dimanche, mai 17, 2009

Les Métis du Québec et la nationalité française / Une démarche intéressante

TEXTE de MARIE-MANCE VALLÉE
Métisse de la CMDRSM

Démarches de Québécois en vue du recouvrement
de la nationalité française perdue en 1763 au Traité de Paris

Nous publions ci-après, avec l’autorisation de ses auteurs, un dossier dont nous avons soutenu la présentation aux autorités françaises, au nom de l’histoire et de la solidarité des sociétés civiles francophones.

« Nous sommes d’une race qui ne veut pas mourir »
Cette phrase de Maria Chapdelaine de Louis Hémon, reprise dans Menaud, maître draveur de Félix-Antoine Savard, exprime le sentiment ravivé aujourd’hui des Québécois et autres Canadiens francophones qui se sentent de plus en plus minorés et menacés d’extinction par une politique - ancienne et d’une redoutable constance - de la majorité canadienne et de l’Amérique du Nord anglophones, et par leur propre indécision due à la longueur de la domination subie.

Une minorité d’entre eux voudrait, du reste, recouvrer une nationalité française qu’ils estiment, non sans arguments, ne pas avoir réellement perdue au moment de la conquête anglaise. Non pas nécessairement par amour immodéré et aveugle de la France, mais pour garder le lien avec leurs racines, avec leur histoire que l’on s’efforce, là-bas, beaucoup plus que chez nous en France, d’effacer de leurs mémoires.

Dans ce dossier, notre rédaction se borne à vous donner trois brefs éclairages, qu’elle juge propres à illustrer un vrai problème trop occulté :

- l’angoisse identitaire ;

- le cas particulier d’un réveil des Métis ;

- le désir, encore très minoritaire, et que la France officielle ne souhaite (ne peut ?) guère nourrir ou encourager, de recouvrer la nationalité française, et de contester ce qui fut considéré comme la perte d’icelle en 1763 au traité de Paris.

1) Angoisse identitaire des Québécois de souche française

Voici un extrait d’une « Tribune libre » écrite à la suite d’une décision canadienne fédérale touchant à la définition de la citoyenneté, adressée le 23 mai 2008 à Vigile (site québécois souverainiste) par Marie Mance Vallée, militante québécoise, auteur de l’article ci-après sur les métis francophones du Québec et du Canada (« Des métis reforment les rangs ») :

Tribune libre : La fin de notre Histoire

( ……………………..)

Il n'y a plus de peuple fondateur; il n'y a maintenant que des citoyens (y compris la communauté francophone qui ne serait plus de souche) de toutes les origines sous protection de l'État, de la Charte des Droits et Libertés et de la Cour suprême du Canada. Il n'y a jamais eu de crise des accomodements raisonnables; il n'y a jamais eu de problèmes. C'est notre insécurité identitaire qui est la cause de tout. Alors, il faut abattre ce que certains appellent la « maladie identitaire ». Un seul signe distinctif fera en sorte de nous différencier au cours des décennies et des siècles à venir, soit le crucifix à l'Assemblée nationale. C'est une chance. Au moins, il restera quelque trace de ce peuple fondateur de l'Amérique du Nord. Un jour, on racontera aux enfants que ce restant de peuple qui « n'a jamais eu d'histoire », était, déjà, de confession chrétienne.

La langue? C'est une question de temps. Notre culture? Elle est déjà anglo-américaine. Nos traditions? Elles ont été foulées au pieds depuis des années par les nôtres.

Que reste-t-il de NOUS? Seules la pratique de l'interculturalisme, la tolérance, l'ouverture et la bêtise.

« Tournons la page de l'Histoire ancienne », nous dit-on implicitement.

Marie Mance Vallée.

2) Des Métis reforment les rangs...

Bien que l'existence des Métis du Québec ait été scandaleusement occultée et le plus souvent niée par les différents pouvoirs, entre autres, le gouvernement fédéral et le gouvernement québécois, particulièrement depuis le milieu du XIXe siècle, les Métis de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord reforment les rangs sous la bannière de la Communauté métisse du Domaine du Roy et de la Seigneurie de Mingan (CMDRSM). Le territoire a été délimité, les us et coutumes qui ont si peu changé depuis, remis à la mode du jour. Des clans (Charlevoix, Côte-Nord, du Grand Brûlé, de la Manic, de Chicoutimi, Ouananiche, Lac Saint-Jean/Piékouagami et Centre-Nord du Saguenay), ont été formés et des capitaines de villages nommés. Une bouffée d'air frais!

