vendredi, février 24, 2006

Les municipalités du Lac-Saint-Jean, à la remorque du pouvoir indien...

Cette enfilade est le résultat d'un échange courriel que j'ai (R.B.) eu ce matin, 24 février, avec M. Louis Arcand, journaliste et morning man vedette à CHRL radio Roberval, à propos d'une nouvelle passée inapperçue dans le dossier de l'Approche commune. Ce jeu de questions-réponses, associé aux nouvelles parues dans le journal Le Quotidien ces jours derniers, met en lumière la communauté d'intérêts très étroite qui existe entre les municipalités du Haut du Lac-Saint-Jean et les Ilnutshs de Mashteuiatsh, par opposition aux intérêts des municipalités du Saguenay dont la population autochtone, elle, est à fortiori Métisse.


Russel Bouchard
à Louis Arcand @
(CHRL radio, Roberval)
Chicoutimi, le 24 février 2006
Bonjour M. Arcand,
La semaine dernière la radio nous a informé que des municipalités du Haut du Lac, dont Roberval et St-Félicien, se sont unies dans un comité spécial pour suivre le dossier de l'Approche commune. Les journaux distribués au Saguenay n'en n'ont pas causé. Pouvez-vous m'informer sur cette affaire. Qu'en est-il au juste ? Et pourquoi ce silence chez nous ?
Merci
Russel Bouchard

Louis Arcand
à Russel Bouchard @
CHRL radio, Roberval, le 24 février 2004
Le journal le Quotidien a un nouveau journaliste dans le Haut de Lac. Ce dernier ne savait pas que cette nouvelle avait déjà été diffusé et a écris un texte la dessus dans l'édition de samedi dernier, texte repris par Radio-Canada le week-end dernier. Alors moi sur les ondes lundi, j'ai fait une entrevue avec Denis Lebel. Monsieur Lebel a nié l'information voulant qu'il demandait un siège à la table de négociation et s'est surpris qu'une nouvelle comme celle la fasse la manchette.
Louis Arcand
Directeur des opérations radio
Groupe Antenne 6À Louis Arcand @
(CHRL radio, Roberval)



Russel Bouchard
à Louis Arcand @
(CHRL radio, Roberval)
Chicoutimi, le 24 février 2006
Merci pour ce premier bout d'information. Eu égard à ce groupe d'intérêts, et dans cette suite, de quoi a-t-il été question la semaine dernière ? Quelle est l'objet de cette récente sortie publique ? Pourquoi ont-ils réagi ?
Merci
Russel Bouchard


Louis Arcand
à Russel Bouchard @
CHRL radio, Roberval, le 24 février 2004
Pour votre information,
C'est une veille nouvelle. L'an dernier l'Union des Municipalités du Québec, préoccupé des intérêts de ses membres avait mandaté le Maire de la Ville de Roberval, Denis Lebel pour « surveiller » les négociations. C'est une nomination plus symbolique qu'autre chose.
Louis Arcand
Directeur des opérations radio
Groupe Antenne 6



Russel Bouchard
à Louis Arcand @
(CHRL radio, Roberval)
Chicoutimi, le 24 février 2006
M. Arcand,
Je vais vérifier dans les journaux, car il est possible que ce texte du Quotidien m'ait échappé, même si je prends bien soin de tout ramasser et mettre en filière depuis un quart de siècle. Cela dit, vous voyez à quel point cette affaire et complexe et pavée de détails pointus qui font toutes la différence des choses entre la réalité (là où les politiciens travaillent), la fiction (là où Benoît Bouchard travaille) et l'interprétation (là où vous et moi travaillons en tant que journaliste et historien).

Ainsi, je vous éveille à ce détail qui n'en n'est pas un dans le dossier de l'Ashuapmushuan avec les propos de Mulclair ce matin, in Le Quotidien, qui indique sans le dire clairement —il porte des gestes au nom de son gouvernement et de l'État, c'est très important— que le gouvernement Charest est en train de réaffirmer sa souveraineté sur le territoire et les ressources naturelles (et Dominique n'a pas encore compris ce qui se passe), souveraineté que l'État québécois a perdu depuis la signature de l'Approche commune. C'est pas rien.

