethnocidaire dont le gouvernement colonial britannique et son tutélaire canadien sont coupables, la Cour suprême a donc joué sur le seul tableau où elle est habilitée à agir ; soit de protéger les minorités, les groupes et les individus défavorisés et persécutés, de la tyrannie de l'État. Et c'est ce qui explique —le principe est ici fondamental, donc universel— l'édiction d'un préjugé favorable jurisprudentiel envers ces groupes humains minoritaires et fondateurs qui, après avoir été persécutés, n'avaient pas le choix de se replier sur eux mêmes et de tâcher de survivre à l'invasion colonisatrice contre laquelle ils ne pouvaient strictement rien. Et, comme l'ours noir qui hiberne d'instinct pour survivre à un hiver qui appelle à la mort (la symbolique de la cérémonie du réveil du 21 juin 2005, sur le site du cimetière du poste de traite de Chicoutimi, explique avec beaucoup de pertinence le phénomène de réveil dont nous sommes les témoins), il a fallu un premier rayon printanier (appelons-le Powley) pour sonner le rappel à la vie d'une force qui attendait son heure.

Cela dit, si les Métis du Canada se montrent particulièrement prêts à procéder à la réconciliation nationale afin de pouvoir se remettre en route, cette réconciliation ne peut évidemment pas s'opérer seule, car qui dit peuple opprimé dit également pouvoir oppresseur. Et, pour l'heure, l'État oppresseur (le Canada et le Québec) ne semble pas vouloir reconnaître ni ses torts, ni ses malversations, ni ses manquements à notre endroit, ce qui le met davantage coupable envers l'histoire qui s'écrit puisqu'il en est conscient...

Russel Bouchard

mardi, avril 18, 2006

Absent pour cause d'écriture / Encore quelques jours et je vous reviens...

Pour ceux et celles qui disent s'inquiéter de mon silence depuis quelques jours, n'ayez crainte je ne suis pas malade et me porte très bien. Je suis simplement en phase d'écriture. Je termine les corrections du livre que je prépare. Il sera lancé le 21 juin, à la fête des Métis. Le titre et le contenu sont :

« Le peuple Métis de la Boréalie : Un épiphénomène de civilisation ».

Pour ceux et celles qui aimeraient réserver leur exemplaire, il vous suffit de m'envoyer un chèque de 20$ (ce qui comprends le livre, 15$, plus les frais de port, 5$). Je vous demande de prendre soin de bien marquer le titre du livre et l'adresse d'expédition. Le livre comptera quelque 180 pages réparties en trois parties, une introduction et une conclusion.

Russel Bouchard

jeudi, avril 06, 2006

Commission royale sur les peuples autochtones / Encore beaucoup de pain sur la planche selon son président

Radio-Canada, le lundi 3 avril 2006
Le coprésident de la Commission royale sur les peuples autochtones, le juge Rebé Dussault, croit que la conciliation des droits autochtones est encore très difficile, 10 ans après la remise de son rapport.

Il note qu'en 10 ans, les conditions socio-économiques des autochtones n'ont pas beaucoup changé en dix ans. « La façon dont le Canada traite ses autochtones se résume à un gigantesque gaspillage de potentiel, d'argent et de vies humaines », tranche le juge.

Dans leur rapport remis en novembre 1996, René Dussault et Georges Erasmus, présidents de la Commission royale sur les peuples autochtones, proposaient un plan d'action de 20 ans pour tirer les autochtones de leur dépendance.

Ils recommandaient aussi une reconnaissance de leur droit à l'autodétermination politique et économique. René Dussault estime que son rapport reste d'actualité: « Ça demeure une feuille de route et une inspiration pour le changement. Et on est au tout début du changement. »

Le gouvernement a appliqué quelques recommandations du rapport comme la création d'un réseau de télévision autochtone ou le versement d'indemnités aux autochtones qui ont fréquenté les pensionnats.

Le juge Dussault croit que le gouvernement doit aller plus loin: « Il faut établir l'avenir sur des principes acceptables. Ça prend une réconciliation nationale d'acceptation de part et d'autre. » Le juge considère que la population doit aussi s'engager dans un processus de rapprochement.

Tous les regards sont maintenant tournés vers les orientations du nouveau gouvernement conservateur à Ottawa en matière autochtone.

mardi, avril 04, 2006

Les Métis du Manitoba ouvrent la voie ; souhaitons-leur bonne chance !

Voilà un procès qui devrait faire réfléchir le gouvernement du Québec qui persiste à mépriser ses propres Métis qui ont entrepris de revendiquer, eux aussi, devant les tribunaux, leur reconnaissance et leurs droits. Ce pays et cette province devront apprendre, de gré ou de force, que ce qu'ils donnent aux uns (Indiens) ils devront bien le donner aux autres en vertu de la même loi. Si cette Constitution vaut le papier sur lequel elle a été rédigée, la reconnaissance de nos droits n'est qu'une question de temps et de détermination. Si c'est écrit dans la Constitution, c'est écrit dans le Ciel.

Bonne chance à nos frères et soeurs métis de Winnipeg qui se battent pour les droits de tout un peuple...