Depuis la fondation de la Nouvelle-France, au début du XVIIe siècle, les Relations des Jésuites, les écrits de l'admirable Mère Marie de l'Incarnation, et le Roy Louis XIV lui-même ne parle-t-il pas des « sauvages convertis à la foi catholique romaine... ». Il faut savoir que le Roy qui encourageait les mariages entre Indiens et Européens, dans ce cas-ci des Français, allait même jusqu'à sévir, afin de forcer ces messieurs à prendre femme. Les coureurs des bois qui ont sillonné et fondé des villes et villages dans toute l'Amérique du Nord, les truchements, les explorateurs, les Dollard des Ormeaux, quoique mis au ban de l'Histoire par des historiens révisionnistes de mauvaise foi, en sont aussi la preuve. Et bien d'autres encore! Les Métis du Manitoba, dont leur chef Louis Riel qui a été pendu pour avoir réclamé leur territoire, n'étaient-ils pas originaires du Québec ? Ne parle-t-on pas dans les écrits de Sangs-mêlés, de Blancs ensauvagés ou encore d'Indiens blancs d'Amérique, tel que les appelait plus récemment Philippe Jacquin, anthropologue et ethnologue français connu et reconnu. Qui osera mettre en doute les traditions orales familiales qui, de génération en génération, relatent la petite histoire de chaque famille. De ces descendants issus de mariages « à la mode du pays » ou encore d'unions chrétiennes.

Des rumeurs circulaient depuis quelques années à l'effet que le gouvernement fédéral, le gouvernement québécois et les Montagnais (aujourd'hui Innus) négociaient, derrière des portes closes, un traité appelé Approche Commune où il y était question de redonner une grande partie du territoire aux seuls Innus. C'est le choc, l'incrédulité, la consternation chez les fondateurs de cette région, et surtout chez les Métis qui y voient là, la dépossession définitive du territoire qu'ils avaient développé, remettant en cause leur propre identité.

Qu'à cela ne tienne, ils iront devant les tribunaux ! En effet, l'article 35 de la Constitution canadienne de 1982 ne reconnaît-elle pas comme Autochtones, les Inuits, les Indiens et les Métis ?

N'eût été la sagacité d'un groupe de Métis du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, et celle de notre lien de mémoire, l'historienne métisse Russel-A. Bouchard, mécontents, mais surtout inquiets, de la tournure que prenaient les événements au Québec concernant l'identité et le territoire, l'Histoire des Métis aurait été emportée définitivement dans l'oubli. En effet, depuis le milieu du XIXe siècle, et plus récemment, notre élite politique s'acharnait à promouvoir une certaine et improbable nation civique, comme s'il était possible et réaliste de donner naissance, en quelques années, à une nouvelle nation. Nation civique, multiculturalisme, interculturalisme, autant d'expressions qui indiquaient la volonté des gouvernements, des différents partis politiques, des élites intellectuelles de redéfinir la nation québécoise : un genre de « melting po »t à l'américaine ou encore un ensemble de ghettos. Pourquoi une nouvelle nation quand nous en avons déjà une ?... N'avons-nous pas toujours intégré jusqu'à récemment les nouveaux arrivants ?

L'an 2000 aura été une année charnière pour la Communauté métisse du Domaine du Roy et de la Seigneurie de Mingan (CMDRSM), dont la plupart des membres sont de langue française, la langue de leurs pères et mères. Les cimetières de la région parlent d'eux-mêmes...

Il n'y a point de doute : la nation métisse québécoise existe. Et il y en a des milliers. Des communautés en Gaspésie, en Estrie et ailleurs au Québec reviennent à la lumière du jour; d'autres sont en formation.

Une chose est certaine, les Métis de la CMDRSM sont là pour rester maintenant. Depuis la conquête, nous avons subi des assauts répétés, afin de nous convertir, souvent malgré nous, à la langue et à la culture anglaises et, ces dernières décennies à la culture anglo-américaine. Cependant, il est de plus en plus inquiétant de constater que l'engouement de certains, hélas! même en France, pour la langue anglaise, pourrait donner un autre visage à cette communauté. La plus grande vigilance s'impose donc!

Marie Mance Vallée

3) Désir – et chances ? - de recouvrer la nationalité française :

Périodiquement, le désir se traduit par des démarches…..

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Merci infiniment, Russel-A.

Ce texte sera lu dans toute la francophonie.

