mercredi, janvier 24, 2007

Appréciation littéraire : « Quand le portageur de Chicoutimi rejoint le voyageur de Saint-Boniface »

Courtoisie d'Ismène Toussaint, une amie, et de
La Presse québécoise, novembre 2006

UNION METISSE EST-OUEST

LA LONGUE MARCHE DU PEUPLE OUBLIÉ… PAR RUSSEL BOUCHARD – QUAND LE PORTAGEUR DE CHICOUTIMI REJOINT LE VOYAGEUR DE SAINT-BONIFACE

Voici un ouvrage qui devrait clouer définitivement le bec à ceux qui osent encore prétendre, même dans les plus hautes sphères du gouvernement, qu’« il n’existe pas de communautés métisses au Québec ». Dernier-né d’une trilogie qui avait débuté avec La Communauté métisse de Chicoutimi – Fondements historiques et culturels (2005) et s’était poursuivie avec Le Peuple métis de la Boréalie – Un épiphénomène de civilisation (2006), La Longue marche du Peuple oublié… – Ethnogenèse et spectre culturel du Peuple métis de la Boréalie (2006), de l’historien Russel Bouchard, se veut une réponse sans détours aux exigences que la Cour Suprême du Canada impose aux Métis via l’arrêt Powley de 2003 : établir les assises historiques de leur communauté ; prouver que cette dernière n’a jamais cessé d’exister et existe encore en vertu de ce lien historique ; et démontrer l’originalité de sa culture par rapport à sa double composante euro-canadienne et indienne.

Se fondant sur de nombreux documents et cartes rares, l’écrivain-chercheur est parvenu à retracer l’histoire complète des Métis de la Boréalie, l’un des berceaux fondateurs du métissage, depuis l’arrivée des Européens et l’établissement des premiers postes de traite jusqu’aux revendications actuelles des droits ancestraux et territoriaux de la Communauté métisse du Domaine du Roy et de la Seigneurie de Mingan (CMDRSM – président : Jean-René Tremblay), que le traité d’Approche commune risque de spolier en faveur des Ilnutshs (voir mon article Le Combat des Métis de la Boréalie, mars 2006).

Au-delà de l’aspect scientifique de ce livre, c’est toute une foule de personnages aussi humbles que vaillants, bûcherons, forestiers, artisans, etc., qu’en véritable poète Russel Bouchard fait revivre sous nos yeux avec leurs traditions de chasse, de pêche et de cueillette, leurs mythes et leurs légendes, leur indomptable esprit de Nature, d’Imaginaire et de Liberté. Profondément attachés aux lieux de traite qu’ils considéraient comme leur chez-soi, les marchands de fourrures furent aussi ces intrépides voyageurs qui, au XVIIIe et au XIXe siècles, permirent la pénétration des Blancs au cœur du continent et l’essaimage de comptoirs le long des Grands Lacs ontariens, jusqu’à la fondation de la colonie de la rivière Rouge, futur Manitoba.

Depuis le 21 juin 2005, jour de sa cérémonie de renaissance, le petit peuple de la Boréalie, protégé par l’Ours sacré, est sorti de sa ouâche (tanière) pour dire à la face du monde qu’il n’entend plus faire partie des oubliés de l’Histoire. Ceux que les Recensements de 1851 et 1861 rejetèrent dans l’ombre en tentant de les assimiler aux Indiens des réserves ou aux colonisateurs blancs – et cela, pour ne pas avoir à reconnaître qu’ils étaient les véritables bâtisseurs du pays.

Grâce à cet ouvrage, les Métis de l’Est et de l’Ouest célèbrent de nouvelles retrouvailles. Le 8 novembre dernier, Russel Bouchard a été nommé « historien officiel » de l’Union métisse Est-Ouest et a également reçu des mentions d’honneur du Forum Francophone international (section Québec) et de la Société des Amis de Voltaire (Ain, France), laquelle n’a pas hésité à le comparer à cet illustre combattant de la plume.

Ismène Toussaint
Auteure et membre de l’Union nationale métisse Saint-Joseph fondée par Louis Riel en 1884

N.B. Les œuvres de Russel Bouchard, dont La Longue marche du Peuple oublié…, sont disponible chez l’historien, aux Editions Chik8timitch-Saguenay, 33 rue Saint-François, Québec, Chicoutimi, G7G 2Y5. Pour plus d’informations, consulter le site Internet Le Peuple métis de la Boréalie, www.metisborealie.blogspot.com

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Cher Russel,

Ce texte d’Ismène Toussaint est probablement la critique la plus fidèle que l’on ait pu faire de votre œuvre et de votre travail en tant qu’historien. Mais il y a plus dans ce texte. C’est un hommage à l’homme, à sa démarche personnelle et identitaire qui s’inscrit toujours par rapport au groupe humain que constituent les Métis de tout le pays. C’est un voyage dans le temps ou le groupe se retrouve et où chacun d’entre nous chemine comme si l’histoire avait été écrite pour lui. Personne à mon sens n’a fait autant pour l’unité du groupe que nous sommes depuis la naissance de notre peuple, quelque part en Amérique, il y a environ 500 ans.

Je joins ma voix à celle de Mme Toussaint et à tous ceux et celles qui partagent sa passion pour vous féliciter et vous remercier.

Richard Harvey
Métis du Clan Lac-St-Jean/Piékouagami (CMDRSM)

Anonyme a dit...

Merci pour ce commentaire.

C'est apprécié.

Russel