jeudi, février 23, 2006

Benoît Bouchard et l'Approche commune, plus mêlé que ça tu meurs !...

Richard Harvey
à Louis Arcand, CHRL radio, Roberval

Monsieur Arcand
Votre entrevue avec Benoît Bouchard le 18 de ce mois sur la renaissance de l’Approche commune avait quelque chose de singulièrement pathétique. C’était du réchauffé! Pauvre Benoît qui empoche les sous des contribuables à débiter sa leçon mal apprise comme un premier de classe qui a besoin de toute l’indulgence du monde pour le demeurer! Pauvre dinosaure de la diplomatie qui se croit obligé d’opiner, sous votre insistance, à toutes les infamies et les bassesses de cette époque en déclarant tout net et sans vergogne qu’une mauvaise entente avec les Innus vaut mieux que n’importe quel procès!

Avez-vous pensé un instant à l’énormité de cette déclaration? C’est là nier le fondement même de notre société basée sur le droit. C’est nier l’esprit même des principes humanistes qui sous-tendent les constitutions de toutes les grandes démocraties modernes. C’est ouvrir la porte à tous les excès dont sont capables les politiciens et les ambitieux de ce monde au détriment du bien commun! C’est de cette façon que naissent les conflits les plus insidieux et les plus cruels; et l’histoire récente nous en donne la preuve tous les jours! Je suis sincèrement déçu de constater que cette histoire ne vous ait rien appris à vous aussi qui en entendez l’écho chaque matin! Un droit existe ou il n'existe pas, c'est tout. Les tribunaux existent justement pour éviter la censure, (voire la bigoterie) et jalonner l'application du droit dans l'intérêt du bien commun. Si une entente peut exister c'est tant mieux! Elle doit cependant correspondre aux critères de justice naturelle et satisfaire les parties. C'est à cette seule condition qu'elle devient acceptable!

Il est grand temps que nous parlions des vraies affaires dans ce dossier. M. Bouchard ne connaît strictement rien au droit autochtone et est manifestement dépassé par les événements. À la retraite définitive ça presse!

Mais comment donc empêcher ces baudets d’ânonner à tous vents!

Richard Harvey, L’Ascension, membre de la Communauté Métisse du Domaine du Roy et de la Seigneurie de Mingan.



NOTE de la maison :
Cette lettre se veut la réplique de Richard Harvey (Métis) aux propos tenus le 18 février dernier par Benoît Bouchard, qui a déclaré, à l'émission radiophonique matinale animée par Louis Arcand (CHRL ROBERVAL)... qu'il était préférable de signer une mauvaise entente avec les Ilnutsh que d'aller en procès contre eux. Incroyable (sic) ! Il est important de rappeler à nos lecteurs que M. Benoît Bouchard (rien en commun avec moi, Dieu soit béni !) est sensé représenter les intérêts des allochtones régionaux dans le dossier de l'Approche commune. Imaginez, ce Monsieur est mandaté par le gouvernement Charest pour être le trait d'union entre les promoteurs du traité et la population régionale qui n'a aucun autre moyen de se faire entendre en ses Parlements.

De la part d'un ex-minitre senior, le simple fait de débiter de tels âneries démontre à quel point ces gens, politiques autant que négociateurs gouvernementaux et avocats, méconnaissent les ressorts juridiques fondamentaux qu'ils sont en train d'actionner. S'il peut être préférable, parfois, dans une cause civile, de s'entendre hors cours pour éviter un procès (« mieux vaut une mauvaise entente que le meilleur des procès », dit-on alors), il faut comprendre par contre que, dans le cas de l'Approche commune, il ne s'agit pas de droits inviduels mais bien de... DROITS COLLECTIFS, ce qui est totalement différent.

Au cas où M. Bouchard (Benoît) l'aurait oublié, dans cette affaire il ne s'agit pas d'un procès où deux voisins se chamaillent pour une clôture mal placée, mais bien d'un traité où des gouvernements supérieurs décident à notre encontre —sans nous les Métis et les Canadiens français— d'accorder le titre aborigène (qui confère les titres du territoire, sapristi !) à 1,6% des nôtres. Quelqu'un peut-il expliquer à M. Bouchard (Benoît) la différence entre « droits individuels » et « droits collectifs »). C'est de deux choses l'une : où ce Monsieur est insconscient, et il n'a pas la compétence pour faire ce travail ; ou il en est parfaitement conscient, et il fait partie de cette cohorte de vendus qui essaient de nous en passer un autre par derrière (un sapin). Dans un cas comme dans l'autre, il est totalement inapte à faire le travail pour lequel il est engagé, mandaté, payé, et il faut demander son congédiement...

Russel Bouchard

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Monsieur Louis Arcand,
Directeur des opérations radio
Antenne 6, CHRL-Roberval

Je suis heureux que vous ayez répondu à mon commentaire de la semaine dernière car cela prouve que les ponts ne sont pas rompus entre nous malgré ma sévérité envers vous qui ne le méritiez sûrement pas autant que Monsieur Bouchard (Benoît). Car en somme c’est lui qui a accepté ce rôle de représentant des communautés – que l’on affuble du nominatif condescendant d’ «allochtones » - et c’est par conséquent lui le seul imputable de son arrogance et de son ignorance.