Si les allochtones (c'est-à-dire Vous) ne sont pas sortis du bois, comprenez que les Indiens ne le sont pas plus et qu'ils sont sur une voie d'évitement. Car il y a maintenant les Métis, incontournables, par l'article 35 et les jugements de la Cour suprême. Et si les Indiens ne veulent pas comprendre que c'est en se joignant à eux qu'ils vont avoir leur traité, ils sont perdus, ils n'auront que l'illusion d'un traité, qu'une signature au bas d'un document qui ne voudra plus dire grand chose. La question est maintenant de savoir : que veulent-ils au juste ? Veulent-ils tout ? Ou veulent-t-ils récupérer la part des prérogatives qui leur revient de bon droit ? Faudra poser la question à M. Dominique puisque vous semblez très près de lui ?
Russel Bouchard


Louis Arcand
à Russel Bouchard @
CHRL radio, Roberval, le 24 février 2004
Je vous réponds pour une dernière fois ce matin. Gilbert Dominique est fâché.... c'est simple, il veut parler de Gouvernement à Gouvernement et je crois qu'il est choqué d'être relégué au simple poste de participant au comité annoncé.
Bonne journée
Louis Arcand



CONCLUSION DE RUSSEL BOUCHARD
L'article en question est signé Louis Potvin et a été effectivement publié dans « Le Quotidien » du 11 février 2006, sous le titre « Centre écologique du Lac-Saint-Jean, la CRÉ appuie les Autochtones ». Il est dit, en gros, que l'avenir du Centre écologique de l'endroit est entre les mains de la communauté de Mashteuiatsh et que la Conférence régionale des élus du Haut du Lac (la CRÉ) accepte d'épauler les Autochtones pour l'acquisition du bâtiment et pour son expertise. Première remarque me concernant, ces gens assimilent toujours les Indiens aux Autochtones alors qu'ils ne sont qu'un groupe d'autochtones pami les autres (qui sont les Indiens, les Inuits et les Métis) ; deuxièmement, ils ignorent les Métis au mépris de la réalité ethno-culturelle de la Boéalie ; troisièmement, cette région (entendons le Lac-Saint-Jean, en opposition au Saguenay) en est rendue à s'en remettre au pouvoir politique des chefs de Mashteuiatsh pour pouvoir tirer son épingle du jeu sur son propre territoire municipal. C'est l'aveu que le pouvoir des régionaux ne vaut que pour l'illusion qu'il permet d'entretenir...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Il m’apparaît clair que si le traité à venir respecte l’esprit de l’entente de principe sur l’Approche commune signée par les parties en 2003, cela ouvre une fenêtre évidente pour l’établissement d’un pôle de développement et d’activité économique sans précédent dans le secteur du Lac-St-jean ( entendons le haut du Lac ici). Mashteuiash deviendra vraisemblablement à court ou moyen terme la capitale économique de la grande région du Saguenay-Lac-St-Jean, reléguant Saguenay et sa région immédiate assez loin derrière avec très peu d’emprise ou d’influence sur le cours des choses. N’importe quel observateur ou néophyte en économie de développement peut prévoir cela.

Voilà pourquoi des municipalités comme Roberval et St-Félicien ont tendance à s’aligner sur les Innus tout en « tirant sur la couvarte » pour avoir leur part du gâteau. Les maires du haut du Lac ont pensé qu’il n’y aurait rien de changé après la signature d’un traité, et c’est là le problème. Les Innus savent qu’ils ont signé une entente qui leur reconnaît sans conditions les titres de propriété ( le titre abotigène) sur le territoire même visé par le projet du député Carl Blackburn et des gens d’affaires du milieu. La réaction du chef Dominique est légitime dans les circonstances et il est à prévoir qu’il n’en restera pas là!
Les élus du haut du Lac vont avoir des surprises et je crois que la lune de miel est terminée. Ils ont fait l’erreur de prendre les Innus pour des « potiches » comme ils le font d’ailleurs présentement avec les Métis. Bien heureux pour ces magouilleurs que le chef Raphaël Picard soit loin sur la Côte-Nord…!