mercredi, novembre 15, 2006

Métis et métis, une majuscule qui fait toute la différence ! Coupons court de suite à la banalisation des premiers dans la confusion du rien du tout

Une dernière lettre pour fermer ce dossier ; celle de notre concitoyen Richard Harvey (CMDRSM) adressée à M. Albert Salon (FFI)


Monsieur Salon,
Je vous remercie de l’attention que vous nous portez. Aussi me permettrez-vous de soumettre ces éléments à votre attention en guise de réponse, bien incomplète j’en conviens, mais qui n’en constituent pas moins une tentative honnête pour clarifier un tant soit peu, notre "distinction".

Je ne suis pas de ceux qui banalisent les différences au point de les éteindre. Je ne suis pas ce « québécois » que vous semblez chercher en moi, ni ce Canadien ostracisé systématiquement par les différentes factions nationalistes qui se réclament de tous les métissages de la planète sauf de l’anglo-saxon « Canadian » bien sûr, qu’ils considèrent comme une tare, et qui se trouve dans la grande majorité des lignées généalogiques dites de « souche » au Québec et même ailleurs ; je suis simplement Métis. Métis dont les droits ancestraux et territoriaux sont garantis de protection, selon le sens de l’article 35 de la loi constitutionnelle canadienne confirmés par la jurisprudence du droit autochtone canadien. Je suis du même bord que Max Gros-Louis, chef de Wendake, que Gilbert Dominique, chef de Mashteuiash et que Ghislain Picard Grand Chef des premières Nations du Québec. Je ne suis ni québécois, ni canadien. Je suis Métis! Est-ce que ce sera pire parce que c’est moi qui l’affirme aujourd’hui ? Sans doute puisqu’on veut nous ( les Métis de la CMDRSM) faire porter l’odieux de l’échec de la mise à mort des peuples fondateurs de ce pays. Sans doute aussi parce que nous refusons de mourir pour que naisse l’Autre, cette utopique nation civique rêvée par les néo nationalistes québécois particulièrement depuis le dernier échec référendaire.

Elle est là la frontière entre un Métis et un non-Métis monsieur, pas ailleurs. Se proclamer Métis c’est prendre conscience que nous sommes un peuple avec une culture « distinctive » avec des droits que d’aucuns voudraient voir s’éteindre à tout prix. C’est refuser de s’en remettre encore une fois à ceux qui nous ont trahi deux fois plutôt qu’une, ces politiciens, ces clercs, ces idéologues institutionnalisés, ces élites médaillés de l’histoire sociale et tous ces « honoris causa » patentés qui sont entrés dans le vingt-et-unième siècle à reculons. Les Métis sont des gens pacifiques, conscients du caractère universel de la différence, qui respectent ce principe, qui entendent être respectés en vertu de ce même principe, et qui sont systématiquement pour l’égalité des chances pour tous, dans le respect de la différence de chacun. Quoi dire de plus ?

Que nous sommes francophones ? Bien sûr que nous le sommes. Et cet attachement – cet amour devrais-je dire- que nous avons pour notre langue est inconditionnel. Par delà les idéaux politiques, économiques ou sociaux nous sommes et demeurons solidaires de la francophonie. Nous n’avons à ce titre que faire d’une « francophilie » frileuse, typiquement « montréaliste » et hyper tolérante qui semble être devenue l’apanage des partisans de la nation civique où la sommes de tous les droits individuels semble primer sur l’intérêt du plus grand nombre. Très peu pour nous encore monsieur ! Nous ne sommes pas flous, pas une machine à diviser mais une réponse, tout au moins une alternative entre le « Nous » québécois et le « Nous » distinctif.

Nous sommes un « peuple » distinctif. Nous sommes conscients, nous, que d’autres le sont aussi ! Nous souhaitons que d’autres le soient. Ce sera d’ailleurs de plus en plus dans le monde un objet de revendications dominant qui au contraire de ce que vous affirmez, nous distinguera tous autant que nous sommes pour le meilleur de l’humanité, dans la dignité, la fraternité et la liberté.

C’est du moins ce que je nous souhaite.
Respectueusement,

Richard Harvey, Métis

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