mercredi, mars 15, 2006

Les Métis de la Boréalie placés sous haute surveillance

N'en perdez pas un mot, l'affaire est aussi complexe qu'équivoque, et concerne directement le peuple métis du Québec... à défaut d'être impliqué dans cette démarche qui le concerne au premier chef. Voilà de quoi il retourne : le « Fond de recherche sur la société et la culture du Québec », en collaboration avec le « Secrétariat aux affaires autochtones », le « ministère des Ressources naturelles et de la Faune », le « Bureau de l’Interlocuteur fédéral auprès des Métis et Indiens non inscrits », le « Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture », et le « ministère de la Justice du Québec », ont entrepris, en mars 2005, de faire appel à un collège de spécialistes pour tâcher de faire le tour de la question métisse au Québec. Ce dossier fait suite aux plus récents jugements de la Cour suprême du Canada (Powley et Haïda) et met évidemment le gouvernement du Québec dans l'eau chaude avec la question autochtone, les projets de traité et les droits ancestraux versus le titre aborigène.

Présageant du pire et fort inquiet des revendications métisses, déjà obligé de considérer leurs droits en vertu du jugement Haïda (2004), le gouvernement du Québec a donc mis 142 500$ sur la table afin « de répertorier, d’identifier et de décrire, pour les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de l’Abitibi-Témiscamingue, les communautés métisses historiques qui correspondent aux critères établis le 19 septembre 2003 par la Cour suprême du Canada dans la cause R. c. Powley. » Dans son appel d'offre, le gouvernement demande aux chercheurs : 1- de « vérifier s'il y a eu ethnogenèse d'une ou de plusieurs communautés métisses historiques » dans ces deux régions ; 2- le cas échéant, de « vérifier si leur cohésion culturelle s'est maintenue depuis leur ethnogenèse jusqu'à aujourd'hui » ; 3- de « repérer le (s) moment (s) dans l'histoire où la couronne a établi sa mainmise effective sur ces régions » ; et, 4- de « spécifier si les phénomènes d'ethnogenèse, le cas échéant, se sont produits avant ce moment ».

Pour faire ce travail devant s'échelonner jusqu'en 2008, le gouvernement, qui n'a pas lésiné sur la grosseur du morceau de fromage, a donc retenu les services d'un groupe de chercheurs de l'Université Laval, dirigé par M. Laurier Turgeon, professeur et titulaire d'une Chaire de recherche. Il aura comme assistants : Alain Beaulieu (UQAM), et Denys Delage (U.L.), prof. d'histoire autochtone ; Jan Grabowski, de l'Université d'Ottawa ; Gilles Havard, un lointain cousin français de l'École des Hautes Études et des Sciences sociales... Paris ; Ghislain Otis, professeur spécialisé en matière de droit autochtone ; et Martine Roberge, responsable de la Chaire de M. Turgeon.

En ce qui me concerne, rien à redire sur les lettres de noblesse de ces chercheurs qui jouissent d'ailleurs d'une très bonne réputation en leur science et en leur art. Certains d'entre eux sont même franchement bons et s'imposent comme des points de références incontournables en histoire amérindienne. Au niveau du Droit, les récents travaux de M. Otis ne sont pas dépareillés également. Côté professionnel, le vin relève d'un très bon cru. Ce qui ne veut pas dire pour autant que tout tourne rond dans cette affaire. Quand quelqu'un, qui est étranger à mon intimité et qui n'est pas partie prenante de ma réalité au quotidien, se donne comme mission de définir ce que je suis en faisant de moi une bête de laboratoire placé sous sa lentille, vous me permettrez d'avoir les oreilles dans le crin !

On ne m'en voudra certainement pas de nourrir une certaine méfiance, en tant qu'historien, quand je vois que le gouvernement du Québec, le ministère de la Justice et le milieu universitaire s'acoquinent dans un projet de recherche pour établir les « paradigmes » (sic !) d'une réalité historique appelée à leur donner du fil à retordre sur le plan constitutionnel. On ne me reprochera certainement pas non plus, en tant que Métis, de déplorer le fait que ce comité d'experts se soit abstenu de faire appel à des chercheurs de la Boréalie, qui vivent au quotidien cette réalité métisse et qui sont bien au fait des sources orales, archivistiques et historiques les concernant. Raison de plus de se méfier, si ces mêmes spécialistes ont fait leur bonne renommé dans des travaux richement subventionnés et attachés à la cause indienne ; dans des travaux voués à défendre les revendications exclusives des Indiens, qui n'entendent pas faire de place aux Métis ; dans des travaux où on se demande comment ils vont faire pour tirer des conclusions qui risquent de les placer en contradiction et en conflit d'intérêts avec leurs écrits et leurs contrats de recherches antérieurs ?