Marie Mance Vallée

M. Sylvain Tremblay a dit...

Une "dépossession définitive", c'est bien de celà qu'ils s'agit. Les québecois ne s'en rendent pas compte, ils croient dur comme fer les sornettes fabriquées de toutes pièces par les idéologues des protaganistes du Projet de traité de l'Approche commune, à l'effet qu'on leur a volé leur pays et qu'on ne fait que leur redonner par ce traité.
Les habitants des réserves innues ne sont pas plus propriétaires du pays innu que ceux qui n'y habitent pas, de la même façon qu'ils ne l'étaient pas non plus que tous les autres habitants du dit pays avant l'instauration des réserves. Personne ne les oblige à rester là, ils sont libres d'en sortir quand ils le veulent, et même de les fermer quand plus aucun des leurs n'en n'aura plus besoin. L'inscription comme amérindien n'est pas non plus obligatoire. Il n'y a donc pas besoin de traité pour vivre librement dans leur pays, y travailler et y participer socialement et politiquement. C'est ce que font déjà des milliers d'innus, toutes origines confondues, lesquels se verront discriminés dans leurs droits par un traité qui ne les reconnaît pas comme citoyens. Dépossédés, il s'agit bien de celà, car présentement et depuis toujours ils ont la citoyenneté innue, et ils ne l'auront plus, ils vont la perdre par ce traité. Il ne restera plus qu'un no man's land, des nitassinans sans âme ni humanité, dominés par des innu assis fermés aux non-membres. Était-ce celà le pays innu auparavant? je ne pense pas! ça me semble plutôt être un modèle de société ancestrale construit de toutes pièces, d'ailleurs sans aucune sorte de consultation populaire en ce sens, pour les besoins de la cause: une troisième vache à lait pour les innus des réserves, régionale celle-là, après avoir trait le fédéral et le provincial au maximum possible; il y en a d'autres buts inavoués, mais celui-là me semble le plus proéminent. Que celà mène à la partition du pays innu, la réduction de moitié du Québec, des problèmes sociaux, économiques et politiques incommensurables, ce n'est pas dans la mire des idéologues du projet de traité de parler de celà, ce ne sont, à leur point de vue, que des détails techniques ou secondaires qui ne feraient qu'apeurer la population.
Autrement dit, ce projet de traité, ce n'est pas pour rien qu'il se fait en cachette, c'est parce qu'on n'en veut pas, personne n'a besoin de celà. Tout est faisable sans traité: le droit innu, la culture, la langue, l'économie, la santé, etc., mettons-y ce qu'on veut, tout est accordable aux innus. C'est une richesse les innus, mais pas seulement ceux des réserves, les autres existent aussi, ceux qui n'ont pas besoin de vivre là, et qui n'ont même pas besoin d'être inscrits comme amérindiens non plus. Eux aussi sont porteurs de la langue et de la culture innue, ils sont un apport direct dans le milieu dans lequel ils vivent.
À preuve les métis innus, sans qui nous n'aurions jamais su de quoi il en retourne avec cette histoire de traité; nous ne savions même pas ce qu'était un nitassinan, c'est ce qu'on appelle familièrement le Saguenay, le Lac-St-Jean, Chicoutimi, Roberval, la Côte-Nord, Sept-Iles, Les Escoumins, le Parc des Laurentides, c'est tout ça leur supposé Nitassinan propre à eux seuls! mais c'est chez-nous! ils disent que chez-nous, c'est chez-eux! Faut le faire!
C'est vrai, cependant, qu'ils sont chez-eux, chez-nous c'est chez-eux, tous les citoyens du pays innu sont chez-eux partout dans le dit pays, et nous sommes contents de les voir, de leur parler. La différence c'est qu'ils veulent s'en approprier pour eux seuls, par traité. Et quand ils auront réussi ce plan, nous ne serons plus chez-nous, nous serons chez-eux, et, éventuellement, toute notre réglementation tombera sous leur coupe, c'est un mécanisme, c'est inéluctable.
J'appuie totalement les démarches des métis innus, sans eux nous serions déjà sans feu ni lieu, à l'endroit même où nos ancêtres ont choisi de bâtir maison.

tundra a dit...

je vote pour vous les gars je suis de chibougamau et je trouve que notre gouvernement leur a tout donné, territoire et exemptions de tout genre pour garder des votes en temp d'élections, je trouve ca discriminatoire pour nous les blancs aussiet je considere ca comme du racisme.