dimanche, mai 04, 2008

Les « Gens Libres » de la Shipshaw, premiers occupants de Falardeau *

Une famille métisse du Lac-Cair, au nord de Chicoutimi, vers 1950. Selon la Loi de 1850, dans le Bas-Canada et le Québec actuel les « Sauvages » comprennent les Indiens, les couples Métis qu'on appelle également « Bois brûlés » et « Gens libres », et toute leur descendance.


Depuis des temps immémoriaux, la rivière Shipshaw a été utilisée comme voie de pénétration permettant aux Indiens, aux missionnaires et aux coureurs des bois d’accéder au lac Onatchiway et à cet arrière-pays mystérieux. Au début des années 1880, deux ou trois familles montagnaises (les familles Xavier, Joseph et Charlish) viennent s’installer périodiquement non loin de la chute aux Galets. Ces gens, raconte l’ancêtre Jean-Baptiste Petit (R. Bouchard, 1996, 354-355), « sont campés sur un des plus beaux sites que l’on puisse imaginer. La rivière [Shipshaw est] très large et parsemée d’îles et d’îlots, les uns couverts de bois vert, et [les] autres [avec uniquement] de l’herbe et des rochers ». Ils campent là pendant l’été, alors qu’au cours de l’automne, ils remontent dans leur territoire de trappe, situé à la tête de la rivière Shipshaw, dans les secteurs des lacs Onatchiway et Pamouscachioui.

Au début des années 1930, lorsque arrivent les nouveaux colons dans le canton Falardeau, le gouvernement leur attribue des terres à la « Pointe des Indiens », le long de l’actuel réservoir du «lac» Saint-Sébastien. Au fil des ans, ces Métis montagnais vont se mêler aux colons qui épousent quelques « Indiennes », perpétuant ainsi la lignée des Xavier et donnant naissance à celle du Métis “Jules Tremblay”.

Lors d’une visité effectuée chez les Xavier, (Le Soleil, 22 juin 1961), Clément Dufour, un traiteur de fourrures bien connu à Chicoutimi, rapporte que cette famille l'a reçu sourire aux lèvres, le teint cuivré, la joie au coeur. Ces gens vivent là, tant bien que mal, tantôt sous la tente qu’ils semblent trouver plus confortable l’été, tantôt dans une modeste cabane construite par les citoyens de Falardeau. Pendant que les hommes se rendent à la chasse ou montent dans les chantiers forestiers de la Price Brothers & Co., « les femmes s’adonnent à la pêche dans le lac St-Sébastien qui, parait-il, regorge de brochets ». En 1998, des descendant de la famille Xavier habitent toujours sur la propriété ancestrale, sur les rives du lac Saint-Sébastien.

Russel Bouchard

—————————
Référence : Ce texte a été tiré de la brochure titrée « Saint-David-de-Falardeau - de l'eau, de la terre et des hommes », textes de Russel Bouchard publiés en 1998 pour le compte de la municipalité de Saint-David-de-Falardeau.

* La municipalité de Falardeau est située à une vingtaine de kilomètres, au nord de Chicoutimi.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Très intéressant.
C'est étrange, je n'ai jamais appris l'histoire de notre région de cette manière de voir. Les métis, franchement, je n'ai pas grand souvenir à ce qu'on nous en parlait tant que ça, probablement parce qu'on ne nous en parlait pratiquement jamais, justement.
Je trouve très beau ce vous écrivez, c'est très humain, et l'illustration est belle aussi.

Anonyme a dit...

J'ai été très émue hier lorsque j'ai lu votre billet sur Falardeau. Shipshaw, le Lac-Clair, Onatchiway, Chute-aux Galets, des noms très évocateurs pour moi. C'est toute une partie de ma vie que vous avez évoquée en l'espace de quelques lignes. Merci!

Vous savez que Falardeau faisait partie de Saint-Honoré autrefois. Je me souviens avoir assisté très jeune à des dicussions sur la séparation des deux paroisses. Je me souviens très bien de ces réunions à notre maison à Saint-Honoré. J'ai des oncles qui habitaient Falardeau et qui y ont participé activement. L'été, le dimanche, nous allions au Lac-Saint-Jean dans la famille de mon père et la semaine suivante, nous allions à Falardeau visiter notre parenté du côté de maman.

Je me souviens surtout de Monsieur Xavier qui arrêtait à notre magasin général qui était le lieu de correspondance de « la ligne » pour Falardeau. Je ne savais pas qu'ils étaient Métis, mais nous disions qu'ils étaient Indiens et ils me facinaient. Mon père allait leur livrer de la marchandise; je me souviens l'avoir accompagné à quelques reprises. Cette tente blanche qu'il y a sur la photo, je l'ai vue de mes yeux vus. Je me souviens aussi qu'ils achetaient de la « flase », vous savez ce fil à broder de différentes couleurs. Maman qui était une brodeuse experte, et moi aussi dans le temps, mais je ne saurais plus, nous disait que les Indiennes brodaient de manière extraordinaire. J'ai conservé précieusement dans mon panier à ouvrage, une de ces couettes à broder; elle est verte. Je n'ai jamais pu m'en défaire. Elle a de l'âge; elle doit avoir au moins 50 ans. J'adorais la broderie et j'étais habile.

Enfin, je vais me taire parce que certains croiront que j'ai 100 ans.

Marie Mance V