Vous soutenez quant même monsieur, et votre réponse le confirme, qu’une mauvaise entente avec les Innus est préférable à un recours juridique sous prétexte que de façon générale, les autochtones gagnent toujours leurs causes en justice. C’est de moins en moins vrai. Prenez le cas des Micmacs de la Nouvelle-Écosse et des Mohawks qui se sont fait déboutés ces dernières années et d’autres encore que j’ignorerai ici puisque ce n’est pas l’objet de ce commentaire. Soulignons plutôt comme facteur aggravant que depuis toujours, tous les procureurs, conseillers juridiques, avocats, lobbyistes voire négociateurs qui font partie de l’environnement juridique autochtone sont des blancs ( et qui plus est d’anciens ministres parfois! La traitrise n’ayant pas de limites semble-t-il)…qui ont pour la plupart et depuis toujours eu des intérêts et des motifs précis pour ce faire ($$$). N’oublions pas de souligner aussi que depuis toujours, les autochtones (Indiens) ont toujours été seuls devant la cour contre l’État dont les citoyens n’étaient jamais représentés pour plaider une contrepartie, des amendements ou des non-lieu. Enfin n’oublions pas non plus que dans le cas des Innus dans l’Approche commune, ceux-ci n’ont jamais eu à mettre en preuve devant quelque institution que ce soit leur liens historiques avec le territoire, leur occupation constante, ininterrompue et exclusive de celui-ci; ni même leur lien généalogiques, historiques ou culturels avec leurs communautés d’origine ( d’avant les premiers contacts). Ce sont là des éléments extrêmement sensibles et importants du droit autochtone ( Delgamuuk, Marshall, Powley etc.) qu’on a sciemment ignorés dans ce cas précis, ce qui constitue un précédent dans l’histoire légale des autochtones canadiens.

Nos gouvernements et négociateurs, pour éviter d’avoir à faire cette démonstration juridique – la preuve des gouvernements et des Innus étant trop faible pour avoir des chances de réussite devant les cours de justice! – ont tout simplement opté pour une reconnaissance politique totale, étayée par des études bidons, commandées à ces fins précises et réalisées par des professionnels plus soucieux d’être conformes aux diktats de la pensée unique($$$) que de la recherche pure et de la vérité; ce qui est loin de justifier le caractère constitutionnel et éternel de l’éventuel traité et ce qui est loin surtout de faire l’unanimité chez les ethnologues, les historiens et les généalogistes et autres intervenants concernés ou spécialisés en la matière.


Les gouvernements et les négociateurs ont donc volontairement occulté et trituré des pans majeurs de notre histoire ( un sacrilège en soi ) pour justifier l’exclusivité des privilèges en cause dans l’Approche commune. Notamment la présence sur ce territoire et ce, depuis les premiers contacts (1672), d’une communauté métisse historique (Chicoutimi) qui a occupé et développé ce territoire depuis cette époque jusqu’à nos jours et qui est représentée aujourd’hui par cette communauté métisse contemporaine du Domaine du Roy et de la Seigneurie de Mingan. Un organisme qui n’est pas qu’un groupe de pression comme certains pourrait le croire, mais une communauté de Métis dans toute la force du mot; tissée par les siècles, avec ses us, ses coutumes et sa culture particulière et distincte. Ces Métis de la grande région du Saguenay-Lac-St-Jean et de la Côte-Nord ont été reconnus par la cour Suprême du Canada comme des ayants-droits naturels et des autochtones à part entière en vertu de l’article 35 de la constitution canadienne de 1982, au même titre que les indiens et les Inuits et sont en mesure aujourd’hui, de démontrer à la face du monde leur authenticité et leur identité. On devrait donc, à défaut de leur rendre la même justice qu’à ces derniers eu égard à leur reconnaissance légale, politique et historique, avoir la politesse de les recevoir et de les entendre.

Les Métis du Domaine du Roy/Mingan ne demande rien de moins que cette même reconnaissance, le respect de leurs droits constitutionnels et leur place légitime à la table de négociations sur l’Approche commune dont ils sont partie prenante. Qu’on se dise donc que ce traité en devenir ne se fera pas sans eux! C’est l’essentiel de leur message!

Sur ce Monsieur Arcand je vous invite, si le cœur vous en dit évidemment, à réaliser une entrevue avec le chef de notre communauté M. Jean-René Tremblay afin de faire connaître les Métis à vos auditeurs et à les informer des tenants et aboutissants de nos revendications. Ce serait une excellente façon d’établir des liens et de favoriser une meilleure compréhension mutuelle.

Merci d’avoir eu la gentillesse de me répondre.

Amicalement,

Richard Harvey, Métis et membre de la CMDRSM.

p.s je vous signale que cette correspondance sera publiée en réseau sur le blog des Métis de la Boréalie et quelques autres.
_________________
R.H. Métis

Anonyme a dit...

Réponse de Louis Arcand à Richard Harvey au commentaire du 18 février.


Bonjour Monsieur Harvey,

Si j'ai pris beaucoup de temps a vous répondre, c'est par manque de temps.

Je suis étonné de votre réaction. Oui nous vivons dans une société de droit
et jusqu'à maintenant, tous les jugements favorisent les autochtones, alors
si........ alors la plus mauvaise des ententes vaut peut-être mieux
que.....

Pour ce qui est de Monsieur Bouchard, vous posez de très bonne question.....

Merci

Louis Arcand
Directeur des opérations radio
Groupe Antenne 6