Gouvernement, Justice et Histoire, voilà un mariage à trois dont on ne saura jamais de qui est réellement l'enfant qui en sortira...

Russel Bouchard
Le Métis

6 commentaires:

Anonyme a dit...

je me permet de publier pour vous ce pertinent commentaire de M.Pierre Montour:


Les recherches actuelles sur l'existence des Métis au Saguenay, Lac Saint-Jean et Côte-Nord, de même qu'en Abitibi-Témiscamingue, s'inscrivent dans une logique de recherches initiées par Justice Canada des communautés métisses en Canada.

Ces recherches présentent toutes le même défaut : des employés du gouvernement canadien ont identifié des sources primaires et secondaires sur lesquelles les chercheurs universitaires doivent se pencher pour vérifier l'existence ou non des Métis.

Autrement dit, si les sources d'antan n'ont pas identifié de Métis et leur culture distincte, les chercheurs conclueront à leur non existence.

Au Québec et dans l'Est du Canada, c'est sont les représentants de l'Église catholique qui ont écrit et enseigné l'Histoire du Canada françcais. Or, à partir de 1850, ces derniers ont nié l'existence des Métis avec la véhémence de la foi.

De là à conclure que les recherches actuelles ne donneront rien, tel qu'elles ont été conçues, il n'y a qu'un pas.

18 rapports ont été livrés à ce jour à Justice Canada sur l'existence des Métis en Canada.

Un seul groupe a eu la décence de conclure que les recherches doivent se poursuivre sur l'existence des Métis au Nouveau-Brunswick, en Gaspésie et dans le Témiscouata en consultant cette fois les personnes s'auto-identifiant Métis.

Quant à M. Alain Beaulieu, de l'UQUAM, il m'a avoué de vive voix ne rien connaître de l'histoire de l'Acadie. Or, le chercheur qui passe à coté des Métis de l'Acadie passe à côté des premiers Métis puisque ceux-ci sont à la base du peuple métis de l'Est du Canada. Ignorant des souches métisses, il ne pourra donc pas les identifier, identifier les mariages entre Métis et suivre les déplacements de leurs descendants.

Pierre Montour
Directeur général
Corporation métisse du Québec et l'Est du Canada

Anonyme a dit...

Comme toujours, c'est Juges et Parties.

Et nous pourrions ajouter que maintenant le gouvernement du Québec est aussi de la Partie. Pourtant, il devrait bien connaître ses nouveaux alliés dans ce dossier, depuis le temps qu'il réclame sa reconnaissance en tant que nation.

Ils essaieront de noyer le poisson.

Anonyme a dit...

Mais en quoi cela peut bien les affecter dans leur « science » et dans leurs intérêts, que nous nous sentions Métis, que nous en soyons fiers, et que nous entendions être en harmonie avec notre histoire, nos coutumes, notre culture et nos rêves ?! En quoi ?!?

Anonyme a dit...

Ce n'est un secret pour personne que l'élite souverainiste a tout mis en oeuvre depuis des années maintenant pour «désidentifier» les Québécois (Métis et Canadiens français) dont beaucoup, particulièrement chez les jeunes, n'y croient plus. Ils sont maintenant devenus des «internationaux» avant même de savoir ce qu'ils sont. L'identité est devenue un sujet tabou, au même titre que la langue française.

Voilà ce qui les dérange.

De plus, ils craignent la partition, la balkanisation du territoire et ses conséquences qu'ils ont eux-mêmes mis en place.

Voilà ce qui les dérange aussi.

Ils craignent que trop de Québécois se réclament de métissage.

Voilà ce qui les dérange.

De plus, ils craignent les immigrants.

Voilà ce qui les dérange.

En fait, nous avons à faire avec des peureux congénitaux et filous. Ils ont vendu leur âme.

Anonyme a dit...

Ils n'ont plus d'âme. Le projet de la souveraineté n'est plus qu'un réflexe. Un réflexe de mourant...

Anonyme a dit...

Les gouvernements canadien et québecois ne pourront pas continuer
à entretenir un génocide par omission.Il est une réalité,
qui est celle du Peuple Métis en terre d'amérique dont l'existence a prit naissance bien avant l'établissement du gouvernement francais en amérique.
Si ce pays que l'ont nomme le Canada,VIE c'est que ses premier soufles d'existence ont été porter par le (sacréfice)de tout nos ANCÈTRES MÉTIS,qui l'ont parcourut d'un bout-à-L'autre et y ont laisser des DÉCENDANTS PARTOUT.
Alors je répondrais a tout ces (Bien pensant)subventionner NOUS SOMMES VIVANTS,NOUS SOMMES UN PEUPLE.
JP.Okwari,Métis
Communauté de l'est du Canada.