vendredi, mars 02, 2007

Élections Québec — Indiens, Métis et Inuits se plaignent d'être tenus à l'écart

Élections Québec
Le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard.
Presse Canadienne (PC)
© Jacques Boissinot (PC)

Pas question pour les autochtones d'accepter d'être tenus à l'écart de la présente campagne électorale. Pour la première fois de son histoire, l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) intervient dans le débat et presse les divers partis politiques de les prendre en considération et de cesser de faire comme si les autochtones n'existaient pas.
«Je comprends que les plateformes électorales évitent cette question de peur de perdre des appuis, mais en même temps, c'est une question qui tôt ou tard va les rattraper», a averti le chef de l'APNQL, Ghislain Picard, jeudi en conférence de presse.

«C'est notre rôle de faire en sorte que ces questions soient incontournables», a averti M. Picard avant de faire référence à une époque où les tensions entre autochtones et non autochtones, à Oka et Kahnawake, avaient été particulièrement vives.

«Si on n'a pas appris de 1990, dans le cadre d'événements que nous avons tous considérés comme malheureux, pas très loin d'ici, si on n'a pas appris des nombreuses manifestations organisées par un certain nombre de nos communautés au cours des 25-30 dernières années, il y a très certainement des questions sérieuses à se poser», a-t-il dit.

«On a constaté que les partis politiques, un après l'autre, ont produit leur plateforme et qu'il n'y a aucune référence sur la question qui nous intéresse. On nous a placés devant un non-choix. Il faut rappeler aux partis politiques en présence que les questions qui intéressent les Premières Nations se doivent d'être abordées dans la présente campagne», a-t-il ajouté.

«J'entends ces jours-ci les chefs de tous les partis promettre des décentralisations et des régionalisations. Or, il est trop facile d'être généreux avec des terres et des ressources que les Premières Nations n'ont pas cédées», a fait valoir le chef de l'APNQL.

À son tour, le chef des Innus de Betsiamites, Réjean Picard, a fait sentir que la patience des autochtones était à bout.

«Quand on somme pour la dernière fois, il faut que ça soit très bien compris. Ce n'est pas une menace», a-t-il lancé.

«L'assemblée est un organisme de concertation et de cohésion politiques entre les chefs basée sur le volontariat. Il est fort probable que cette cohésion et que cette harmonie d'être ensemble pour des objectifs communs cessent et que les moyens qu'on utilisera éventuellement pourraient être différents», a-t-il ajouté.

«Même si nous ne participons pas à la vie démocratique québécoise, parce que nous considérons que ce n'est pas notre gouvernement, nous voulons que ce gouvernement-là nous donne l'heure juste sur les questions que l'Assemblée des Premières nations du Québec-Labrador aura à lui poser», a-t-il renchéri.

L'APNQL invite les leaders des cinq principaux partis en lice à participer à un débat, vers le 20 mars, pour discuter des questions autochtones.




Réaction d'un Métis de la Boréalie

Ce qu’il faut comprendre de la sortie de Monsieur Picard et des Chefs de l’APNQL, c’est que les enjeux de l’autochtonie ne se situent pas au niveau politique (ou si peu), ils sont effectivement à l’abri du débat idéologique – c’est vrai pour les Métis, et ça risque d’être vrai bientôt pour les Indiens et les Inuits- mais bien au niveau juridique. Ainsi tous les partis politiques qui vous parlent de décentralisation, de régionalisation, d’exploitation des ressources du territoire et de régime territorial vont devoir négocier les conditions d’application de la juridiction du Québec avec les autochtones sur ces territoires dont ils sont (les Indiens, les Inuits et les Métis) détenteurs des titres fonciers (articles, 35 et 25 de la Constitution canadienne).

Concrètement ce sont eux les vrais propriétaires des territoires sur lesquels les gouvernements ont des visées de développement. TOUS les chefs des partis prétendant au pouvoir vous cachent cette vérité depuis très longtemps. M. Picard ne fait que mettre en garde les québécois contre les risques inhérents à l’obscurantisme et au militantisme aveugle. C’est sûr que ça va rattraper tout le monde et les Indiens au premier chef qui commencent à se rendre compte que le débat politique est futile et oiseux. Ils vont devoir inévitablement faire comme les Métis et demander aux tribunaux de trancher !

Richard Harvey,
Métis

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Si monsieur le Grand chef Picard et ceux qu'il représente ne sont (ou ne se veulent) pas québecois ni canadiens, ils profitent pourtant des largesses de ces gouvernements, et ils s'appuient sur leurs lois, dont la Constitution canadienne, pour être ce qu'ils sont.
La Constitution, elle s'applique aux Canadiens, n'est-ce pas? Et les lois, de même. Quand on ne participe pas à la vie canadienne comme canadien, mais plutôt comme un quelconque étranger, on n'a pas à s'appuyer sur ses lois et sa Contitution pour nous protéger.
Je veux en venir au fait que les démarches amérindiennes tournent en rond tant et aussi longtemps qu'ils se considéreront étrangers à notre pays, qu'ils ne participeront pas aux élections, etc..
Moi, j'ai de la difficulté à comprendre comment quelqu'un qui ne se dit pas canadien puisse se baser sur des lois canadiennes, et la Constitution canadienne, pour le protéger, en cour.
Je ne pense pas qu'avoir le statut d'Indien signifie qu'il a droit de ne pas être canadien tout en profitant de tous les droits des canadiens, en plus de protections supplémentaires, parallèles à celles des canadiens ordinaires.
En fait, je me demande même si ce ne serait pas, pour eux, une tactique pour nous soustraire d'autres choses, comme des territoires, par exemple. En ne se disant pas canadiens, ils se posent comme un ensemble de gens à part, qui n'ont pas à partager avec les autres canadiens - car s'ils étaient de vrais canadiens, ils devraient partager avec les autres canadiens, n'est-ce pas?
Leur subtile logique de renard va être débusquée un jour ou l'autre, ça fait un temps ces petits jeux, ça ne peut pas durer tout le temps. Ils devront choisir, s'ils ne veulent vraiment pas être canadiens, ça va leur prendre un vrai pays, qu'ils protégeront eux mêmes, à l'ère des armes de destruction massive épouvantables, inimaginables, en plus de faire vivre leur peuple eux-mêmes, aussi. Ça, c'est la vraie réalité.