Russel Bouchard


Après 25 ans, un tribunal entend les revendications des Métis du Manitoba
LE LUNDI 03 AVRIL 2006 - 19 H 00

WINNIPEG (PC) - Environ 150 Métis du Manitoba se sont relayés dans une petite salle de tribunal, lundi, pour pouvoir assister à l'ouverture d'une action en justice au sujet de leurs revendications territoriales historiques. Cette cause est susceptible, selon eux, de redéfinir leur position au Canada.

Vingt-cinq ans après que la Fédération des Métis du Manitoba ait intenté sa poursuite, le groupe a enfin la possibilité de tenter de démontrer que le gouvernement fédéral a failli à ses promesses de 1870, en vertu desquelles il devait mettre de côté environ 560 000 hectares de terres pour les enfants métis.

L'avocat Thomas Berger, de Vancouver, a déclaré avoir basé sa cause sur des classeurs contenant environ 750 documents cruciaux "de cette turbulente période de 1869-1870". Ces documents - incluant des articles de journaux, des lettres et des discours prononcés à la Chambre des communes - sont ce qu'il y a de mieux à part faire témoigner l'ex-premier ministre John A. Macdonald ou le leader métis Louis Riel, a-t-il ajouté.

"Nous ne pouvons citer comme témoins Riel ou Macdonald (...) mais ces documents sont aussi éloquents que si Riel et Macdonald s'adressaient à vous aujourd'hui", a déclaré l'avocat réputé des droits des autochtones, qui s'était battu pour faire inclure les droits des autochtones dans la Constitution. "C'est sur la foi de ces constats que nous demanderons à la cour de statuer en faveur des plaignants."
De l'avis du président de la Fédération, David Chartrand, cette cause constitue une étape clé dans le règlement d'autres problèmes avec les gouvernements fédéral et provincial, puisque les droits sont historiquement liés à la propriété des terres. "Sans terre, vous n'êtes pas un peuple, vous n'êtes pas une nation", a affirmé M. Chartrand, qui sera le premier à témoigner cette semaine.
Techniquement, les terres en cause incluent la totalité de la ville de Winnipeg, ainsi que des bandes de terre de 3,2 kilomètres le long des rivières Rouge et Assiniboine.
Mais M. Chartrand a dit comprendre que ce territoire est actuellement utilisé à des fins résidentielles et commerciales. Il n'est pas question d'expulser les Manitobains et les habitants de Winnipeg de leurs maisons, a-t-il dit. Cependant, le Canada a fait du tort à tous les Manitobains et à tous les Canadiens en falsifiant la propriété de terres qu'il ne possédait pas, et en vendant des terres qui ne lui appartenaient pas, a-t-il ajouté.
Me Berger a expliqué que sa cause sera centrée sur deux articles de la Loi du Manitoba, qui a créé la province en 1870 à la suite de négociations entre le gouvernement de Macdonald et le gouvernement provisoire dirigé par Riel. L'un d'eux prévoyait qu'Ottawa réserverait des terres pour les Métis, l'autre reconnaissait que les terres déjà occupées par les Métis le long des berges des rivières, mais pour lesquelles ils ne possédaient pas de titres officiels, ne leur seraient pas retirées.
Les plaignants font valoir qu'en dépit de cette loi, 85 pour cent des Métis n'ont pas reçu les terres auxquelles ils avaient droit.

samedi, avril 01, 2006

Et les Métis, Eux ?!

Le vendredi 31 mars 2006
Québec renouvelle les permis des forestières sans tenir compte des Innus
PAR KARINE FORTIN
Presse Canadienne
MONTREAL

Québec a renouvelé vendredi les permis annuels des compagnies forestières qui exploitent le territoire des Innus de Pessamit sans tenir compte des demandes de la communauté qui exige depuis des années d'être consultée.

Quelque 27 entreprises, dont Abitibi-Consolidated et Louisiana-Pacific, attendaient avec anxiété ces documents qui leur permettront de poursuivre leurs coupes sur 75 000 km carrés de territoire Innu sur la Côte-Nord. Les permis 2005 venaient en effet à échéance vendredi, le 31 mars.

Après 20 ans de pourparlers, les Innus de Pessamit se sont tournés vers les tribunaux l'an dernier afin de forcer le gouvernement du Québec à respecter son obligation constitutionnelle de les consulter et de les accommoder pour l'exploitation de leurs terres ancestrales.



COMMENTAIRE:
Prenez le temps de remarquer que ni le Gouvernement du Québec ni les Ilnutsh font état des revendications des Métis du Domaine du Roy / Mingan, qui ont déposé le 28 février dernier, par le biais de leurs procureurs, une « DÉCLARATION D’INTERVENTION EN COUR SUPÉRIEURE DU QUÉBEC» enjoingnant les Innus de Betsiamites, leur chef Raphaël Picard, la compagnie forestière Kruger, les gouvernements du Québec et du Canada par l’intermédiaire de leurs procureurs et avocats respectifs que les territoires visés par la poursuite INNUS DE BETSIAMITES VS KRUGER font également l’objet d’un titre foncier métis. Et on voudrait nous faire croire que le contrat de recherches accordé par ce gouvernement aux chercheurs amérindianophiles de l'Université Laval a de nobles motifs. Mon oeil !!!

Russel Bouchard