jeudi, juin 29, 2006

Approche commune : rendez-vous raté avec l'histoire

« Approche commune : Picard envoie de l'huile sur le feu !
Carol Néron, Le Quotidien, 29 juin 2006

Raphaël Picar envoie un fort mauvais message aux Québécois croyant toujours dans les vertus de l'Approche commune, malgré les menaces que cette négociation fait peser sur les économies des collectivités blanches, et ce, même avant la signature d'un traité officiel. Directement concerné par l'isue de ce débat, le Saguenay–Lac-Saint-Jean trouve quant à lui une nouvelle raison de s'inquiéter

La poursuite de 11 milliards $ que le chef innu de Pessamit (auparavant Betsiamite), sur la Côte-Nord veut intenter contre le gouvernement québécois fait mal paraîtrel'ensemble de la communauté à laquelle il appartient.

Comment peut-on oser croire, ou même espérer, que la conclusion d'un traité sera à l'orifgine d'une ère nouvelle dans les relations avec les Autochtones, quand l'un des leurs parmi les plus influents n'hésite pas à renier sa propre signature, apposée au bas d'un document dont l'encre n'est pas encore sèche ?

[...]

La voie empruntée par Raphaël Picard, ne laisse aucun choix aux Blancs. Ils doivent exiger l'imposition d'un moratoire sur l'ensemble du processus relié à la négociation du Traité de l'Approche commune. Le temps que la requête soit entendu ou qu'un tribunal tranche définitivement dans le débat »




Chicoutimi, le 29 juin 2006
Russel Bouchard à Carol Néron

Mon cher Carol,
À propos de ton édito de ce matin (Le Quotidien) portant sur les abus du chef ilnut, Raphaël Picard, et l'Approche commune. Note presque parfaite ! Je dis « presque », parce que je suis d'avis qu'il aurait été davantage convenable de ne pas réduire aux seuls « Blancs » le droit des autres qui sont méprisés dans cette affaire. En soulevant ce point, je songe à tous, ce qui n'exclut personne, mais plus spécifiquement aux Métis qui luttent durement pour leur dignité, pour leur survie et pour la reconnaisse officielle de leur existence.

« La voie empruntée par Raphaël Picard, écris-tu, ne laisse aucun choix aux Blancs. Ils doivent exiger l'imposition d'un moratoire sur l'ensemble du processus relié à la négociation du Traité de l'Approche commune. Le temps que la requête soit entendu ou qu'un tribunal tranche définitivement dans le débat ». Depuis le temps qu'on en cause, j'ai soulevé de toutes les manières possibles ce problème ethno-constitutionnel qui heurte des principes fondamentaux du droit humain dans le dossier ténébreux de l'Approche commune (celui de l'égalité des droits et des chances). Et j'ai fini par comprendre qu'il n'y a qu'une seule façon de régler honorablement, pacifiquement et ad vitam aeternam ce problème récurrent et endémique propre au Canada. Il n'y en a pas d'autres, car la raison a tiré sa révérence depuis longtemps dans cette affaire, ou plutôt cette dérive favorisée par l'incapacité de nos politiques à comprendre les rouages qui font se mouvoir les sociétés humaines. Pour y arriver, le passage obligé est incontournable : on ne peut faire autrement que d' intervenir par le biais de l'article 35 de la Constitution et obliger tout ce beau monde à comprendre qu'il y a une solidarité humaine qui n'en écarte aucun et qui est à la base de la construction de ce pays, et que ceux qui brandissent le statut d'«Indiens» dans le but efficient d'en tirer profit pour eux, sont loin d'être seuls à détenir des droits ancestraux constitutionnels sur le territoire.

Si on veut couper court à cette dérive sociétale qui risque de pousser à bout la tolérance populaire, il faut remettre le pendule de ce pays —la fraternité— à l'heure de l'humanité et remettre à l'ordre du jour le principe universel voulant que tous et toutes sont égaux en droits et en chances. Et, selon ce que j'ai cru comprendre des ressorts qui règlent la marche des sociétés humaines, le seul levier constitutionnel et légitime qui peut, à ma connaissance, permettre ce redressement, passe par la reconnaissance des Métis, et, idéalement par celle des Canadiens français, des autochtones tout aussi injustement méprisés pour ce qu'ils sont dans ce pays. À tout peser, je ne suis pas tout à fait insensible à l'idée voulant que la résurgence du fait Métis, non seulement au Saguenay–Lac-Saint-Jean–Côte-Nord mais dans tout le Canada, s'explique, partiellement, par un réflexe de survie propre à chaque société humaine qui meuble l'esprit de notre univers.

Avec mes considérations et l'esprit de ma plus sincère fraternité,

Russel Bouchard
Le Métis

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